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Stacey Kent, en concert le 8 juin à Paris : «Retrouver le public me donne une force énorme»

La chanteuse américaine et francophone a dévoilé 5 titres bonus sur son dernier album, «Songs From Other Places» © Benoît Peverelli

La chanteuse américaine et francophone a dévoilé 5 titres bonus sur son dernier album, «Songs From Other Places». Alors que sa tournée commence le 8 juin prochain au théâre Marigny, à Paris, elle évoque son plaisir de retrouver la scène et transmettre ses émotions au public.

Comment en êtes-vous arrivée au jazz ? Par quelle musique avez-vous été bercée ?

Enfant j'écoutais plein de musique, sans avoir aucune idée de quel type de genre c'était. Ce ne sont pas des questions qu'on se pose quand on est jeune, pas moi du moins. J'alternais entre les genres, j'étais émue par la musique classique autant que par le jazz, ou ce que j'entendais au cinéma, à la radio... Pour moi, la priorité ça a toujours été les paroles, les mélodies, la sensibilité, l'univers. Alors bien sûr j'adore le jazz, mais je ne me suis jamais dit que je voulais faire partie de cette catégorie, c'est le monde qui catégorise.

Pour vous, quel est le but principal de la musique ?

Il y avait beaucoup de tensions chez moi quand j'étais jeune, donc la musique était une échappatoire, me transportait dans d'autres univers. Après l'école, j'étais enfermée dans ma chambre avec la radio, mes disques et ceux de mes frères et sœurs plus âgés que moi.

Bien qu’américaine, vous avez un lien fort avec la France, notamment via votre grand-père, il vous a transmis très tôt une culture de la chanson française ?

Tout à fait. Il avait ce désir de retourner en France mais à cause de la famille et du travail il n'a jamais pu. Il a échangé quelque chose qu'il adorait contre un pays qu'il aimait moins. Et pour lui, la façon de garder son rapport et sa passion, son besoin même, pour la France, c'était de la partager avec moi à la maison. Il me faisait écouter plein de choses, qui m'ont énormément influencées. À l'époque, je ne connaissais pas du tout cette culture, j'étais trop petite, mais j'écoutais Michel Legrand, Léo Ferré... Ce dernier m'a particulièrement marquée, il y avait une passion et une tristesse chez lui. Je pense que c'est cette douleur qui attirait mon grand-père.

En 2010, vous avez chanté en français sur tout un album, «Raconte-moi», d’où est venue cette envie ?

Je savais depuis toujours que je ferais un album en français. Je chante dans cette langue depuis toujours, depuis le début de ma carrière. On fait des disques de temps en temps mais il y avait aussi beaucoup de morceaux que j'ai interprété sur scène, qui n'étaient pas sur les albums, en français. Avec le côté «L'Américaine qui chante en Français», j'aurais pu choisir des chansons très connues mais ce n'était pas ce que je voulais, j'ai eu la chance d'être entourée de compositeurs qui ont créé les chansons pour moi sur-mesure.

Comment avez-vous sélectionné les titres bonus de l’album ?

La liste était très longue, et continue d'ailleurs de s'allonger, mais il fallait bien choisir ! Ce qui est sûr, c'est qu'on va sortir un «Songs From Other Places Part II», car on a tellement de chansons et d'envies. On a décidé de sortir l'album dans un premier temps puis de les ajouter au moment de la tournée, ça faisait sens.

Que provoque ce retour à la scène après le Covid ?

C'est énorme, l'intensité d'être sur scène de nouveau ! Se retrouver avec les musiciens, le public, il y a une force énorme. J'en suis encore plus consciente depuis la pandémie. Toutes les chansons parlent de la condition humaine, que ça soit dans les paroles, dans les harmonies...

Quel impact a eu la pandémie sur votre production musicale ?

C'était magnifique, j'ai eu énormément de chance. Il y avait beaucoup de souffrance autour du monde, on était conscient de ça chaque heure de chaque jour. La douleur mondiale nous a beaucoup touchés mais nous avions aussi la chance d’être épargnés. Déjà, nous habitons en pleine campagne, donc finalement nous sommes déjà un peu confinés dans notre bulle au quotidien. On vit au milieu de rien, il n'y a que nous, les montagnes et la mère Nature. Donc je dirais qu'on était construit pour ça ! Pendant ces jours de confinement, on avait plein de moments pour jouer notre musique, créer, réfléchir, il y a beaucoup de choses qui se sont passées. Nous n'étions pas interrompus par les breaks des tournées, même si on adore l'exercice.

Vous avez sorti de nombreux albums studio, est-ce que vous vous imposez un rythme ou vous faites selon vos envies ?

J'ai un planning, mais je suis beaucoup plus libre qu'avant. Au début de ma carrière, j'étais plus jeune et j'étais davantage influencée par les maisons de disques qui me demandaient de refaire des albums et des tournées. J'ai trop travaillé, et je n'avais plus assez de temps pour tout donner à chaque album, j'étais un peu déçue. Et finalement, quand je suis devenue plus âgée et plus confiante, j'ai dis que j'avais besoin de temps. Je devais sortir le suivant en 2006, mais j'ai demandé à le décaler en 2007. J'ai pu y mettre beaucoup plus d'énergie et j'étais très fière. C'était le «turning point» pour moi. Maintenant, je prends mon temps à chaque album. J'ai un planning car j'ai des idées, mais je les sortirai quand je serai prête.

J’ai lu dans une interview que vous ne vouliez pas écrire et que vous vous considériez comme interprète, l’exercice de l’écriture ne vous a jamais tentée ?

Toujours pas ! On ne peut pas expliquer pourquoi on va aimer quelque chose ou ne pas en aimer une autre, c'est très compliqué. Je sais que je suis interprète, j'aime la parole et j'aime le fait de faire vivre et danser dans l'air des morceaux. Partager une parole, c'est quelque chose de très fort. J'adore ce rôle. Vous savez quand des amis viennent vous rendre visite, vous allez leur dire «venez avec moi je vais vous montrer cette superbe rue, ces arbres», et bien moi je veux présenter ces arbres, ces rues, ces histoires, ces personnages. J'ai toujours été comme ça. Quand je lis à la maison, je lis à haute voix. J'aime aussi qu'on me lise à haute voix, ça marche dans les deux sens !

Quel serait le plus beau compliment que vous pourriez recevoir d’une personne ayant écouté votre album ?

J'adore quand on me dit «Stacey, vous m'avez fait oublier le monde réel». J'aime faire voyager les gens, et voyager avec eux. Nous sommes des étrangers, mais la musique va nous réunir et nous allons partager un moment, oublier les choses quotidiennes, la douleur que l'on peut expérimenter. Je suis émue par ça.

Stacey Kent, en concert le 8 juin au théâtre Marigny, Paris 8e, puis en tournée dans toute la France. Album «Songs from others places», label Candid.

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