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Les meilleures BD de 2021

De Guy Delisle à Mathieu Bonhomme, tous les genres de la BD sont là. [Delcourt, Dupuis, Grand Angle, Dargaud, Daniel Maghen, Casterman]

En 2021, la BD ne ralentit pas le rythme. Forcément subjective et incomplète, notre sélection des meilleurs albums de l'année est appelée à s'enrichir au fil des mois, mais elle est déjà riche de quelques pépites.

«Le convoyeur», tome 2

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Le premier Tome, l'an dernier, avait éveillé notre intérêt. L'arrivée du deuxième confirme la grande qualité du «Convoyeur». Dans cette œuvre qui flirte à la fois avec la SF et le médiéval fantastique, le mystère s'éclaircit un peu. Mais de nombreuses questions subsistent. D'où vient la rouille, ce virus qui a renvoyé notre civilisation à l'âge de pierre ? Que veut le convoyeur ? Au fil des 56 pages, magistralement orchestrées par Dimitri Armand et Tristan Roulot, le lecteur se perd en conjectures, avec plaisir. 

«Le convoyeur», Tome 2, d'Armand et Roulot, éd. Le Lombard, 14,75 €

«Les rivières du passé»

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Quand une voleuse surdouée réussit à dérober un étrange médaillon égyptien, elle se retrouve plongée dans un Paris quasiment médiéval, où la capitale est assiégée par d'étranges créatures griffues. Pour Linn, l'héroïne, ce voyage aux confins de l'étrange recèle bien des mystères, et pour nous également. En scénariste expérimenté, Desberg ne nous en dévoile pas plus que nécessaire pour l'instant, et le dessin ample de Corboz magnifie chacune des scènes. 

«Les rivières du passé», Tome 1, de Desberg et Croboz, éd. Daniel Maghen, 16 €

«Ion Mud»

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Difficile de commencer 2021 sans citer «Ion Mud». Cette bande dessinée de pure science fiction est quasiment un ovni dans la production actuelle, comme n'a pas manqué de le souligner le podcast «Plus que de la SF», dans un épisode qui lui a été consacré. 

Cette épaisse aventure de 296 pages raconte le périple de Lupo, un humain, qui erre depuis quatre décennies dans une méga-structure extraterrestre à l'abandon. Aux manettes de cette BD pharaonique, aux décors incroyables, il n'y a pourtant qu'un seul homme : Amaury Bündgen. Presque quinquagénaire, il réalise ici son premier album (et quel album !) après avoir été détecté par l'éditeur Casterman lors d'un salon BD à Lyon. Un talent brut, que l'on espère revoir très bientôt en librairie.

«Ion Mud», d'Amaury Bündgen, éd. Casterman, 25 €

«East of West» (Intégrale)

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La saga «East of West», sortie entre 2013 et 2019 aux Etats-Unis, se refait une beauté, grâce à l'éditeur Urban Comics. Il propose depuis peu une superbe intégrale, dont le deuxième tome (sur trois), sera bientôt disponible. Dotée de couvertures magnifiques, cette édition spéciale rend parfaitement hommage au récit imaginé par Jonathan Hickman et mis en images par Nick Dragotta. Une histoire alternative des Etats-Unis, qui est à la fois complexe et d'une efficacité exemplaire. On y suit le destin tortueux des sept nations qui se sont partagées le territoire au moment de la guerre de Sécession, cette dernière n'ayant jamais vraiment pris fin. Dans une ambiance à la fois empreinte de spiritualité et terriblement païenne, les guerres de pouvoir semblent interminables, et même les quatre cavaliers de l'apocalypse n'ont pas toutes les clés. Pour le lecteur qui accepte de se jeter à corps perdu dans ce récit, une seule certitude : il faudra accepter de se laisser emporter, car Hickman est le seul maître du jeu. 

«East of West» (Intégrale), Tomes 1/3 et 2/3 disponibles, de Hickman et Dragotta, éd. Urban Comics, 39 € par tome.

«Les cahiers d’Esther, Histoires de mes 15 ans», Tome 6

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Ce sixième volume des aventures de la jeune fille dessinée par Riad Sattouf signe officiellement l’entrée d’Esther dans l’adolescence. Une année complètement bouleversée par la pandémie actuelle. On revient un an en arrière à travers les yeux de cette ado qui a passé sa dernière année de collège derrière un écran, entre un père hypocondriaque, une mère qui télétravaille et un frère qui vire complotiste. 

Dans ce sixième tome, Riad Sattouf évoque également la violence des garçons qui insultent les filles. L’adolescente grandit, se retrouve confronté au regard masculin et aborde des concepts féministes.

«Les Cahiers d'Esther, histoires de mes 15 ans», éd. Allary, 56 pages, 16,90€

«Wanted Lucky Luke»

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Cinq ans après un album très réussi, «L'homme qui tua Lucky Luke», acclamé par la critique et le public, Matthieu Bonhomme fait son retour. Après une incursion dans la BD costumée (Charlotte impératrice), l'appel du western a été vraiment trop fort. Dans ce nouveau récit, les bases de 2016 sont conservées et la relecture du mythe est encore réalisée avec une grande intelligence.  Habituellement chasseur, Lucky Luke devient une proie et doit comprendre pourquoi un avis de recherche a été lancé contre lui. Dans le même temps, il fait la connaissance de trois sœurs aussi différentes qu'indépendantes et attirantes. Des femmes vulnérables à protéger… Méfiance, méfiance, nous sommes en 2021 et ce genre de cliché existe-t-il encore vraiment ?

