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L'opéra de Paris s'attèle à la question de la diversité pour son recrutement

Le rapport commandé par L'Opéra de Paris pour plus de diversité a été dévoilé hier. Il préconise notamment de revoir les conditions de recrutement des élèves. [Lionel Bonaventure/ AFP]

L’Opéra de Paris veut prendre des mesures pour s’ouvrir a plus de diversité. En octobre dernier, l’institution avait lancé une consultation sur cette question au sein de son établissement. A l’occasion de la présentation hier, lundi 8 février, de ce rapport dirigé par l'historien Pap Ndiaye et la secrétaire générale du Défenseur des droits Constance Rivière, l’Opéra de Paris a annoncé vouloir revoir, notamment, ses conditions de recrutement.

Parmi les autres mesures concrètes qui prendront effet rapidement, un « référent diversité » sera par ailleurs nommé, à l’image de la récente initiative du Metropolitan Opera de New York. Un « comité consultatif scientifique composé des artistes de la maison et de personnalités extérieures » sera également créé dans les prochains mois pour être « sollicité sur des problématiques de diversité », de même qu'un dispositif de signalement de cas de racisme ou de discrimination.

Le nouveau directeur général de l’opéra Alexander Neef s'est également engagé, « dès la saison 2021-2022, à une plus grande présence des artistes issus de la diversité », en « élargissant nos processus de recrutement et de sélection des artistes ainsi que nos politiques d'invitations et de commandes ».

Depuis sa prise de fonction en septembre dernier, Alexandre Neef s’est largement attelé à la question de la diversité, notamment relayée à la même époque par plusieurs artistes de la maison dans un manifeste intitulé « De la question raciale à L’opéra de Paris ». En 2015, Benjamin Millepied, à l’époque directeur de l’Opéra avait, par ailleurs, lui aussi critiqué le manque de diversité au sein de l’institution. 

Hier, Alexandre Neef s’est félicité de la démarche engagée par l’Opéra de Paris. « Nous sommes assez fiers d'être la première grande organisation culturelle dans ce pays à avoir lancé un tel (processus); d'autres suivront l'exemple sûrement", a déclaré ce dernier à l'AFP avant de se défendre de vouloir calquer le modèle américain en expliquant « qu'il ne s'agissait en aucun cas d'importer des concepts de diversité d'un contexte qui n'est pas le nôtre ». 

Décentraliser les auditions

Concrètement, le rapport élaboré par l'historien Pap Ndiaye et la secrétaire générale du Défenseur des droits Constance Rivière, a fait plusieurs propositions.  

Parmi elles, les rapporteurs suggèrent de réviser les conditions d'entrée à la prestigieuse Ecole de danse, qui constitue un véritable vivier du Ballet de l'Opéra, et qui pour l’heure ne s’appuie que « sur les candidates et candidats qui viennent à elle spontanément ».  Pour remédier à cette situation, ils préconisent de faire « du repérage de talents » dans toute la France grâce à des auditions décentralisées, y compris dans les départements d’Outremer. « L’objectif n’est pas que l'Ecole recrute des élèves moins bons pour satisfaire à des objectifs de diversité, mais d’aller chercher les élèves très bons partout où ils sont », souligne le texte.

Prenant l’exemple de Misty Copeland, première Afro-américaine à être nommée « principal dancer » à l'American Ballet Theater en 2015, le rapporteur Pap Ndiaye a par ailleurs insisté sur la force du « modèle », qui selon lui pourrait inspirer les enfant issus de la diversité et intéressés par la danse, la musique. 

Repenser les critères anatomiques et en finir avec l'homogénéité

Sortir des schémas anatomiques et du principe d’homogénéité, telles sont également les recommandations de ce rapport qui encourage l’Opéra de Paris a mener une réflexion sur les « critères anatomiques de sélection » des futurs élèves de l'Ecole de danse, et de dépasser « l'idée ancienne et tenace » que les morphologies et anatomies noires « ne seraient pas adaptées à la danse classique » car « réputées pour avoir plus généralement des pieds plats » et « une musculature plus visible », alors que le ballet exigerait des pieds cambrés et une musculature allongée.

Le texte préconise également d'abandonner « l’idée que l’homogénéité serait un absolu », comme l’explique M. Ndiaye, prenant l’exemple de danseurs à qui l'on a demandé, à l'Ecole de danse, « puisque tu n'es pas blanc, comment vas-tu pouvoir danser « Le Lac des Cygnes? ».

Pour faire face à cette situation, Alexander Neef a précisé que les stéréotypes seraient « identifiés » dans le répertoire lyrique et de ballet, et qu'un travail de « contextualisation » sera mené auprès du public ». « Cela ne signifie pas que nous souhaitons réécrire les livrets », a-t-il précisé, ou que des œuvres soient « censurées » faisant référence à la réaction de l’extrême droite, en décembre dernier, par la voix notamment de Marine le Pen qui avait dénoncé un « anti-racisme devenu fou » après des propos dans Le Monde où Alexander Neef semblait suggérer que des joyaux du ballet allaient sans doute disparaître.

Plusieurs actions ont déjà été engagées par l’Opéra, a par ailleurs expliqué son directeur, citant notamment l’arrêt de la pratique du « blackface », le choix de ne plus blanchir la peau dans certains ballets, et l’adaptation de la coiffure, du maquillage et des collants pour les artistes métisses et noirs comme l’avaient d’ailleurs demandé les signataires du manifeste « De la question raciale à l’Opéra de Paris » en septembre dernier. Des initiatives déjà prises mais surtout à venir qui font dire à Alexander Neef : « Je suis convaincu que (ce processus) nous rendra une organisation plus ancrée dans la société d'aujourd'hui, comme le rapporte l’AFP. 

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