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«Les Rascals» : on a vu le choc français de ce début d'année

«Les Rascals» suit un groupe de jeunes de banlieue parisienne en pleine montée de l'extrême droite. [©Lea Rener]

Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Jimmy Laporal-Trésor nous propose un retour vers le passé dans «Les Rascals», en suivant un groupe de jeunes de banlieue parisienne dans les années 1980. Le film français à voir en ce début d'année.

Flashback direction les années 1980. Le disco, l’émergence du marché vidéoludique, beaucoup de fluo et les outrances capillaires. L’autre versant, moins lumineux, c’est, en France, la déliquescence inéluctable du Parti communiste et la montée progressive de l’extrême-droite politique.

C’est dans ce contexte social que s’ancre «Les Rascals», le premier long-métrage de Jimmy Laporal-Trésor (nommé aux Césars 2022 pour «Soldat Noir» dans la catégorie meilleur court-métrage). Ces Rascals, ce sont cinq jeunes hommes de banlieue, symbole de ce qu’une certaine bourgeoisie appellerait la France «Black Blanc Beur». Alors que les comparses flânent dans Paris et sa petite couronne, l’un d’eux se venge violemment sur un ancien skinhead. Démarre alors une spirale de la vengeance pour ces jeunes adultes à peine sortis du cocon.

Divertissement et réflexion politique

Pourtant, la scène d’introduction, entre enfance et images d’archives (du photojournaliste Philippe Chancel), nous renvoie plutôt à une atmosphère candide, punk, délicieusement dépravée et libertaire, renforcée par sa photographie solaire. «Les Rascals» tient alors du film de bandes, proche de «Breakfast Club» de John Hughes.

Peu à peu, le film de Jimmy Laporal-Trésor durcit son ton, jusqu’à sombrer dans la dureté et la violence graphique. Car le réalisateur n’a pas l’intention de rester dans une case fixe. À la fois très musical, drôle, mais aussi âpre et politique, son œuvre entend autant divertir que faire mûrir l’idée que l’extrême-droite reste une voie de la peur.

Ce qui fait ainsi la réussite des «Rascals», c’est surtout sa volonté d’humaniser tous ses personnages. Que ce soient les jeunes de la bande ou leurs opposants politiques, tous sont suivis d’un même point de vue : ceux de jeunes pris au gré de leurs incertitudes amoureuses, familiales et intellectuelles. Par ce procédé d’écriture, le réalisateur évite la démagogie, le manichéisme et l’émotion facile.

Une réussite qui se confirme également dans la mise en scène. Pourvue de quelques références évidentes, notamment «Les Guerriers de la Nuit» de Walter Hill, ou «Tchao Pantin» de Claude Berry, elle arrive à s’émanciper de ses ainés grâce à une fluidité remarquable, à coups de plans-séquences vivants et dynamiques.

À son terme, «Les Rascals» offre, grâce à sa tonalité hybride et son récit engageant, un vent de fraîcheur sur le cinéma français. Jimmy Laporal-Trésor signe ce qui est, à coup sûr, l’un des meilleurs films de ce début d’année, empli d’une énergie folle et d'un sentiment constant de liberté. Et la possibilité pour les salles obscures d’attirer un public plus jeune qu’à l’accoutumé.

Les Rascals, de Jimmy Laporal-Trésor, 1h45. En salles le 11 janvier.

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