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Manga : Pourquoi est-il urgent de lire Rokudenashi Blues ?

[ROKUDENASHI BLUES -POCKET EDITION- © 1988 by Masanori Morita/STUDIO HITMAN/SHUEISHA Inc. ]

Ça grimace, ça s'entête et sa s'énerve un loubard, mais ça pleure et ça tombe aussi amoureux. De grands gaillards peuvent émouvoir et Rokudenashi Blues, en librairies dès le 1er juin, en témoigne. Un manga du genre furyô, à se procurer d'urgence si vous êtes fan de Tokyo Revengers et de GTO.

Pour faire honneur à ce monument édité entre 1988 et 1997 au Japon, c'est dans une toute nouvelle collection intitulée Masterpiece que Pika lui déroule le tapis rouge. Une œuvre qui n'est en réalité pas nouvelle dans la langue de Molière, puisque les lecteurs de mangas, dès les années 2000, se souviennent de sa publication coup de poing éditée par J'ai Lu sous l'excellent nom de Racaille Blues. Disparue des rayons depuis et vendue parfois à prix d'or, cette édition laisse sa place désormais à une autre, bien plus prestigieuse, ornée de pages couleurs, au format flatteur de 15 x 21 cm et d'une nouvelle traduction qui lui rend justice.

Rokudensahi Blues, c'est avant tout l'histoire d'un combat. Celui de Taison Maeda, un lycéen  voyou et bagarreur qui ne rêve que d'une chose : devenir champion de boxe professionnel, comme un certain Mike Tyson. Mais derrière son apparence de grosse brute charismatique, Taison livre aussi des sentiments plus complexes et une certaine fragilité touchante, alors que la testostérone exicte également son corps d'adolescent.

Masanori Morita dans la légende

De fortes têtes attendrissantes, c'est au fond le combat mené par l'auteur Masanori Morita, qui détruit les préjugés tout au long des 42 tomes originaux qui composent cette série hors normes, qui contribua à centrer les récits du Weekly Shônen Jump dans un monde plus réaliste, loin de la fantasy de Dragon Ball et de Saint Seiya. 

Rokudenashi Blues a contribué à sublimer le genre furyô au JaponMehdi Benrabah

Il faut souligner de Masanori Morita a été à bonne école, puisqu'il fut l'assistant de Tetsuo Hara  sur Hokuto no Ken (alias Ken le survivant en France). Une référence en termes de dessin et un héritage qui ressort à travers des planches sublimes où les personnages imposent leur charisme. «On peut dire que Rokudenashi Blues est un "game changer" puisqu'il a contribué à sublimer le genre furyô au Japon [NDR : qui met en scène de jeunes délinquants au grand cœur] et à mon sens il faut l'avoir lu pour mieux décrypter ce genre. Je considère même qu'il est de mon devoir d'éditeur d'aller chercher ou de faire revivre des mangas de ce type pour avoir une approche pédagogique. Dans cette collection Masterpiece, je veux dire aux lecteurs : voilà un classique  qu'il faut avoir lu», explique à CNEWS Mehdi Benrabah, directeur éditorial chez Pika.

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«Ici les illustrations sont très esthétiques, riches en détails et surtout le récit offre une profondeur à ses personnages qui est à la hauteur de ce graphisme. Une fois qu'on se plonge dans Rokudenashi Blues, on va voir un auteur qui ne cesse de monter en puissance dans la maîtrise de son art. Aujourd'hui, son style n'a pas pris une ride. Il y a beaucoup de mangas furyô, mais il y a celui-ci et les autres. Taison Maeda est inoubliable. C'est un bagarreur mais il n'a pas la technique. Donc on va suivre son évolution dans le milieu de la boxe. C'est un personnage charismatique et sa bande est fascinée par lui. On peut vraiment dire que Taison a le feu en lui», détaille Mehdi Benrabah.

Et de poursuivre : «C'est un titre purement shônen, même s'il peut plaire aux adultes. Il y a la tension des combats, mais beaucoup de situations humoristiques viennent contrebalancer cela. C'est aussi l'âge des premiers émois, avec des garçons qui ne sont pas très fins avec les filles. Cela reste un récit très universel».

Un héritage remarquable

Surtout, l'auteur s'immisce au plus près de la vie des lycéens, à l'instar de l'autre grande série qui fut sa contemporaine dans les pages du Weekly Shônen Jump : Slam Dunk. A tel point qu'une «saine rivalité» s'instaura entre Masanori Morita qui avait fait le choix de la boxe, et Takehisko Inoue qui choisit le basket pour Slam Dunk (éd. Kana), où leurs styles comptent parmi les plus impressionnants du Jump. Les deux s'influençant mutuellement.

«Parmi les influences, on peut aussi souligner l'héritage d'Ashita no Joe (éd. Glénat), édité entre 1968 et 1973. Il s'agit d'un classique sur le manga de boxe, discipline qui est le fil rouge de Rokudensahi Blues. On peut aussi citer Be-Bop High School de 1983 (48 tomes encore inédits en France) qui fit parti des mangas qui donna ses lettres de noblesse au genre furyô», précise Mehdi Benrabah.

Dans la nouvelle édition Masterpiece, Pika s'emploie d'ailleurs avec talent à traduire le vocabulaire bien particulier de Rokudenashi Blues. «Nous avons confié la traduction à Pascale Simon. Elle est familiarisée avec les codes du furyô, puisqu'elle a déjà travaillé sur des titres similaires comme Bakuon Rettô et Ushijima - L’usurier de l’ombre [NDR : tous deux chez Kana]. Je voulais que l'on conserve la gouaille de ces personnages hauts en couleur».

Il en résulte une édtion de grande qualité qui condensera les 42 tomes initiaux en 25, avec une sortie programmée tous les deux mois. Et l'on espère un jour voir le retour de Rookies, du même auteur et porté quant à lui sur le base-ball.

Rokudenashi Blues, de Masanori Morita, éd. Pika, tome 1 disponible le 1er juin. 

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