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Festival de Cannes 2023 : voici l'agenda de sortie des films primés par le jury

Justine Triet est la troisième femme dans l'histoire du Festival de Cannes à recevoir une Palme d'or. [© Loïc Venance/AFP]

Le jury a livré son verdict pour la 76e édition du Festival de Cannes. Désormais, place au grand public dans les salles pour aller découvrir les pépites qui ont été couronnées fin mai.

Cannes, les lendemains de Palmarès, c'est un peu comme les lendemains de réveillon de Noël : la fête est finie, les cadeaux distribués. Certains sont heureux, d'autres surpris et pas mal sont déçus. Forcément, sept trophées pour vingt-et-un films en compétition, on ne peut pas plaire à tout le monde, mais on peut au moins se fixer un agenda pour les virées dans les salles obscures.

La Palme d'Or : «Anatomie d'une chute», en salles le 28 août  

«Anatomie d'une chute», de Justine Triet, avait réussi dès les premières projections à séduire les festivaliers et la presse internationale. Rigueur de l'écriture, précision de la mise en scène (séquences de tribunal mémorables). Surtout, le film (que Justine Triet a écrit avec son compagnon le cinéaste Arthur Harari) ne va jamais forcément là où on l'attend. Les personnages restent opaques, les questionnements autour de cette mystérieuse chute mortelle abondent : secrets de familles, rancœurs, non-dits. La réalisatrice de «Sibyl» et de «Victoria» autopsie son sujet de départ avec la veine d'une enquêtrice doublée d'une psychanalyste. Brillant !  

Le Grand Prix du Jury : «The zone of interest», en salles cet automne

«The zone of interest», de Jonathan Glazer, aura électrisé la Croisette avec son approche radicale et expérimentale, froide, clinique et pourtant terriblement efficace qui suggère l'horreur du génocide par le hors-champs. Un travail sur le son, l'image, les cadrages et les mouvements de caméra absolument remarquable. Un film qui fera date.

Le Prix de la Mise en scène : «La passion de Dodin Bouffant», en salles le 8 novembre

Au bonheur des pupilles. «La passion de Dodin Bouffant», de Tran Anh Hung, est une déclaration d'amour à la bonne chère. Une ode aux saveurs du palais et aux plaisirs d'antan à la fin du XIXe siècle, dans l'Anjou rustique et bucolique qui évoque parfois «Un dimanche à la campagne» de Tavernier. Un film épicurien et romanesque, gourmet et gourmand où la mise en scène s'apparente à un ballet de plats et de desserts, de mets et de salades en tous genres. Le tout filmé avec sensualité, presque avec érotisme ! Juliette Binoche et Benoit Magimel en amoureux non déclarés sont épatants.

Le Prix du Jury : «Les feuilles mortes», en salles le 20 septembre

Elle vit seule et tente de s'en sortir tant bien que mal grâce à des boulots ingrats. Lui est ouvrier porté sur l'alcool. Ce qui ne le sert pas forcément pour conserver un emploi sérieux. Leurs solitudes vont se croiser et, comme dans un conte décalé plein de poésie urbaine, de mélancolie et d'espoir réaliste, c'est drôle, touchant et plein de fantaisie, d'élégance et de musique pop (même du Joe Dassin !). Une comédie humaine signée Aki Kaurismaki, sous forme de romance qui met à l'honneur un cinéma artisanal et inspiré, hors mode et d'une belle générosité.

Le Prix d'Interprétation masculine pour Koji Yakusho dans «Perfect Days», en salles le 29 novembre

«Perfect days» de Wim Wenders, le film le plus audacieux de cette sélection ? Jugez plutôt : le réalisateur de «Paris-Texas» nous propose de suivre un agent d'entretien des sanitaires/toilettes publiques de Tokyo, dont le seul regard en dit plus long que des discours superflus. C'est drôle, tendre, surprenant, jamais ennuyeux et plein de poésie.

le prix d'interprétation féminine pour Merve Dizdar dans «Les herbes sèches», en salles le 12 juillet

C'est la première fois qu'une actrice turque a décroché ce prix, pour le film «Les herbes sèches» du réalisateur Nuri Bilge Ceylan, Palme d'or en 2014 pour «Winter sleep». Il revenait cette année avec un drame se déroulant en Anatolie, mettant en scène un professeur confronté à des accusations de harcèlement, dans un pays en proie à d'innombrables bouleversements, sociaux, économiques et religieux.

Au final, malgré quelques regrets («L'enlèvement» de Marco Bellocchio, qui aurait pu obtenir le prix du scénario, ou l'absence du Nanni Moretti pourtant si sublime), le Palmarès 2023 délivré par Ruben Ostlund et ses pairs aura été l'un des plus pertinents. 

Les films français des sélections parallèles

On notera l'exceptionnelle bonne tenue du cinéma français et certains de ces joyaux qui figuraient dans les sélections parallèles et qu'on découvrira à la rentrée : «Acide», «Le Règne Animal», «Le théorème de Marguerite», «Le procès Goldman», ou encore «L'amour et les forêts», qui lui est actuellement en salles.

Notons enfin que cette cinquième Palme d'Or française en quinze ans rappelle l'attrait exceptionnel du cinéma hexagonal sur la scène internationale.

Enfin, s'il y a une image à retenir de cette 76 ème édition, ce serait le visage de l'acteur japonais Koji Yakusho qui, dans le tout dernier plan de «Perfect days», exprime toute une gamme d'émotions en quelques secondes. On repense alors à la phrase de Wim Wenders, son auteur, qui avait déclaré jadis : «En améliorant les images du monde, nous pouvons améliorer le monde». Quelle plus belle définition donnée au 7ème Art ?

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