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Concertos et sonates de Beethoven, Liszt à l'orgue, les tragédiennes italiennes...4 disques classiques à écouter avant l'été

Piano, chant, orgue...Les mélomanes devraient y trouver leur compte.[© Fondation Résonnance©La Dolce Volta/W.Beaucardet © DR]

Alors que les salles de concerts ont enfin rouvert leurs portes, les mélomanes de tous bords vont s'empresser de retrouver l'expérience de la musique en live. Mais du côté des enregistrements aussi, certaines pépites sortent du lot.

En attendant de réserver la billetterie, voici 4 disques du répertoire classique à ne rater sous aucun prétexte.

«inspirations» d'Olivier Latry : Franz Liszt côté orgue

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© JACQUES DEMARTHON / AFP

Habitué à l'anonymat auprès du grand public, caché derrière son grand orgue, Olivier Latry est soudainement entré dans la lumière bien malgré lui. Il était en effet organiste à Notre-Dame-de-Paris, et a dû s'exiler après l'incendie de la cathédrale (qui a «miraculeusement» préservé le sublime instrument) pour continuer son art. Son disque événement autour de J.S. Bach, enregistré peu avant sur l'orgue de N.D., avait alors fait sensation.

On le retrouve, pour son nouvel album chez La Dolce Volta, interprété cette fois sur l'orgue de la Philharmonie de Paris. Comme un fil conducteur, il consacre son nouveau disque au travail d'organiste de Franz Liszt ( 1811-1886), teinté et inspiré des travaux de J.S.Bach : un morceau composé à partir d'une de ses cantates, un autre inspiré par les 4 lettres de son nom...Le compositeur baroque est partout.

Mais c'est l'extrême diversité des compositions - à l'image de Liszt lui-même, qui révolutionna la pratique du piano, de l'orgue, et des concerts - qui fait de ce disque un incontournable, Olivier Latry jonglant parfaitement entre la subtilité des arrangements et la puissance des inspirations de Liszt. Sous les doigts de l'organiste, le célèbre «Rêve d'amour» se révèle ainsi encore plus délicat qu'au piano, dont Liszt était le grand maître de son temps.

Avec des compositions classiques inspirées d'un musicien baroque, le tout interprété sur un instrument de notre temps, Olivier Latry joue avec brio et sens de l'équilibre le rôle de passeur de cette grande histoire de la musique. Idéal pour les blasés de l'orgue ou, au contraire, les néophytes.

Inspirations, Franz Liszt, par Olivier Latry, label La Dolce Volta. En concert le 13 juin à l'Eglise de la Madeleine, à Paris, puis en tournée en France.

«concertos pour piano» de Beethoven : l'hommage de la virtuose Elizabeth Sombart

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© Fondation Résonnance

Alors que l'année 2020 devait être celle, dans le monde entier, des célébrations des 250 ans de la naissance de l'un des plus grands compositeurs de l'histoire, l'épidémie de coronavirus a gâché la fête, et Beethoven (1770-1827) est - un peu - passé à la trappe. Pas de quoi freiner la pianiste virtuose Elizabeth Sombart, qui a pour l'occasion accepté l'invitation faite, en 2020, par le Royal Philharmonic Orchestra de Londres d'enregistrer l'intégrale des concertos pour piano de Beethoven.

Un projet abordé et accompli par la Strasbourgeoise «comme on se prépare pour la montée de l'Everest», selon ses propres mots. Grande interprète des oeuvres du compositeur allemand, qui l'ont accompagné tout au long de sa carrière, la pianiste et l'orchestre philharmonique ont enregistré, l'un après l'autre, les six concertos, depuis mars 2019 jusqu'à octobre 2020.

Le label Signum Classics a fort logiquement découpé cette intégrale en 3 coffrets. Le premier comprend les concertos 1 et 2, le 2eme le 3 et 4, et le 3eme coffret réuni le fameux 5eme concerto «Empereur», ainsi que le Triple concerto, pour piano, violon et violoncelle, sorte d'ovni musical dans la forme, témoignage de la liberté de création qui caractérise si bien le compositeur.

Cet intégrale permet aussi à Elisabeth Sombart de souligner l'aspect émancipateur de la musique de Beethoven, elle qui a créé en 1998 la Fondation Résonnance, dont le but est «d'offrir la musique classique là où elle n'est pas». L'interprète a ainsi tourné un clip au coeur du camp d'extermination d'Auschwitz, là même ou l'unique survivant d'un groupe de 285 enfants juifs, emmenés au camp en 1943, découvrit L'Ode à la Joie de Beethoven. Un chant qui lui permis alors de «survivre face à l'horreur du quotidien». 

Intégrale des concertos pour piano de Beethoven, E.Sombart au piano, Royal Philharmonic Orchestra, dir.Pierre Vallet, label Signum Classics. 

