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Bertrand Cantat : le directeur du théâtre de la Colline Wajdi Mouawad refuse de déprogrammer le chanteur

[GUILLAUME SOUVANT / AFP]

Malgré la polémique, le directeur du théâtre de la Colline Wajdi Mouawad ne déprogrammera pas Bertrand Cantat, condamné pour le meurtre de sa compagne Marie Trintignant en 2003, à qui il a confié la composition musicale de son prochain spectacle « Mère », donné à partir du 19 novembre.

Alors que le mouvement #metootheatre, qui dénonce les violences faites aux femmes au sein de la profession, a pointé du doigt la programmation de la Colline, Wajdi Mouawad est revenu dans un long communiqué sur les raisons qui le poussent à ne pas déprogrammer ce spectacle. Le metteur en scène souligne ne pas vouloir se « substituer à la justice », tout en affirmant adhérer « sans réserve » aux « combats pour l'égalité entre les femmes et les hommes et celui contre les violences et le harcèlement sexuel ».

Il a également refusé de déprogrammer Jean-Pierre Baro, un metteur en scène qui avait été visé par une plainte pour viol classée sans suite, et qui met en scène une pièce pour La Colline, un des six théâtres nationaux en France.

La justice des tribunaux souveraine selon lui 

« Je refuse de me substituer à la justice car dès lors que les civils décident de se faire justice eux-mêmes, l’Histoire nous a montré que mises à part quelques exceptions éloquentes, ils se sont aventurés sur un terrain glissant où la vengeance a pris le pas sur la complexité des conflits », note le dramaturge. Et de préciser sa position : « Voilà pourquoi ma position en tant que directeur de La Colline est la suivante : toute personne libre au regard de la loi, a le droit d’aller et venir, d’être invitée comme spectateur ou comme artiste ».

Il  précise  toutefois que « si une personne programmée ou invitée au théâtre se trouve engagée dans une procédure judiciaire, je l’inciterai à se retirer de la programmation jusqu’à ce que le travail de la justice ait été mené à son terme. À ce jour, personne ne se trouve dans cette situation dans la programmation du Théâtre de la Colline. Je ne vois donc pas en quoi je devrais (...) demander à qui que ce soit de se retirer », a indiqué le directeur libano-québecois, qui maintient la programmation du théâtre de la Colline. 

Wajdi Mouawad prêt à démissionner 

Alors que la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a fait savoir, lundi au micro de France Inter ,« regretter » que Bertrant Cantat ait été invité, précisant qu'elle n'avait « pas à intervenir dans la gestion de La Colline », Wajdi Mouawad s’est dit prêt à quitter ses fonctions.

« Si la ministre de la Culture ou le président de la République, qui m’a nommé, considèrent que mes positions sont contraires aux principes républicains, que l’un ou l’autre me le fasse savoir et je quitterai la direction du théâtre sur le champ», a noté le dramaturge, précisant refuser de participer à un mouvement «unilatéral» qui «ne souffre d'aucune nuance» et qui «punit au-delà de la justice et du droit». 

Bertrand Cantat avait été condamné à huit ans de prison en 2003. L’ex-membre de Noir désir avait bénéficié d'une libération conditionnelle en 2007. Son contrôle judiciaire a pris fin en 2011. Cette même année, il avait déjà collaboré avec Wajdi Mouawad à l’occasion de la trilogie « Des Femmes ». A l’époque, une vive polémique avait également éclaté et le chanteur n’était pas monté sur scène. Sa voix avait été enregistrée.  

Bertrand Cantat s'est depuis produit sur scène, notamment en 2014, au Printemps de Bourges, aux Francofolies et aux Vielles charrues. 

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