«Wanted Lucky Luke», éd. Grand angle, 15 €

«Yellow Cab»

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Un projet de film devenu un livre, devenu une BD. Voici en résumé le destin de «Yellow Cab», un récit mis en image par Christophe Chabouté, d'après le roman de Benoît Cohen, paru en 2017. Réalisé dans un noir et blanc de toute beauté, qui magnifie comme jamais les avenues de la Grosse Pomme, le lecteur devient chauffeur de taxi et multiplie les rencontres, comme autant de portes ouvertes sur l'autre. En cette période où le lien social est mis à mal par la pandémie, il est délicieux de redécouvrir l'être humain dans ce qu'il a de plus ou moins beau. D'autant plus qu'à l'arrière de ce taxi jaune, on est confortablement installé, et que le voyage vaut le détour. 

«Yellow Cab», de Chabouté, éd. Glénat, 22 €

«Chroniques de jeunesse»

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Pas de voyage au bout du monde pour Guy Delisle, cette fois, puisque l'auteur québécois a choisi de retrouver ses racines. Avant de devenir un célèbre auteur de BD, il fut un lycéen puis un étudiant ayant besoin de gagner sa croûte pendant les vacances d'été. Direction donc l'usine de papier de la ville. Le talent de conteur de Delisle fait le reste. Il nous fait vivre comme personne ces existences «ordinaires» qui en disent beaucoup sur les illusions et désillusions de chacun, mais aussi les angoisses d'un âge charnière entre école et monde du travail. On rit et on frissonne parfois. Guy Delisle n'a rien perdu de sa superbe et on en redemande.

«Chroniques de jeunesse», de Guy Delisle, éd. Delcourt, 15,50 €

«Le tatoueur»

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Un chauffeur de  taxi qui en sait presque trop. Alors que Zoli se cache à Paris où il pratique l'art du tatouage, il fait la rencontre de Laszlo. Tous deux sont d'origine hongroise et un lien étrange se tisse entre eux. Mais la curiosité de Lazslo met Zoli de plus en plus mal à l'aise. Qui est-il vraiment ? Quelle est cette action d'éclat dont il parle en permanence ?

Avec peu de mots et une efficacité graphique incroyable, le duo Matz-Futaki nous embarque dans un Paris sans concession. Le découpage est splendide, le choix des couleurs aussi, et «Le tatoueur» fait partie des BD dont on se souvient, plusieurs jours après les avoir reposées.

«Le tatoueur», de Matz et Futaki, éd. Grand angle, 14,50 €

«La Tour», T.1

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Le premier tome d’un palpitant triptyque avec pour décors une humanité à bout de souffle dans un environnement irrespirable. "La Tour" est un récit d’anticipation qui plante son décors dans un Bruxelles envahi par la faune en 2046. Une bactérie a décimé la quasi-totalité de la population, qui vit désormais dans une seule et unique tour. À la génération qui a connu l’ancien monde se succède celle née dans la tour, et qui cherche à s’émanciper du mode de pensée de leurs aînés. À travers les traits fins, détaillés, presque naturalistes de Mr Farb, l’ouvrage offre un regard juste et profond sur nos psychologies et nos sociétés.

«La Tour», éd. Glénat, 64 pages, 14,95€

«Champignac, le patient a»

Le comte de Champignac n'a pas attendu Spirou et Fantasio pour vivre des aventures folles. Les BeKa (duo connu pour leur célèbre «Studio Danse») et Etien, dessinateur de l'excellente série «Les quatre de Baker Street», reprennent du service pour nous régaler avec ce bon vieux Pacôme. Pour ce tome 2, l'action se situe cette fois en pleine Seconde Guerre mondiale. Réfugié en Angleterre, le scientifique surdoué doit se rendre dans un Berlin occupé pour retrouver des amis scientifiques retenus prisonniers des nazis. Au programme : action, humour et suspense. La bd d'aventure parfaite pour toute la famille, avec une qualité graphique à souligner.

«Champignac, tome 2, Le patient A», de BeKa et Etien, éd. Dupuis, 48 p., 14,50€

«Les amants d'Hérouville»

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Le château d'Hérouville parlera sans doute aux fans de rock. En 1970, Marie-Claude, rencontre Michel Magne par hasard. Le coup de foudre est quasi immédiat. Le compositeur devenu propriétaire du château, a des ambitions pour ce lieu : il y installe des studios d'enregistrement.

De Bowie à Johnny, en passant par Elton John, les Bee Gees et les Pink Floyd, tous seront séduits par l'acoustique du lieu et l'ambiance qui y règne alors. Marie-Claude va se retrouver mêlée à l'effervescence de l'époque, avant une plongée dans un enfer plus personnel. Avec cet album, le réalisateur et producteur Yann Le Quellec, associé au dessinateur Romain Ronzeau, redonnent vie à ce château du dix-huitième siècle devenu un endroit mythique.

Les amants d'Hérouville, une histoire vraie, éd. Delcourt, 256 p., 27,95€

 

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