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Les meilleures BD de février 2021

La BD se veut le VIP de ce mois de février 2021 [Dupuis, Panini Comics, Bamboo, Delcourt, Casterman]

Après un mois de janvier extrêmement dense au niveau des sorties BD, le neuvième art ne faiblit qu'à peine pendant ce court mois, entre aventures de jeunesse de l'inénarrable comte de Champignac, une dystopie barrée, du chic, du rock et un peu de résistance passive dans des vues de New York à couper le souffle.

Champignac, le patient A

Pacôme, Hégésippe Adélard Ladislas, comte de Champignac. Tout un poème... Qui n'a pas attendu Spirou et Fantasio pour vivre des aventures folles. Les BeKa (duo connu notamment des jeunes filles avec leur célèbre «Studio Danse» chez Bamboo) et Etien, le jeune dessinateur de l'excellente série «Les quatre de Baker Street» (Vent d'Ouest), reprennent du service pour nous régaler avec ce bon vieux Pacôme encore tout fringant. L'action se situe cette fois en pleine Seconde Guerre mondiale. Réfugié en Angleterre, le scientifique surdoué doit se rendre dans un Berlin occupé pour retrouver des amis retenus prisonniers des nazis, afin de mener à bien de sombres travaux scientifiques. Au programme : action, humour et suspense. La bd d'aventure parfaite pour toute la famille dans la pure tradition d'un Spirou sauce Tome et Janry. On se régale et on en redemande.

Champignac, tome 2, Le patient A, de BeKa et Etien, éd. Dupuis, 48 p., 14,50€

L'homme sans sourire

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© S. Louis / S. hirlemann / Bamboo

Hubert 31-36 est né rigolard. Pour son plus grand malheur ! Condamné à la bouche cousue, il vit dans une société où seul le roi et sa cour ont le droit de (sou)rire, contrairement à ses fidèles sujets, nommés à juste titre «les sinistres» qui, au moindre sourire sont arrêtés par la police omniprésente. Jusqu'au jour où la fille du roi - joviale et pleine d'entrain - décide d'aller faire un tour «en bas», peut-être conseillée à dessein par un oncle qui rêve de prendre la place de son frère... Elle rencontre alors le brave Hubert... Et si ce duo faisait basculer ce monde ? Conte dystopique créé par Stéphane Louis, «L'homme sans sourire» est dessiné par le scénographe et graphiste Stéphane Hirlemann qui effectue ainsi une entrée fracassante dans le monde du neuvième art. Car si l'album peut d'abord décontenancer par ses phylactères parfois bavars et en rimes, cette histoire folle et ses zones d'ombre tiennent en haleine jusqu'au coup de théâtre final, qui saura faire reconsidérer toute l'oeuvre dense qui précède. Le dessin vif et stylisé de Stéphane Hirlemann épouse parfaitement le propos de Stéphane Louis, dans une aventure aux multiples résonnances avec notre monde.

L'homme sans sourire, de Stéphane Louis et Stéphane Hirlemann, éd. Bamboo / Grand Angle, 72 p., 16, 90€

SPIDER-MAN, DE PÈRE EN FILS

Des superpouvoirs de génération en génération ? C'est le cas dans cet aventure de Spider-Man intitulée «De père en fils». Ben Parker, le fils de Peter, est en conflit ouvert avec son père qui a arrêté ses activités de superhéros depuis la mort tragique de Mary Jane, tuée par Cadavérique. Brisé, l'homme-araignée n'est plus et il s'est plongé à corps perdu dans sa carrière. Il a même confié l'éducation de son fils à tante May, ce qui rappellera forcément quelques souvenirs. Mais pour faire face à l'infâme super-vilain, qui fomente son retour, le héros en devenir et celui du passé vont devoir se retrouver et unir leurs forces. Efficace et d'une beauté saisissante, ce one-shot a également une spécificité : il est co-scénarisé par J. J. Abrams, le réalisateur de l'épisode VII de Star Wars et son fils Henry. Une histoire de transmission imaginée par un père et son fils ? La boucle est bouclée, et en beauté. 

