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Bastien Vivès : une association porte plainte contre l’auteur de BD et ses maisons d'édition pour diffusion de pédopornographie

Il est notamment reproché au dessinateur d'inciter à la commission d’agressions sexuelles sur mineurs et la diffusion de messages violents. [JOEL SAGET / AFP]

Après l’annulation de son exposition au festival d’Angoulême, Bastien Vivès et les maisons d’édition qui publient ses ouvrages font désormais l’objet d’une plainte pour diffusion de pédopornographie.

L'association Innocence en danger a déposé plainte mardi pour des infractions de pédopornographie visant l'auteur de bandes dessinées Bastien Vivès et les maisons d'édition qui ont publié trois de ses œuvres en 2011 et 2018, à savoir Glénat et les Requins Marteaux.

L’association dénonce la diffusion dans les œuvres de l’artiste d’images pédopornographiques, l’incitation à la commission d’agressions sexuelles sur mineurs et la diffusion à un mineur de messages violents.

Selon Innocence en danger, le dessinateur comme les maisons d'édition «avaient parfaitement conscience de la minorité des personnages et du caractère pornographique des situations dans lesquelles ils se retrouvaient».

«Ces ouvrages présentent une image dégradante des mineurs qui sont soumis à des traitements inhumains et crus», estime l'association dans sa plainte.

Elle vise précisément «La décharge mentale» (éd. Les Requins Marteaux, 2018), «Les Melons de la Colère» (éd. Les Requins marteaux, 2011), ainsi que «Petit Paul» ( éd. éditions Glénat, 2018), trois albums dans lesquels «des mineurs sont représentés tant dans le cadre d'activités sexuelles avec des majeurs qu'exhibant leurs parties intimes».

«Ces bandes dessinées par leur banalisation de tels actes sont une provocation à la commission d’abus sexuels sur mineurs pour des personnes fragiles qui pourraient penser que de telles relations sont la norme, estime encore Innocence en danger. Elles étaient et sont toujours accessibles aux mineurs qui pourraient parfaitement penser que les relations entre adulte et enfant ou adolescent doivent se passer de la sorte».

En 2018, après la parution de «Petit Paul», les éditions Glénat s'étaient défendues en affirmant qu'«aussi obscène et provocatrice qu'on puisse la considérer, cette œuvre de fiction n'a jamais pour vocation de dédramatiser, favoriser ou légitimer l'abus de mineur de quelque manière que ce soit». Un signalement, adressé à l'époque par l'association Face à l'inceste demandant le retrait de cette BD, avait été classé sans suite pour «absence d’infraction» en février 2019, selon le parquet de Nanterre.

L’expo à Angoulême annulée

Bastien Vivès, 38 ans et figure du 9e art, devait être à l'honneur avec l'exposition «Dans les yeux de Bastien Vivès», prévue à Angoulême pendant le Festival de la bande dessinée, fin janvier.

Mais la direction du festival a annoncé la semaine dernière l'annulation de cette exposition, invoquant des «menaces» qui ont visé l'auteur et les organisateurs. Une pétition en ligne exigeant la déprogrammation de l'exposition, lancée par Arnaud Gallais, fondateur du mouvement BeBrave France, qui milite contre l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, avait recueilli la veille de la déprogrammation 92.000 signatures. Les détracteurs de Bastien Vivès lui reprochent, également, d'avoir lancé sur Facebook des appels à la violence, sous pseudonyme, contre la dessinatrice féministe Emma en 2017.

Le lendemain, de l’annulation de l’exposition, dans un message sur Instagram, Bastien Vivès avait présenté ses excuses pour certains de ses propos, tout en contestant toute «complaisance» envers la pédocriminalité. «A aucun moment je n'ai voulu blesser des victimes de crimes et abus sexuels. Et je tiens évidemment, si mes propos ont pu heurter ces personnes, à leur présenter mes plus sincères excuses», avait-il ajouté.

«Une représentation ou une image d'un mineur en situation pornographique est punie par la loi. Il m'apparaît qu'un certain nombre de dessins [de Bastien Vivès] relèvent de la loi», avait déclaré Charlotte Caubel, la secrétaire d'Etat chargée de l'Enfance, magistrate de profession, sur franceinfo. «C'est à la justice de se prononcer pour qualifier les faits», avait-elle estimé. En France, la diffusion d'images pédopornographiques est passible de 5 ans de prison et de 75.000 euros d'amende.

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