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Les meilleures BD de la rentrée

Malgré l'épidémie, la rentrée BD 2020 est riche et variée. [©DR]

Des femmes phosphorescentes, un homme à tête de bouc, Des chasseurs de fantômes, ou un périple de 4000 km en Amérique... La rentrée BD 2020 est aussi riche que passionnante. Et presque 100% garantie sans Covid.

Mon père, cet enfer, de Travis Dandro

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© Travais Dandro / Gallimard

L'histoire. A l'âge de 6 ans, Travis Dandro apprend que Dave, l'homme qui l'emmène jouer chez lui tous les week-ends, n'est autre que son père biologique. Il découvre également que celui-ci est héroïnomane, que sa mère - qui a refait sa vie avec un autre homme - est toujours amoureuse de ce père toxique capable également d'actes violents.

Pourquoi on a aimé. Ne vous fiez pas au dessin simpliste et à la bouille mignonne du jeune Travis et de ses petits frères, le propos est tout autre. Travis Dandro aborde son enfance marquée au fer rouge par un père violent et une famille paumée. En peu de mots, l'auteur parvient à faire entrer de plein fouet dans la tête d'un enfant terrorisé par son entourage, qui s'accroche à son enfance comme il peut. Entre cauchemars réccurrents du garçon et réalité angoissante, la frontière se montre infime. La sensibilité, elle, immense.

Mon père, cet enfer, de Travis Dandro, éd. Gallimard, 23 

GHOST KID

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© Tiburce Oger / Grand Angle

L'histoire. Pour les cow-boys, c'est la fin de l'âge d'or. Le train remplace les grands convois de bétails et ils en sont réduits à surveiller les clôtures, tout en noyant leur chagrin dans l'alcool. Pour Ambrosius Morgan, une lettre va tout changer, et lui donner une raison de vivre. Il va devoir traverser plusieurs Etats pour tenter de retrouver sa fille disparue, alors qu'il vient tout simplement d'apprendre son existence. Un baroud d'honneur ou une mission suicide ?

Pourquoi on a aimé. Ce one-shot, avec ses 80 pages très denses, est un plaisir sans faille pour tous les fans d'aventures dans le grand Ouest. Sans concession, avec un sens rare de la mise en scène, l'auteur Tiburce Oger nous offre peut-être là l'équivalent du film «Impitoyable» en BD. 

Ghost Kid, de Tiburce Oger, éd. Grand angle, 18,90 €

Radium girls, de Cy

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© Cy / Glénat

L'histoire. New Jersey, 1918. Une bande de copines travaillent toues pour le compte d'une usine qui fournit des montres à l'armée. Leur job ? Peindre les cadrans des montres avec la peinture «Undark», une matière luminescente composée de radium. Sans savoir qu'elles manipulent toute la journée une substance radioactive, hautement dangereuse, elles s'amusent même à jouer avec pour épater la galerie grâce à leur phosphorescence. Peu à peu, la santé des «Ghost girls» se dégradent jusqu'à se savoir condamnées. N'ayant plus rien à perdre, elles décident de s'unir pour demander justice.

Pourquoi on a aimé. L'histoire de Marie Curie a beau avoir fait le tour de la planète, celle des «Radium girls» est restée dans l'ombre. Si la destinée de ces femmes est tragique, il est néanmoins passionnant de découvrir que leur combat n'est pas resté vain et aura réussi à faire changer le code du travail aux Etats-Unis, protégeant dorénavant un peu mieux les employés contre leur hierarchie. Au-delà de la dimension documentaire de cette première BD de la nouvelle collection de romans graphiques chez Glénat, il faut saluer le travail de son autrice, Cy («Le vrai sexe de la vraie vie» aux éditions Lapin) qui, dans un joli camaïeu de violet et de vert «radium» livre une oeuvre assez hypnotique et poétique. Très documentée, Cy crée un portrait réussi de cette «Belle époque» tourmentée à travers la courte vie des ces femmes.

Radium girls, de Cy, éd. Glénat, 22 €

Anaïs Nin, de léonie Bischoff

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© Léonie Bischoff / Casterman

L'histoire. Malgré tout l'amour qu'elle porte à son jeune époux, la jeune Anaïs Nin s'ennuie dans son rôle de jeune mariée. Si elle noircit sans arrêt son journal intime, elle peine à se lancer dans le métier d'écrivaine et n'ose faire lire son premier livre à un éditeur. Elle rencontre un jour Henry Miller qui ne tarde pas à être emreveillé par le talent de la jeune femme puis par la personne en elle-même. Avide de sensualité, Anaïs Nin va se laisser séduire par plusieurs hommes, dont l'écrivain américain... et son épouse.

Pourquoi on a aimé. Attention gros talent. Dessinée integralement avec un crayon à la mine multicolore, chaque page de cet album est remarquable et d'une poésie folle. D'autre part, si Léonie Bischoff («La princesse des glaces», «Le prédicateur», chez Casterman) a mûrit son projet depuis huit ans, elle ne prend pas le parti de tout raconter d'Anaïs Nin et c'est tant mieux. De son propre aveux, cet album est né des impressions laissées par le journal intime, ô combien célèbre, de l'écrivaine ainsi que de la correspondance de cette dernière avec Henry Miller. Le résultat est un petit bijou célébrant l'érotisme, la sensualité et le pouvoir de la création.

