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Crise politique en Italie : quels scénarios possibles ?

Le leader de la Ligue Matteo Salvini, le Premier ministre Giuseppe Conte et le patron du Mouvement 5 Etoiles Luigi Di Maio font partie des principaux protagonistes de la crise politique qui secoue actuellement l'Italie. Le leader de la Ligue Matteo Salvini, le Premier ministre Giuseppe Conte et le patron du Mouvement 5 Etoiles Luigi Di Maio font partie des principaux protagonistes de la crise politique qui secoue actuellement l'Italie. [Andreas SOLARO / AFP]

Les partis politiques italiens ont jusqu'à ce mardi 27 août pour trouver une nouvelle coalition capable de gouverner, après l'éclatement du gouvernement populiste formé par la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini et le Mouvement 5 Etoiles (antisystème). Plusieurs scénarios de sortie de crise sont possibles. Tout est dans les mains du président de la République italienne, Sergio Mattarella, qui tiendra de nouvelles consultations ce mardi.

Une alliance entre le M5S et le Parti démocrate

C'est l'option qui apparaît aujourd'hui la plus probable. Le Mouvement 5 Etoiles (M5S), premier parti au Parlement depuis les législatives de 2018 (32 % des voix), pourrait s'allier avec le Parti démocrate (PD), première formation de gauche en Italie (environ 20 % des suffrages), pour former un nouveau gouvernement. Dès l'annonce par Matteo Salvini de la fin de la coalition Ligue-M5S, le 8 août, le PD a en effet proposé au M5S de s'unir. Depuis, les négociations vont bon train.

Le PD de Nicola Zingaretti a posé cinq conditions pour un mariage de l'ensemble de la gauche avec le M5S, parmi lesquelles «une appartenance loyale à l'Europe» ou un développement en phase avec l'environnement. Quant au M5S, il a fixé dix points impératifs pour une nouvelle «majorité au service des citoyens». Notamment une réduction du nombre de parlementaires (ramenés à 600 contre près de 950), une mesure qui a reçu le soutien du PD. Mais les deux partis s'opposent sur le nom du futur chef de leur gouvernement d'union : le chef du M5S Luigi Di Maio exige le maintien du Premier ministre sortant Giuseppe Conte, alors que le PD ne veut pas en entendre parler, réclamant «un changement de cap».

Pour favoriser ce rapprochement dont il a eu l'idée, l'ancien Premier ministre PD Matteo Renzi, qu'une bonne partie des Cinq Etoiles détestent, a déjà dit qu'il resterait en retrait.

La formation d'une autre majorité

Une autre hypothèse verrait la formation d'une majorité extra-large et pro-européenne, rassemblant la gauche et la droite, à la manière des coalitions allemandes. L'idée vient de l'ancien président de la Commission européenne Romano Prodi (PD), ex-Premier ministre. Ce gouvernement, baptisé «Ursula», du nom de la nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, vise à permettre une «réinsertion de l'Italie comme membre actif de l'Union européenne».

Cet exécutif pourrait unir le Parti démocrate (PD), le M5S, ainsi que Forza Italia, le parti de centre-droit de l'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi. Pour éviter la formation d'une telle coalition, Matteo Salvini a menacé son vieil allié de Forza Italia : «Quiconque s'alliera avec le PD, n'ira plus au gouvernement avec la Ligue», a mis en garde le leader de la Ligue.

Matteo Salvini n'a en effet pas dit son dernier mot. L'initiateur de la crise politique a proposé aux Cinq Etoiles une réconciliation de dernière minute et un gouvernement dirigé par Luigi Di Maio. «Je ferai tout pour empêcher un gouvernement PD-M5S», a-t-il dit. Et même si Giuseppe Conte a fait barrage, une influente portion du M5S est tentée par les sirènes de Matteo Salvini, qui réclame de moins en moins des élections anticipées.

Des élections législatives anticipées

Si aucune majorité solide n'émerge d'ici à ce mardi, Sergio Mattarella convoquera des élections législatives anticipées, pour le 10 novembre. Il devra alors dissoudre le Parlement et nommer un gouvernement «technique», chargé de préparer le scrutin.

Mais c'est loin d'être l'option favorite du président italien. Il s'est en effet déjà dit opposé à l'organisation d'élections en fin d'année, en pleine élaboration du budget du pays pour l'an prochain. Un exercice périlleux pour la troisième économie de la zone euro, très endettée (la dette publique dépasse les 134 % du PIB) et dont la croissance est à l'arrêt, qui doit à tout prix rester dans les clous fixés par l'UE, au risque sinon de se voir retoquer son budget, comme en 2018.

Ce scénario est en revanche celui que pousse toujours Matteo Salvini, qui veut surfer sur ses récents succès électoraux (notamment aux européennes en mai, 34 % des voix) et des sondages à son avantage (environ 31 % des intentions de vote) pour prendre seul la tête de l'Italie et ne plus avoir besoin du M5S pour gouverner. «La voie royale ne peut pas être celle de jeux de pouvoirs, de manœuvres de palais, c'est celle des élections», a déclaré la semaine dernière le chef de la Ligue au président italien.

Au contraire, le M5S veut absolument éviter la convocation d'élections anticipées. En effet, la formation antisystème, qui était arrivée en tête des législatives en 2018 (32 % des voix), s'est depuis écroulée : elle a recueilli seulement 17 % des voix aux dernières européennes, et est à 21 % des intentions de vote dans les sondages. Son chef de file, Luigi Di Maio, se trouve encore plus en danger. Selon les règles internes au M5S, ses élus ne peuvent faire plus de deux mandats parlementaires. Déjà élu deux fois, Luigi Di Maio se retrouverait automatiquement hors course.

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