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La playlist de Roselyne Bachelot

La nouvelle ministre de la Culture Roselyne Bachelot est une fan absolue de l'opéra.[© LIONEL BONAVENTURE / AFP]

Elle ne voulait plus entendre parler de politique, mais elle a cédé sur son péché mignon : la culture. Roselyne Bachelot, toute nouvelle ministre de la Culture du gouvernement Castex, semble à première vue éloignée des préoccupations et problématiques liées à ce secteur en France. Pourtant, entre ses activités passées dans des émissions de télé, à la radio, les livres qu'elle a publiés, et même un disque hommage à l'opéra français, c'est un domaine qu'elle côtoie depuis longtemps, à sa façon.

Et depuis sa nomination, les références à sa passion pour l'art lyrique et le répertoire classique refont surface, quand elle n'en parle pas elle-même, citant à l'envi la phrase de Nietzsche : «Sans musique, la vie serait une erreur.» Une belle occasion de lister ses œuvres favorites, jusqu'à dresser la playlist idéale de la nouvelle ministre de la Culture. L'occasion idéale  de réviser ses classiques pour les amateurs de grand répertoire, et pour les nouveaux adeptes, de faire leurs premiers pas à travers ces musiques inspirantes.

Georges Bizet, les pêcheurs de perles

Pour Roselyne Bachelot, c'est tout simplement le plus bel opéra français. En tout cas, un de ceux qui constituent «ce joyau incomparable qu'est notre opéra national, très souvent méprisé, même en France.» Car oui, Bizet n'a pas seulement composé «Carmen». Crée en 1863, il est inventé dix ans avant le chef- d'œuvre du compositeur, et on y retrouve déjà tout l'art du Français pour l'évocation et la mélodie. Des qualités particulièrement audibles dans le morceau «Au fond du temple saint», chanté en duo par les rôles de Nadir et Zurga. 

En bonus, une courte version chantée par la ministre elle-même, il y a 6 ans, sur le plateau de LCP : 

 

Giuseppe Verdi, Les vêpres siciliennes

Giuseppe Verdi, c'est la véritable histoire d'amour de Roselyne Bachelot. Celui dont elle peut dire au micro qu'il la «prend par les couilles», ou qu'il est le compositeur idéal pour un «dépucelage opératique». Et c'est d'ailleurs avec le compositeur italien, fervent défenseur de l'unité de son pays, qu'elle a ressenti son premier émoi d'opéra. A Vérone précisément, la cité romantique de Roméo et Juliette, lors du traditionnel et fameux festival d'opéra. Elle fut subjuguée par l'air «O tu Palermo», tiré de l'opéra «Les vêpres siciliennes», composé par Verdi, et donné pour la première fois à Paris en 1855. Une version à privilégier plutôt qu'une autre ? Pourquoi pas celle, certe ancienne, chantée en 1951 par la Basse (profonde selon les mots de la ministre) Boris Christoff dans la peau de Giovanni, au côté de la Callas (disponible chez Warner Classics) ? Si l'enregistrement n'est pas de première qualité, la puissance vocale du chanteur, sa gravité et et son intensité sont unique en leur genre.

J.S. Bach, la passion selon saint-jean

La ministre de la Culture, qui très tôt a chanté dans une chorale, garde un souvenir ému de cette œuvre de l'immense J.S. Bach, alors nommé compositeur à l'église St Thomas de Leipzig, et créée en 1724. C'est l'une des plus belles pages de l'histoire de la musique occidentale, le sublime aboutissement d'une tradition musicale voulant que l'on chante la Passion du Christ pendant la semaine sainte. Evidemment, nul besoin d'être chrétien, et même croyant, pour en ressentir toute l'émotion et la dramaturgie. On ne saurait trop vous conseiller de découvrir, ou réecouter cette œuvre dans la version donnée par le chef Philippe Herreweghe à la tête de son Collegium Vocale Gand. Coronavirus oblige, la version qu'il devait donner en public cette année a été enregistrée, et est encore visible gratuitement en vidéo ICI

gaetano Donizetti, la fille du régiment

Une preuve de l'attachement de la nouvelle ministre pour cet opéra-comique, crée en 1840 à Paris, alors capitale de l'art lyrique en Europe ? Elle a utilisé le nom de l'un de ses célèbres airs, «Salut à la France!», pour donner un titre à son album hommage à l'opéra français, sorti en 2016 chez Warner Classics. Le compositeur italien Donizetti, alors le plus en vue, offrira de nombreuses pépites à la France, comme l'avait fait avant lui Rossini. Très patriotique, sa «Fille du régiment» connaîtra un grand succès, et sera souvent chanté lors de célébrations de la nation, comme le 14 Juillet. De la vie, de la joie, des humeurs et du tempérament, c'est au final un opéra à l'image de Roselyne Bachelot.

hector berlioz, la damnation de faust

Œuvre romantique française par excellence, qui n'a rien à envier à celles de nos cousins germaniques (grâce entre autres, au texte symbolique du romantisme allemand de Goethe, traduit par Gérard de Nerval), elle regorge d'airs ou de passages remarquables (Marche hongroise, Ballet des sylphes, Menuet des follets). Pour Roseyne Bachelot, c'est la version chantée par le ténor allemand Jonas Kaufmann, unanimement reconnu comme l'un des plus grands de sa génération, qui fait référence, et notamment le fameux air de L'évocation à la nature : «Nature immense, impénétrable et fière». Elle avait été donnée à l'Opéra Bastille fin 2015, acclamée pour sa distribution, mais sifflée pour sa mise en scène. 

Franz Liszt, Rhapsodies hongroises

C'est l'une des rares œuvres préférées de la ministre qui ne soit pas vocale, et qu'elle connaît par cœur. Elle a découvert ces rhapsodies (grosso modo, des thèmes courts d'un seul tenant, souvent d'inspirations folkloriques,) du hongrois Liszt (1811-1886) grâce à son premier 33 tours, offert par ses parents lors de l'insurrection de 1956 à Budapest (Hongrie), contre le régime soviétique. Et pour couronner cette évocation de la Hongrie, c'est justement la version de 1956, interprétée par l'immense pianiste né là-bas George Cziffra (1921-1994), qu'elle affectionne. Un concentré d'énergie, interprété de manière virevoltante, à réveiller les morts.

Rhapsodies hongroises, Franz Liszt, par George Cziffra, EMI Classics

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