Anaïs Nin, sur la mer des mensonges, de Léonie Bischoff, éd. Casterman, 23,50€

L'homme bouc, de Corbeyran et Morinière

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© Corbeyran et Morinière / Hachette

L'histoire. Une adolescente disparaît dans la forêt qui borde sa maison. Lorsqu'on lui signale cette disparition plus qu'étrange et qu'elle découvre chez la jeune fille des objets bercés de superstitions et de croyances, l'enquêtrice Gaëlle Demeter fait rapidement appel à son ami Blanche, chamane. Le duo va alors peu à peu s'approcher des frontières du réel, entre esprits de la forêt et rites satanistes.

Pourquoi on a aimé. Avec «L'homme bouc», Eric Corbeyran signe son 400e scénario et parvient encore une fois à plonger instantanément ses lecteurs dans un nouvel univers. Son duo avec le jeune Aurélien Morinière (initié déjà en 2012 avec ««New Beijin» dans la saga «Uchronie(s)» chez Glénat) est, lui, plus qu'une réussite. Le dessin réaliste d'Aurélien Morinière sert à merveille le scénario dans un noir et blanc magnifique et des mises en scène léchées entre brumes de forêts, rites chamaniques, personnages à tête d'aniamux très lynchiens... Le résultat : un univers aussi effrayant qu'envoûtant. Ames sensibles s'abstenir néanmoins.

L'homme bouc, de Corbeyran et Morinière, éd.Hachette, en librairie le 16 septembre

Beate et Serge Klarsfeld, un combat contre l'oubli, de Pascal Bresson et Sylvain Dorange

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© Pascal Bresson, Sylvain Dorange / La boîte à bulles

L'histoire. Doit-on encore présenter Beate et Serge Klarsfeld ? Pascal Bresson et Sylvain Dorange retracent la vie et les combats des époux chasseurs de nazis, de leur rencontre en 1960 jusqu'au procès de Klaus Barbie et sa condamnation à perpetuité. Le Français juif dont le père fut déporté et l'Allemande dont les parents votèrent pour Hitler, consacrèrent leur vie à la traque des nazis et des criminels de guerre.

Pourquoi on a aimé. Un roman graphique de plus de 200 pages à lire d'une traite comme on lit un polar. Si les premières pages reviennent sur la rencontre du couple à Paris - le jour de l'enlèvement d'Adolf Eichmann ! - et leurs premiers combats et coups d'éclat (comme la gifle de Beate infligée au chancelier Kiesinger), le livre glisse vite vers les aventures rocambolesques de l'incroyable duo pour parvenir à retrouver Klaus Barbie, le «boucher de Lyon» bien caché en Amérique du Sud. Un livre en forme de devoir de mémoire mais aussi d'espoir en l'avenir et en la permanence de l'amour.

Beate et Serge Klarsfeld, un combat contre l'oubli, éd. La boîte à bulles, 25 €

SPIRITE, DE MARA

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L'histoire. Dans le New York des années 1930, un jeune chercheur tente étudie de près les fantômes et les manifestations des esprits. La mort, sous ses yeux, de son ami et mentor va le faire basculer dans une histoire très étrange. Et uisque personne ne le croit (Coucou, Mulder) Il va définitivement lui falloir de l'aide pour tenter de tirer cette sombre affaire au clair.

Pourquoi on a aimé. Au croisement de Ghostbusters, X-Files et Scooby-Doo, Spirite est une belle réussite signée par la talentueuse Mara. Le trait est maîtrisée, le découpage est assez somptueux et on suit avec un plaisir total les aventures mouvementées de Ian et de Nell, qui se dérouleront en quatre tomes, au total. On a déjà hâte de lire la suite.

Spirite, Tome 1, de Mara, éd. Drakoo, 15,90 

MERCY, DE MIRKA ANDOLFO 

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L'histoire. Au fin fond de l'Alaska, parmi les chercheurs d'or, la présence de la belle Hellaine détonne. Etrangement, elle veut acheter la concession d'une mine laissée à l'abandon. Mais Hellaine n'est pas là pour l'or. Cette créature aussi belle que vénéneuse semble bien décidée à ouvrir une porte vers une autre dimension, peuplée d'être cauchemardesques. 

Pourquoi on a aimé. Ne vous fiez pas à son trait juvénile, le premier volume de Mercy n'est pas vraiment une BD destinée aux plus jeunes. Ce récit fantastique est né dans le cerveau de l'Italienne Mirka Andolfo, au talent plus qu'indéniable, qui a notamment été reconnu outre-atlantique. Déjà auteur des chroniques d'Under York, également chez Glénat, elle franchit un cap avec ce récit plus dur, et tout aussi passionnant, qui devrait plaire aux amateurs de vampires et de goules. 

Mercy, Tome 1de Mirka, éd. Glénat, 14,95 

NEW YORK CANNIBALS, DE BOUCQ ET CHARYN 

L'histoire. A New York, la petite Azami est devenue une femme très musclée. Policière, elle est toujours très attachée à Paul-Pavel, le tatoueur, qui a exercé ses talents sur elle. La découverte d'un bébé dans une ruelle va bouleverser le destin de ces deux-là, bien plus qu'ils ne l'imaginent. D'autant que le monde du crime n'est jamais très loin. Big Apple est toujours pourrie de l'intérieur. 

Pourquoi on a aimé. C'est une suite qu'on n'attendait pas forcément, puisque «Little Tulip», le premier Tome, avait été présenté comme un récit complet, en 2014. Mais le retour du duo Boucq et Charyn avait de quoi nous fasciner, et le défi est relevé, haut la main. La palme revient comme souvent, à Boucq, qui nous régale avec une incroyable galerie de personnages et un art du mouvement toujours intact.

New York Cannibals, de Boucq et Charyn, éd. Le Lombard, 24,50 

CARBONE & SILICIUM, DE MATHIEU BABLET  

L'histoire. Carbone et Silicium sont des robots. Ces prototypes high-tech doivent servir à créer une armée d'aidants pour les personnes âgés, de plus en plus nombreuses sur la planète. Mais ils sont tous les deux dotés d'une IA des plus efficaces, qui progresse avec les années. Tous deux s'interrogent alors de plus en plus sur le monde qui les entoure et sur leurs conditions de «vie», dans le laboratoire. Un événement fortuit va les séparer, et l'aventure va prendre une toute autre dimension. 

Pourquoi on a aimé. Un nouvel album de Mathieu Bablet suscite tout de suite l'intérêt. Après «Shangri-La», sélectionné à Angoulême en 2017, l'auteur français continue à tracer son sillon dans la SF avec un nouveau très gros récit, cette fois de 272 pages. Fascinante en 2017, la vision de Bablet l'est toujours, et on a le sentiment qu'il a franchi un nouveau cap, tant sur le découpage que la mise en scène, même si on peut ne pas accrocher avec son style très personnel. Assurément un des albums qui vont faire parler d'eux en cette fin d'année. 

Carbone & Silicium, de Mathieu Bablet, éd. 619, 22,90 

AMERICANA, DE LUKE HEALY

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© Luke Healy / Casterman

L'histoire. En 2016, Luke, un jeune auteur de BD irlandais, décide de s'attaquer à un trek de légende : le Pacific Crest Trail, un chemin de 4280 km qui débute en Californie à la frontière mexicaine pour se terminer au Canada. Un parcours ardu, notamment pour quelqu'un habitué à rester derrière sa table de dessin. Les longues heures de marche lui permettent de réfléchir à ses envies d'Amérique entre deux rencontres, averses et visite nocturne de puma.

Pourquoi on a aimé. Vooici un vrai roman graphique, au sens littéral du terme. Alternant entre pages entièrement rédigées et planches de bande dessinée, Luke Healy livre un véritable récit initiatique au cours duquel l'auteur se souvient de sa quête de visa dans une Amérique fantasmée suite à la crise de 2008, celle-là même qui poussa encore plus de nombreux jeunes Irlandais à émigrer et cette même Amérique retrouvée peu de temps avant l'élection de Donald Trump. D'abord au bord de l'abandon, Luke Healy s'accroche à son rêve de boucler son périple avant l'expiration de son visa de tourisme et en fait un moteur pour ne pas baisser les bras. Un véritable coup de boost et une leçon de courage dans cette rentrée à l'avenir trouble.

Americana, de Luke Healy, éd. Casterman, 23€

Les nouvelles aventures de Barbe rouge, de Kraehn et Darloni

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© Kraehn et Carloni / Dargaud

L'histoire. Barbe-Rouge n'est plus le terrible pirate qui faisait régner la terreur sur les mers. Devenu corsaire au service du roi, il garde néanmoins des envies de liberté, d'aventures et de combats, ce qui n'est pas du goût des soldats zélés du royaume. A la suite d'un «accident», il n'a d'autre choix que d'accepter une mission des plus ardue : venir à bout de Spectre, un pirate français pillant une colonie anglaise des Antilles. Pour cela, il s'entoure de son fils Eric ainsi que de ses fidèles compères : Baba, force de la nature, et l'érudit Triple-Pattes (personnages immortalisés par Goscinny dans les aventures d'Astérix et Obélix).

Pourquoi on a aimé. Difficile de reprendre la superbe série créée par Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon en 1959 pour le magazine «Pilote», relancée ensuite puis abandonnée il y a désormais seize ans. Défi relevé avec panache par Jean-Charles Kraehn («Bout d'homme», «Gil St André») au scénario et Stefano Carloni («Sinclair», «Les savants») au dessin qui signent ce premier tome d'un diptyque complexe mais diablement efficace. De quoi faire naviguer encore pas mal de lecteurs sur les mers des Caraïbes, en attendant la suite (et la fin) en 2021.

Les nouvelles aventures de Barbe-Rouge, tome 1, de Kraehn et Carloni, Dargaud, 15€

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