Spider-Man, de père en fils, de J.J. Abrams, Henry Abrams et Sara Pichelli, éd. Panini Comics, 136 p., 18€

Les amants d'Hérouville

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© Yann Le Quellec / Romain Ronzeau / éd. Delcourt

Si le château d'Hérouville dans le Val d'Oise ne vous dit rien, c'est que vous n'êtes ni un chanteur de rock des années 1970 ni un fan de Frédéric Chopin et Georges Sand (qui se seraient aimés, dit-on, entre ces murs). En 1970, Marie-Claude, une jeune et jolie jeune femme, rencontre Michel Magne par hasard. Le coup de foudre est presque immédiat. Le compositeur de musiques de film devenu propriétaire du château, a des ambitions pour ce lieu : il y installe des studios d'enregistrement. De David Bowie à Johnny, en passant par Elton John, les Bee Gees et les Pink Floyd, tous seront séduits par l'acoustique des lieux comme l'ambiance qui y règne alors. Marie-Claude va se retrouver mêlée à l'effervescence de l'époque, entre fêtes gigantesques et happenings flamboyants avant une plongée dans un enfer plus personnel. Avec cet album riche d'une épaisse documentation iconographique, le réalisateur et producteur Yann Le Quellec et le dessinateur Romain Ronzeau redonnent vie à ce château du dix-huitième siècle devenu un temps l'un des pivots de l'histoire du rock. Passionnant et bien sûr... rock n' roll.

Les amants d'Hérouville, une histoire vraie, éd. Delcourt, 256 p., 27,95€

Bartleby, le scribe

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© José-Luis Munuera / Dargaud

New York, XIXe siècle. Wall Street est déjà un monde bureaucratique. Un notaire embauche un nouveau scribe : un certain Bartleby. Discret et efficace, ce dernier se met tout à coup à faire de la résistance passive. Se débarrasser d'un tel individu ne sera pas chose aisée. Avec «Bartleby», José-Luis Munuera (dessinateur entre autres de «Merlin», «Nävis», «Zorglub», et a repris dernièrement «Les Tuniques bleues») s'attaque à l'adaptation en BD de la nouvelle d'Herman Melville, célèbre pour son intraduisible «I would prefer not to» (ici traduit par «Je préfererais ne pas») inlassablement répété par le jeune Bartleby à chaque proposition de son employeur. Préfacé par Philippe Delerm, le plus Bartleby des écrivains français (qui avait consacré un livre à cette oeuvre d'ailleurs), cette adaptation du chef d'oeuvre de Melville vaut par le souffle du graphisme de José Luis Munuera, qui semble s'amuser grandement avec les changements de lumière sur un New York pluvieux, brumeux ou enneigé, son atmosphère poisseuse, ses ruelles et sa foule déjà grouillante. Plus qu'un album militant sur la résistance passive et la solitude rêveuse d'un Bartleby, cet album donne à réfléchir avec hauteur sur la notion de choix et sur les ressorts du monde contemporain. Un coup de maître.

Bartleby le scribe, de José-Luis Munuera, éd. Dargaud, 72 p., 15,99€

La mode deshabillée

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© Zoé Thouron / Frédéric Godart / Casterman

Entre les toilettes colorées de Marie-Antoinette et les claquettes-chaussettes des rappeurs, il y a un monde que le sociologue Frédéric Godart, spécialisé dans le sujet (auteur notamment de sa «Sociologie de la mode», une référence) et l'autrice de BD Zoé Thouron («Highway to love», «Le burn out»...) se proposent de décrypter dans une enquête dessinée. Avec beaucoup d'humour et un peu de pédagogie, le duo embarque le lecteur à travers le temps et  les courants de pensée pour montrer à quel point la mode n'est pas juste affaire d'image superficielle. A la fois art et industrie, la créativité de la mode est un miroir de l'époque et de la société, entre représentation de classes sociales et défis éthiques et économiques. Comme la BD, la mode a mis longtemps à être prise au sérieux. Quans les deux arts s'allient, le cocktail est détonant.

La mode deshabillée, de Frédéric Godart et Zoé Thouron, éd. Casterman, 160 p., 22 €

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