En direct
A suivre

Festival d'Angoulême 2021 : un collectif d'auteurs réitère son appel au boycott

En 2020, les créateurs de BD défilaient dans les rues d'Angoulême pendant le Festival de BD pour dénoncer leurs conditions de travail En 2020, les créateurs de BD défilaient dans les rues d'Angoulême pendant le Festival de BD pour dénoncer leurs conditions de travail et de rémunérations. [Yohan BONNET / AFP]

Fondé il y a un an au moment du Festival d'Angoulême de janvier 2020, le collectif AAA, «Autrices Auteurs en Action» reprend du service et a rédigé une tribune appelant au boycott du Festival.

Le Festival International de la BD d'Angoulême voit ces auteurs, emmenés notamment par leurs collègues Gwen de Bonneval et Fabien Vehlmann, reprendre le mouvement entamé l'an passé. Leur position ? Nominés pour leur formidable BD «Le dernier Atlas» (Dargaud) à Angoulême 2021, ils ont néanmoins décidé de ne pas (re)venir à la cérémonie des prix. Et ne reviendront pas à Angoulême et ce «aussi longtemps que la situation des auteurs et autrices ne s'améliorera pas de manière visible». Pour comprendre cela, il faut revenir à la crise qui sévit dans le monde de la BD depuis plus d'un an.

Une crise occultée par le virus mais plus que jamais d'actualité

Depuis quelques années, le mécontentement gronde parmi les auteurs de BD qui se plaignent, pour la plupart, de leurs trop minces revenus et des pourcentages de droits d'auteurs beaucoup trop faibles en comparaison à ce que les éditeurs touchent de leurs ventes. Le rapport Racine (du nom de son créateur), arrivé très tardivement mais à temps pour le Festival 2020, avait alors suscité l'espoir, suggérant des solutions et des négociations entre l'Etat, les auteurs, éditeurs, distributeurs et diffuseurs. Alors qu'Emmanuel Macron s'était rendu sur place et avait semblé entendre cette grogne relayée sur la scène du Théâtre d'Angoulême par les voix de Gwen de Bonneval et Fabien Vehlmann lors de la remise des Fauves 2020, la crise sanitaire a noyé cet appel et ce rapport Racine. Une situation de plus en plus inquiétante pour beaucoup d'entre eux puisque désormais, ce sont 50 % des créateurs de BD qui vivent sous le seuil de pauvreté.

Si janvier 2021 reste réservé à la remise des Prix (la cérémonie se fera sans public), les organisateurs du Festival ont prévu un versant public en juin avec les traditionnels stands des éditeurs. Cet appel au boycott concerne ainsi cette partie du Festival, un moment où les éditeurs font la promotion de leurs parutions par les dédicaces d'auteurs notamment.

Une année de la BD qui fait pschitt

Dans leur appel, les auteurs rappellent également que Florence Cestac, Catherine Meurisse, Régis Loisel et Jul ont démissionné de leurs fonctions de parrains de l'Année de la BD initiée par le Ministère de la Culture pour dénoncer «l'incohérence et les contradictions des choix politiques à l'égard de la culture et des métiers du livre en ces temps de pandémie». Pour les signataires de cette tribune, le Covid «n'aura finalement fait qu'agir comme un révélateur social, une loupe grossissante de rapports de force et de maux qui préexistaient».

La tribune dénonce également l'absence de rémunération des auteurs dont des extraits d'oeuvres sont exposés dans près de quarante gares en France à l'initiative de la SNCF, partenaire du FIBD. Roselyne Bachelot, Ministre de la Culture, est, elle aussi, dans le viseur des créateurs de ce mouvement, mettant en cause son «amour des artistes», la «sincerité de son engagement» face au décalage de ses discours et de la réalité.

Les auteurs finissent leur tribune par les mots du poète Pierre Reverdy : «Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour». A ce jour, la tribune a recueilli 246 signataires.

Retrouvez toute l'actualité BD ICI

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités