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Pierre Soulages : le président de la République a rendu un hommage national au peintre dans la cour carrée du Louvre

Décédé le 26 octobre à l'âge de 102 ans, le peintre français Pierre Soulages a reçu ce mercredi un hommage national. Le président de la République a prononcé l'éloge funèbre dans la cour carrée du Louvre, à Paris.

Décédé le 26 octobre dernier à l'âge de 102 ans, le peintre français Pierre Soulages, connu dans le monde entier pour avoir mis la couleur noire au cœur de son travail, a reçu les honneurs d'un hommage national, ce mercredi à Paris, dans la cour carrée du Louvre, en présence du président de la République, de membres de sa famille et du gouvernement. Avant lui, seuls trois artistes avaient eu droit à une telle cérémonie, Georges Braque en 1963, Le Corbusier en 1965, et André Malraux en 1976

Arrivé peu après 15h accompagné de Brigitte Macron, Emmanuel Macron s'est brièvement entretenu avec Colette Soulages, la femme du peintre qui l'accompagnait dans son travail depuis plus de quatre-vingts ans. Dans la foulée, la Garde Républicaine est entrée dans la cour, portant le cercueil de Pierre Soulages, orné des trois décorations reçues par le peintre : Grand-croix de la Légion d’honneur, Grand-croix de l'ordre national du Mérite, mais aussi Officier du soleil levant, une décoration japonaise, pays avec lequel il avait noué une profonde amitié, y étant qualifié de «trésor vivant». 

«Un classique de son vivant»

Entouré par d'immenses portraits du peintre déployés dans la cour carrée du Louvre, Emmanuel Macron a ensuite pris la parole pour l'éloge funèbre. Sur un ton empreint de gravité, il a souligné le symbole que représentait un éloge au cœur du Louvre, entouré de tant de grands artistes.

Lui qui avait fait l'objet d'une rétrospective, fait rare de son vivant, «pour fêter son siècle d'existence, au Louvre», en 2019, en «grand maître de la peinture, un classique de son vivant». «Au fond, Soulages n'avait pas d'âge. Il débordait son époque», a expliqué le président, dont la passion pour le peintre est connue, à l’image du tableau intitulé «2 décembre 1989», accroché depuis longtemps dans son bureau, ou des lettres de vœux de l’Élysée, sur lesquelles figurait l’an dernier l’une de ses œuvres. 

Après avoir évoqué son enfance, à Rodez (Aveyron), entouré de sa mère et de sa sœur après la mort de son père quand il avait 7 ans, il a rappelé à quel point sa quête d'une œuvre marquée par le noir était précoce chez lui. «L'art fut son refuge et sa consolation» dans les périodes troublées de la Seconde Guerre mondiale, a rappelé Emmanuel Macron, une époque durant laquelle il connut à l'inverse une grande joie, avec la rencontre de sa femme Colette, en 1941, et qui «se marièrent par une nuit noire, vêtus de noir».

Il a finalement expliqué en quoi Pierre Soulages a pu devenir cet artiste mondialement célèbre, pour lequel «plus de 500.000 visiteurs s'étaient rendus au Centre Pompidou pour une rétrospective», avant de conclure sur le testament que le peintre nous lègue : «La Nation porte la couleur noire du deuil, mais Pierre Soulages nous a appris à y déceler la lumière. Pour cela, merci.»

Après une minute de silence, le public s'est levé. On ainsi pu y reconnaître de nombreux membres du gouvernement, dont la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak, ou encore Isabelle Rome, ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes. Étaient aussi présents la maire de Paris Anne Hidalgo, le président du musée Soulages Alfred Pacquement, ou encore la présidente-directrice du Louvre Laurence Des Cars. La cérémonie s'est conclue par une Marseillaise interprétée par la Garde Nationale.

À noter que dans le prolongement de cette cérémonie, et à la demande de Colette Soulages, une messe aura lieu ce vendredi 4 novembre à l’abbaye Sainte-Foy de Conques (Aveyron), à 14h30. Un choix symbolique, puisque le peintre avait lui-même réalisé les nouveaux vitraux de l’abbaye entre 1987 et 1994.

Une renommée mondiale

En 2019, pour ses 100 ans, le natif de Rodez (Aveyron) avait donc déjà eu droit aux honneurs du Louvre, cette fois dans le Salon Carré, un fait rarissime pour un artiste vivant. Cette exposition venait couronner des décennies de créations atypiques, et uniques au monde. Dès son plus jeune âge, Soulages avait beaucoup travaillé à partir de brou de noix, avant de poursuivre avec ses grands aplats noirs de peinture à l'huile, qu'il raclait, grattait et modelait presque dans l'épaisseur de la peinture, faisant surgir des nuances de rouge, de bleu et des transparences inattendues.

Il avait ensuite basculé dans ce qu'il appelait «l'outrenoir» en 1979, alors qu'il peinait sur une œuvre entièrement recouverte d'un noir épais, striée par hasard. «J'aime l'autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité (...) Le noir a des possibilités insoupçonnées», expliquait ainsi l'artiste. 

Une de ses toiles de 1961 a été vendue à 20,2 millions de dollars à New York en novembre 2021. Un autre tableau, sobrement intitulé «Peinture 162x130 cm, 2 mai 1963» s'est vendu mercredi dernier pour près de 6 millions d'euros, a annoncé Sotheby's. 

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