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Mort de Leiji Matsumoto : quand le papa d'Albator confiait son amour pour la France

Albator, le célèbre corsaire de l'espace. [© Leiji Matsumoto/Akitashoten]

Grand monsieur du manga et de l'animation japonaise, Leiji Matsumoto s'est éteint à l'âge de 85 ans. En juillet 2019, il était venu à la rencontre de son public français lors de Japan Expo. Le papa d'Albator et de Galaxy Express 999 avait tenu une conférence à laquelle CNEWS avait assistée. L'artiste avait alors confié son amour pour la France.

La mort de Leiji Matsumoto rappelle à tous les amateurs de mangas et d'animes combien cet homme a eu une influence sur l'adoption de la culture japonaise à travers le monde. Un public admiratif de son œuvre (Albator, Galaxy Express 999, Gun Frontier...) s'était ainsi rendu à l'édition 2019 de la Japan Expo pour assister à une master class, où l'auteur s'était longuement confié sur son amour pour notre pays. C'est d'ailleurs un artiste ému qui s'était présenté devant un parterre de 300 festivaliers. «La France m'a énormément influencé et je l'en remercie. J'espère vous rendre ce que votre pays m'a apporté», avait-il expliqué humblement.

«Cette attache particulière à votre pays, je l'ai depuis mon enfance, confiait-t-il. Mon père était pilote et a été formé par un escadron français. Le destin est une chose bizarre. Car, plusieurs années plus tard, les descendants de cet escadron sont venus me voir et il y avait comme une sorte d'affinité avec eux, un lien qui ne serait pas rompu».

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© n.cailleaud/CNEWS

Francophile depuis sa jeunesse, Leiji Matsumoto aimait le romantisme et le cinéma hexagonal. «J'ai été particulièrement marqué par un film que j'ai vu lorsque j'avais 15 ans. Ce film de Julien Duvivier s'appelle Marianne de ma Jeunesse (1955). Non seulement les acteurs et actrices m'ont beaucoup influencé dans mes mangas, notamment pour représenter les femmes, mais il y a une phrase intéressante de ce film que j'ai toujours retenue : "Je sais que c'était mon destin de vous recontrer". Lorsque je suis venu en France, bien des années plus tard, je me suis rendu sur les lieux du tournage et j'ai compris que mon destin était de venir dans ce pays.»

J'ai été particulièrement ému par l'incendie de Notre-DameLeiji Matsumoto

L'homme s'était également dit profondément touché par l'incendie de Notre-Dame, qui avait eu lieu en avril de la même année. «J'avais eu l'honneur de monter en haut de la flèche de la cathédrale. Lorsque j'ai vu les images à la télévision, j'ai été particulièrement ému».

Devenu aujourd'hui une légende parmi les auteurs japonais, Leiji Matsumoto aurait fêté en 2023 ses 71 ans de carrière en tant que mangaka. Une longévité record qui l'a amené à conter des histoires très différentes mais, surtout, toutes reliées entre elles.

Du manga Gun Frontier (1972), qui rend hommage aux westerns en vogue à cette époque, à Galaxy Express 999 (1977), en passant par Captain Herlock -alias Albator- (1977) ou Yamato, le cuirassé de l'espace (1974), plusieurs dizaines de séries s'inscrivent dans le «Leijiverse». «Gun Frontier est à considérer comme le début de cette histoire, et les héros de ce western sont les aïeux d'Albator et de Tochiro, de même que la Queen Millenium est la mère de Maetel et Emeraldas que vous retrouvez dans mes œuvres. Pour moi, ce long voyage se termine avec Galaxy Express 999, qui est à comprendre comme la conclusion.»

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© Leiji Matsumoto

Car l'auteur a toujours rêvé de voyage intergalactique. Le mot «Galaxie» le passionnait, et s'il a toujours voulu devenir technicien aérospatial, c'est finalement son œuvre entière qui a fini par être orientée vers le voyage spatial, après que la Terre a été délaissée par les hommes. Un besoin de s'évader lié à son enfance et son rêve de devenir pilote, qui ne l'a jamais empêché finalement de voler. «Malgré ma myopie, j'ai pu prendre les commandes de différents avions tout au long de ma vie, j'ai même pu piloter brièvement le concorde lors d'un voyage vers Rio de Janeiro. Aujourd'hui, j'ai toujours envie de voler, même à bord d'une fusée !»

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