En direct
A suivre

Rencontre avec Film Noir, groupe de rock le plus cinématographique du moment

Tous deux dans l’industrie du cinéma, ils dévoilent – accompagné de leurs musiciens - des titres aux airs du film de leur vie © Film Noir

Mené par une fratrie - Joséphine et Alexandre de La Baume - le groupe Film Noir met en musique les héros et les anti-héros du quotidien. Tous deux dans l’industrie du cinéma, ils dévoilent avec leurs musiciens des titres aux airs du film de leur vie.

Enfants, adolescents, quels sont vos premiers souvenirs musicaux ? 

Joséphine : Nos parents qui écoutaient de la musique classique, mais très fort, un peu comme du métal. Notre grand-frère jouait du saxophone et écoutait du jazz. Alexandre et moi on écoutait des choses assez différentes. 

Alexandre : Joséphine était assez hip-hop puis rock, moi plutôt indie. J’étais obsédé par Radiohead pendant trois ans de ma vie. Ça faisait une ambiance musicale assez particulière à la maison, les murs tremblaient de tous nos genres musicaux (rires). 

Joséphine : On se faisait vachement partager les artistes qu’on écoutait, on était très curieux de ce qu’écoutait l’autre, mais que tous les deux.

Alexandre : La primo-jeunesse de la musique qu’on fait maintenant ensemble c’était ça, se faire écouter de la musique. 

A quel moment est-ce que vous avez commencé à pratiquer ? 

Joséphine : J’ai commencé à prendre des cours de piano enfant, Alexandre de guitare. Il avait d’ailleurs une guitare qui était plus grande que lui (rires). Adolescents on a commencé à jouer un peu ensemble, au début plutôt pour passer du temps ensemble, et finalement, ça a commencé à ressembler à quelque chose qu’on pouvait faire écouter. On a eu un premier groupe, un peu plus pop-rock, un peu plus candide. Puis, au fur et à mesure, la musique devenait de plus en plus le soundtrack de nos histoires. 

Alexandre : Notre premier groupe c’était un peu le prolongement de nos jeux d’enfants, très ludique. Ça a un peu été l’école de la musique pour nous. Alors qu’avec Film Noir il y a un côté où la vie s’en est mêlé, nos expériences personnelles, nos joies et nos douleurs… D’un coup on a transformé nos expériences de vie en musique. 

Un peu comme un journal intime finalement… 

Joséphine : Complètement, c’est très cathartique comme projet ! De sublimer ces personnages, d’en faire presque des héros littéraires ou de cinéma, des personnages mythologiques.  

Qu’est-ce qui vous inspire le plus, les moments tristes ou joyeux ?

Joséphine : Tristes ! Ce ne sont que des personnages différents, qui sont des facettes d’un être humain, et chacun vit une situation de crise. On essaye d’explorer le geste héroïque ou antihéroïque que le personnage va faire dans cette situation. 

Le nom Film Noir vient du fait que votre musique est cinématographique, pour vous chaque chanson est un peu comme un mini-film ?

Joséphine : J’écris d’après des images personnelles, et j’ai souvent des images de films ou de documentaires en tête. J’aime emmener les personnages, qui sont chacun une partie de moi, dans des situations cinématographiques.

Alexandre : Globalement, on écrit beaucoup notre musique en image, on va moins se dire «on veut que ça sonne comme tel ou tel groupe» que de se raconter l’histoire et la visualiser, se dire «là on est à Paris la nuit». Si je pense à Erotica par exemple, c’est vraiment la fin de soirée, un peu brumeuse, et en même temps l’héroïne est encore en quête de plus. Bien sûr, elle cherche plus que l’amusement dans cette soirée. Mais voilà, on va partir d’un petit film. 

Joséphine : D’ailleurs le premier clip qu’on a tourné, on l’a tourné sur pellicule. 

Vous travaillez dans le cinéma d’ailleurs non ? 

Alexandre : Oui, de deux façons différentes. Joséphine est actrice, et moi je fais des musiques de film. 

Si vous aviez dû composer une BO de film, ça aurait été laquelle ? 

Joséphine : J’aurais adoré «2001, l'Odyssée de l'espace» de Stanley Kubrick. En toute simplicité ! 

Alexandre : Un film que j’adore, enfin la musique est parfaite donc je ne voudrais pas la refaire, c’est «Phantom of the Paradise». Mais j’aurais aimé que ça soit moi, je remplace Paul Williams dans le crédit et voilà (rires). 

Travailler entre frères et sœurs a toujours été naturel ? 

Joséphine : Je sais qu’il y a des fratries où ça s’est mal passé. Mais nous au contraire, on a plutôt tendance à finir les phrases l’un de l’autre, on travaille plus rapidement, on n’a pas besoin de tout expliquer, très vite on voit où on veut en venir. On se complète assez bien. 

Alexandre : On est quatre à être là depuis pas mal de temps, on s’est rencontré par des amis communs via la scène rock parisienne. Et ce qui nous a reliés, c’est cette volonté de faire de la musique comme un exécutoire. Les répètes commencent souvent par chacun qui raconte ce qui s’est passé dans sa vie. On a tous eu pas mal de galères ces dernières années, et on essaye de le mettre en musique. Même si les textes viennent de Joséphine, on s’y retrouve tous. 

Dans une interview, vous disiez qu’il n’y avait pas assez de groupes qui chantaient en français. Vous trouvez qu’il y a une amélioration ?

Alexandre : C’est revenu très fort là ! Il y a d’autres groupes qui l’ont fait avant mais je pense que ceux qui ont remis ça au goût du jour c’est la Femme. Ils l’ont re-rendu cool à une époque qui était dominée par l’électro, Justice, Daft Punk etc… D’un coup, La Femme est arrivée avec un truc un peu vintage sixties, avec des textes parfois très naïfs mais assumés comme tel. Et ça fait énormément de bien parce que c’est une très belle langue le français ! Pour des groupes francophones, ça permet quand même d’avoir un vocabulaire plus riche, c’est moins évident parfois, surtout avec le rock, mais il y a des choses à trouver. Ça crée une nouvelle contrainte qui est intéressante. 

Dans l’émission Basique, vous définissiez votre musique comme 'viscérale'. C’est le meilleur adjectif ? 

Joséphine : Ça revient toujours un peu à la nécessité d’avoir besoin d’exorciser quelque chose. On sent cette urgence musicalement et dans les paroles je pense. Il y a l’idée de quelque chose qui a besoin de sortir. Et ça se sent aussi dans l’enregistrement, on le fait souvent sur bande, en très peu de prises, en live. C’est comme un cri. 

Alexandre : Comme la vérité d’un moment. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités