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«Les dessous des Chandelles» : Valérie Hervo lève le voile sur sa difficile reconstruction dans un ouvrage poignant

Des Chandelles, on connait la réputation de club libertin branché et élitiste. Après 30 ans à la tête de ce temple de la nuit, sa créatrice et gérante Valérie Hervo, publie «Les dessous des Chandelles» aux éditions du Cherche Midi. Elle nous ouvre les portes de ce lieu mythique mais également de sa propre intimité, les deux étant étroitement liés.

Le jour, elle survit. La nuit, elle s’évade, enfin libre, sur la piste de danse. Tirée à quatre épingles, perchée sur des talons de 10 centimètres, elle accueille tous les soirs ceux qu’elle nomme ses « hôtes » et les soigne comme elle ne saurait se soigner elle-même. Le jour, les coups et les humiliations. La nuit, une bulle de sensualité et de fantasmes qui ne devrait jamais prendre fin.

Valérie Hervo a 23 ans lorsqu’elle rencontre son futur mari. 26 ans lorsqu’elle ouvre « Les Chandelles ». Entre les deux, un glissement se produit, insidieux, irréversible. L’emprise. «Puisqu'il est mon tout je choisis de n'être plus rien», explique-t-elle d’emblée. Comme le font les manipulateurs, cet homme la coupe de ses amis, mais elle reste persuadée que le quitter la plongerait dans une solitude insoutenable.

Alors elle cherche sa liberté ailleurs, dans cet écrin qu’elle confectionne pour les femmes. Car ce club sera celui de la gent féminine dont elle veut que la volonté soit respectée. Un non est un non, principe qu’elle applique au poste le plus stratégique, la « porte ». Intraitable sur la tenue des clients, elle l’est aussi face à un couple qui se présente. A-t-elle un doute sur le consentement de la femme ? Elle leur refuse l’entrée. La femme « ne sera pas un trophée qu’on exhibe ou un butin qu’on partage, mais une déesse qu’on honorera, une libertine qu’on adorera ». Son partenaire sera respectueux et attentif. Telle est la philosophie de la maîtresse des lieux. 

L'érotisme et le consentement

Bien sûr, il y a du sexe. Nous y venons. Le libertinage du siècle des Lumières est ici érigé en modèle du genre. Escalier de pierre, canapés rouges, lustres, composent un décor des plus sensuels. La musique soigneusement choisie invite aussi à la langueur. Pourtant, si les alcôves abritent des plaisirs plus poussés, la sexualité ne semble pas être la finalité de cette mise en scène. L’érotisme, en revanche, y est tout entier célébré. Ce mystère dont elle entend explorer les nombreuses facettes, l’imaginaire comme un prélude : « Savoir que tout est possible – y compris ne rien faire – est un excellent stimulant du désir ». Le consentement, toujours. 

Il faut se sentir en sécurité pour déposer les armes. Valérie Hervo fait des Chandelles un refuge qu’elle défend face aux menaces, aux tentatives d’intimidation et aux pièges qu’on lui tend. C’est dans cet antre qu’elle réussit à renouer avec son « être intérieur », convaincue que la sexualité est un chemin qui permet de se (re)trouver. Elle entame d’ailleurs une thérapie. Et à 44 ans, le souvenir revient, brutal et glaçant. Les viols commis par son grand-père à partir de ses 6 ans, puis le déni de ses parents. La petite fille devient dès lors une jeune fille dépressive et une femme cohabitant avec des idées mortifères. 

Pas victime mais « rescapée », c’est ainsi que se définit l’auteure. La renaissance est un long parcours. Entre temps, elle réussit à divorcer et écarter son ex-mari du club, fait le tri dans ses amis. «Je fais de chaque obstacle un défi à relever, pour me relever moi-même», conclut-elle. Sa quête du moi ne s’arrête pas là puisqu’après s’être occupée de ses « hôtes », elle accueille désormais des patients pour un autre type d’expériences. Valérie Hervo est devenue psychanalyste corporelle et sexothérapeute. 

Les dessous des Chandelles – Une femme en quête de liberté, de Valérie Hervo, éditions Cherche midi, 176 p., 18 €.

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