«Piano sonatas» de beethoven : le clavier humaniste de Jean-Nicolas Diatkine

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Encore du Beethoven ? Oui, mais comme on le souligne à nouveau, les célébrations avortées du 250eme anniversaire de la naissance du compositeur méritent de s'y attarder un peu. Et puis faut-il vraiment trouver un argument sorti du calendrier pour écouter, jusqu'à l'ivresse, les sublimes partitions de celui qui a définitivement fait du piano un instrument roi ? D'autant plus quand l'interprête de ses célébrissimes sonates s'appelle Jean-Nicolas Diatkine, dont le talent n'a d'égal que la modestie et la discrétion. 

Fils d'une famille réputée de médecins et psychiatres, c'est dans la musique qu'il a trouvé de quoi réparer les âmes et offrir un baume à son auditoire, privilégiant toujours la proximité avec l'oeuvre et le compositeur, dans un long travail préparatoire, préalable à toute interprétation. Dans un jeu désormais arrivé à maturité, fruit d'intenses réflexions où les artifices et la mise en spectacle de l'interprète n'ont pas de place, il propose dans ce deuxième disque consacré à Beethoven (paru chez Solo Musica) trois sonates pour piano.

La n°7 opus 10 n°3, une oeuvre de jeunesse dans laquelle l'influence de son maitre Joseph Haydn se fait encore fortement ressentir, la sonate n°23 opus 57, exemple type de l'équilibre parfait qu'exige la musique de Beethoven, entre cadre formel strict de la partition et virtuosité de l'interprète, et enfin la sonate n°28 opus 101, «Everest de la musique» pour Jean-Nicolas Diatkine, véritable ode à la mélodie qu'appréciait tant Wagner. 

Un disque qui émerge sans difficulté de la masse d'enregistrements consacrés au compositeur allemand dans le cadre du bicentenaire de sa naissance, et qu'on se plaira à écouter avant d'aller profiter, comme tous les ans désormais depuis 2011 et son premier récital Salle Gaveau, à Paris, d'une interprétation en live. Il sera en effet jeudi 17 juin, à 20h30, dans cette même salle, pour un programme conviant Schumann, Wagner, Liszt et, bien sûr, Beethoven. 

Piano Sonatas, n°7, 23 & 28, de L.V.Beethoven, J.N.Diatkine au piano, label Solo Musica. En concert le 17 juin, 20h30, Salle Gaveau (Paris 8e).

«Assoluta» de Béatrice Uria-Monzon : les femmes passionnées de l'Italie

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Plus de deux décennies à arpenter les plus grandes scènes lyriques du monde, et, enfin, un premier disque enregistré en récital. La cantatrice Béatrice Uria-Monzon aurait pu se contenter de multiplier les personnages issus des oeuvres de Mozart, ou Rossini, sans oublier la Carmen qui a fait sa gloire, magnifiant les rôles de mezzo-soprano, cette catégorie vocale aux multiples variations, qui apporte de la chaleur aux aigus, et de la clarté aux graves.

C'était sans compter l'intense réflexion que la chanteuse apporte à son art, et - comme tout un chacun - à l'évolution de sa voix au fil du temps. De quoi remettre en cause les choix de carrière, de rôles, pour mieux faire correspondre ses aspirations et son timbre. «Pendant plus de 20 ans, j'ai chanté les rôles de mezzo soprano. Pourtant, devant l'aisance et le confort que j'éprouvais dans les aigus, je me demandais souvent si je ne devais pas changer de tessiture et me diriger vers les rôles de soprano. Mais lorsque je travaillais ces nouveaux rôles, j'avais le sentiment de perdre les racines de ma voix. J'ai donc renoncé et continué à chanter les mezzo pendant des années», explique-t-elle ainsi dans le livret de l'album. 

Avec Assoluta, paru sur le label Aparté, la cantatrice franchit enfin le pas, et s'offre par la même occasion le premier enregistrement en solo de sa carrière, et sa première incursion assumée dans le répertoire des soprano. Un sacré programme de 11 airs, enregistrés en quelques jours seulement, qui fait la part belle aux héroïnes passionnées et expressives si chères aux compositeurs transalpins, de Puccini à Bellini en passant par Verdi. On savoure ainsi, dans un jeu subtil de variation du timbre, les complaintes de Norma, de Lady Macbeth, de Tosca ou encore de Manon Lescaut.

Des femmes aux prises avec la violence des hommes, celle de leurs sentiments, et qui doivent résister pour tenter de ne pas sombrer. «A travers ce disque, j'ai le sentiment de revenir à mes premières amours, ce qui est en adéquation profonde avec qui je suis. J'aime ces femmes que je chante, je souffre, j'aime, je pleure, je doute avec elles», explique ainsi Béatrice Uria-Monzon. 

La cohérence de l'ensemble, l'attention particulière apportée à la correspondance entre le rôle et la voix, font de cet album un passionnant reflet des infinies variations que peuvent offrir une voix de soprano.

Assoluta, B.Uria-Monzon, avec l’Orchestra della Fondazione Teatro lirico Giuseppe Verdi di Trieste, dir. Fabrizio Maria Carminati, label Aparté.

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