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Regain de tension dans le Golfe : l'Iran saisit un pétrolier britannique

Le navire militaire américain USS Boxer, le 15 juin 2016 dans le Golfe [Craig Z. Rodarte / US NAVY/AFP/Archives] Le navire militaire américain USS Boxer, le 15 juin 2016 dans le Golfe [Craig Z. Rodarte / US NAVY/AFP/Archives]

L'Iran a annoncé avoir «confisqué» vendredi un pétrolier battant pavillon britannique dans le détroit d'Ormuz, après 24 heures de polémique avec Washington à propos d'un drone «iranien» que les Américains disent avoir abattu.

Londres s'est dit «extrêmement préoccupé», parlant de «la saisie inacceptable» de «deux navires» par l'Iran. Il s'agit d'un bâtiment britannique, et d'un autre "battant pavillon libérien», a précisé le ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt. L'Iran n'a parlé que de la saisie d'un seul navire, le Stena Impero.

Par le détroit d'Ormuz transite le tiers du pétrole acheminé par voie maritime sur la planète. Les Etats-Unis ont dénoncé une «surenchère de la violence" et l'Arabie saoudite a annoncé que pour la première fois depuis 2003 des forces américaines allaient prendre position sur son sol.

«Le roi Salman (...) a donné son accord pour accueillir des forces américaines afin d'accroître le niveau mutuel de coopération pour défendre la sécurité de la région et sa stabilité, et garantir la paix», a indiqué un porte-parole du ministère saoudien de la Défense, cité par l'agence d'Etat SPA.

L'Arabie saoudite n'avait plus hébergé de soldats américains depuis 2003 et le retrait de ces derniers à la fin de la guerre contre l'Irak.

Le propriétaire britannique du deuxième pétrolier arraisonné, le Mesdar, battant pavillon libérien, a annoncé que ce navire avait été relâché.

Un pétrolier britannique
Un pétrolier britannique "confisqué" par les Iraniens

«Les communications ont été rétablies avec le navire. Le commandant a confirmé que les gardes armés l'avaient quitté et que le navire était libre de poursuivre sa route. Tous les membres de l'équipage sont sains et saufs», a déclaré la compagnie Norbulk Shipping dans un communiqué.

«La promesse du guide»

Après l'annonce iranienne, les prix du pétrole ont terminé en légère hausse vendredi, après plusieurs jours de baisse. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre s'est établi à 62,47 dollars à Londres, en hausse de 0,87% ou 54 cents par rapport à la clôture de jeudi.

Le Stena Impero a été arraisonné vendredi par la force navale des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, pour «non respect du code maritime international», selon un communiqué officiel.

L'annonce de cette saisie survient quelques heures après la décision de la Cour suprême de Gibraltar de prolonger pour 30 jours l'immobilisation d'un pétrolier iranien, le Grace 1.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une cérémonie à Téhéran, le 16 juillet 2019. Photo diffusée par son bureau [HO / KHAMENEI.IR/AFP/Archives]
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une cérémonie à Téhéran, le 16 juillet 2019. Photo diffusée par son bureau

Le navire avait été arraisonné le 4 juillet par les autorités de Gibraltar, territoire britannique situé à l'extrême sud de l'Espagne, qui le soupçonnaient de livrer du brut à la Syrie en violation des sanctions de l'Union européenne contre Damas.

Téhéran nie cette accusation et dénonce un acte de «piraterie».

Mardi, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei avait déclaré que répondrait «au moment et à l'endroit opportuns» à cet acte de «malveillance».

Sur son canal Telegram, l'agence semi-officielle Isna a publié une vidéo des propos de M. Khamenei avec ce commentaire: «La promesse du guide de la Révolution s'est réalisée aujourd'hui".

«Surenchère de la violence»

Un navire-citerne battant pavillon panaméen, le Riah, avait déjà été arraisonné le 14 juillet dans le détroit d'Ormuz, selon les Gardiens.

Propriétaire du navire «confisqué» vendredi, la compagnie suédoise Stena Bulk a indiqué avoir perdu le contact avec le pétrolier après que celui-ci eut «été attaqué par de petits bateaux et un hélicoptère non identifiés en transitant par le détroit d'Ormuz dans les eaux internationales».

A Washington, Garett Marquis, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, a dénoncé une «surenchère de la violence du régime iranien».

Les Etats-Unis ont été «informés» des événements et «travailleront avec le Royaume-Uni» à ce sujet, a assuré le président américain Donald Trump.

M. Trump avait rejeté plus tôt les dénégations de Téhéran sur la destruction d'un drone iranien au dessus du détroit d'Ormuz, assurant n'avoir «aucun doute" sur le fait que le porte-hélicoptères USS Boxer avait abattu la veille un appareil sans pilote iranien dans le détroit d'Ormuz.

Un responsable américain a indiqué sous couvert de l'anonymat que les Etats-Unis disposaient de «preuves claires" de la destruction du drone iranien.

«Allégations délirantes»

La neutralisation du drone sans usage de missile, par le biais de brouilleurs puissants capables de rendre un appareil incontrôlable par exemple, pourrait expliquer l'absence de vidéo américaine, explique-t-on au Pentagone.

Le général de brigade et porte-parole des forces armées iraniennes Abdolfazl Shékarchi a qualifié d'«allégations délirantes et sans fondement» les affirmations américaines.

Les Gardiens de la révolution ont publié des images réfutant d'après eux les affirmations américaines. La vidéo montre des images apparemment tournées à partir d'un drone volant à haute altitude et zoomant sur un convoi de cinq navires présenté comme celui du Boxer en train de passer le détroit d'Ormuz vers le Golfe jeudi.

La région du Golfe et du détroit d'Ormuz est depuis plus de deux mois au coeur de vives tensions géopolitiques, sur fond de bras de fer entre l'Iran et les Etats-Unis, qui y ont renforcé leur déploiement militaire.

Donald Trump et son homologue français Emmanuel Macron ont évoqué vendredi par téléphone «les efforts en cours pour s'assurer que l'Iran n'obtienne pas l'arme nucléaire», a indiqué la Maison Blanche dans un bref compte-rendu de l'échange.

Washington a accusé l'Iran d'une série d'actes de sabotage ou d'attaques ayant visé depuis mai six navires de part et d'autre du détroit d'Ormuz, dans le Golfe ou en mer d'Oman. Ce que Téhéran nie.

La tension entre les deux pays avait atteint un pic le 20 juin lorsque l'Iran avait abattu un drone américain qui, selon Téhéran, avait violé son espace aérien. M. Trump avait alors affirmé avoir annulé à la dernière minute des frappes de représailles le lendemain.

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