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Californie : Paradise, ville-fantôme à peine sortie de l'enfer

Des pompiers luttent contre le violent incendie qui menace des habitations à Paradise, en Californie, le 10 novembre 2018. [Josh Edelson / AFP] Des pompiers luttent contre le violent incendie qui menace des habitations à Paradise, en Californie, le 10 novembre 2018. [Josh Edelson / AFP]

Poteaux rongés par les flammes, carcasses de voitures aux vitres fondues, chat errant au pelage couvert de suie: ravagée par l'incendie le plus destructeur jamais vu en Californie, Paradise avait samedi matin des allures de ville-fantôme.

«Dévastation, dévastation totale», résume, effaré, Mark Nees, un pompier arrivé la veille de l'Oregon voisin pour aider ses collègues californiens.

«C'est vraiment incroyable. Nous sommes intervenus sur de nombreux feux au fil des ans, mais personnellement c'est ce que j'ai vu de pire», assure à l'AFP ce chef d'équipe, qui s'apprête à ratisser une zone touchée par le feu pour la sécuriser.

En centre-ville comme en périphérie, de nombreuses maisons - essentiellement construites en bois en Californie -, il ne reste plus rien que des débris calcinés, et parfois une cheminée de brique se dressant vers le ciel. Certains bâtiment ont été étrangement épargnés, comme un garage, presque intact, entouré d'une clôture en plastique blanc fondue par la chaleur.

Camions rouges et combinaisons jaunes, les pompiers sont, avec les pick-up bleus des ouvriers de la compagnie d'électricité, les seules touches de couleur dans ces fumeroles et cendres grises: les 27.000 habitants de Paradise ont été évacués en catastrophe jeudi, certains échappant de peu aux flammes.

D'autres n'ont pas eu cette chance et neuf corps calcinés ont déjà été retrouvés par les secours, qui tentent de les identifier.

Les habitants étaient toujours maintenus à l'écart samedi, état d'urgence oblige, explique à l'AFP un policier.

Une gargouille a survécu à l'incendie qui a réduit une résidence en cendres, le 9 novembre 2018, à Paradise, en Californie. [Josh Edelson / AFP]
Une gargouille a survécu à l'incendie qui a réduit une résidence en cendres, le 9 novembre 2018, à Paradise, en Californie.

Malgré les protestations des résidents qui veulent tenter de retrouver un proche, un animal ou simplement savoir si leur maison est toujours debout, des dizaines de véhicules sont ainsi contraints de rebrousser chemin.

D'autres évacués attendent dans l'angoisse près du barrage de police. A l'instar de Katie McCrary, vieille dame modeste, sans téléphone portable, qui reste sans nouvelles de ses deux fils et petits-enfants.

«Je ne sais pas où chercher!»

«Je ne sais pas s'ils vont bien, s'ils ont pu s'échapper. J'ai été dans les centres d'hébergement à Chico (la ville voisine, ndlr) mais ils n'y sont pas», explique-t-elle en se tordant les mains.

«Je ne sais pas où chercher! J'espère juste les voir descendre de la colline...», lâche Katie, traces de suie sur le chandail et visiblement épuisée après avoir passé deux nuits dans sa voiture sur le bord d'une route.

Plusieurs dizaines de personnes étaient toujours portées disparues samedi.

«Notre voisin et sa fille sont restés. Nous n'avons pas réussi à les joindre, et ils vivent juste en-dessous de nous», dit Jodie Colvard, chef d'entreprise qui était absente au moment de l'évacuation.

Elle aussi attend, et s'inquiète pour son berger allemand, qu'elle n'a pas pu aller chercher chez elle.

Les carcasses calcinées de véhicules sur un parking de Paradise, en Californie, le 9 novembre 2018. [Josh Edelson / AFP]
Les carcasses calcinées de véhicules sur un parking de Paradise, en Californie, le 9 novembre 2018.

Un employé de l'électricité a pris son adresse et promis d'aller voir son voisin et sa chienne. «Si la maison est toujours là», lâche-t-elle, des sanglots dans la voix.

L'incendie, qui a déjà consumé plus de 400 km2 de broussailles et de forêts, s'est déplacé et continuait de faire rage samedi. Il n'était contenu qu'à 20%.

Mais ce qui reste de Paradise n'est pas pour autant à l'abri. «C'est encore très tôt», explique Mark Nees. «On prévoit un épisode de vent à partir de ce (samedi) soir jusqu'à lundi matin, avec de nouveau un drapeau rouge pour le risque d'incendie».

«En ville il y a des endroits qui n'ont pas brûlé et où de nouveaux feux pourraient se déclarer si le vent projette des braises», souligne-t-il, avant de se mettre à la tâche.

Lui et ses hommes veulent faire tout leur possible pour «que les choses ne s'aggravent pas, en espérant que les gens puissent revenir s'installer un jour».

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