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Yémen: les rebelles Houthis prêts à faire la paix avec l'Arabie

Les forces de police yéménites chiites Huthi sont assises à l'arrière d'un véhicule militaire dans la capitale Sanaa lors d'une manifestation contre l'intervention saoudienne dans leur pays le 17 septembre 2019 [MOHAMMED HUWAIS / AFP] Les forces de police yéménites chiites Huthi sont assises à l'arrière d'un véhicule militaire dans la capitale Sanaa lors d'une manifestation contre l'intervention saoudienne dans leur pays le 17 septembre 2019 [MOHAMMED HUWAIS / AFP]

Contre toute attente, les rebelles Houthis du Yémen ont annoncé être prêts à faire la paix en arrêtant les attaques contre l'Arabie saoudite, au moment où leur allié iranien fait face à d'énormes pressions pour son implication présumée dans la destruction d'infrastructures pétrolières saoudiennes.

Dans un discours à l'occasion de la prise par les rebelles de la capitale Sanaa le 21 septembre 2014, le président du Conseil politique des Houthis, Mehdi Machat, a indiqué vendredi soir que ceux-ci envisageaient "l'arrêt de toutes les attaques contre le territoire de l'Arabie saoudite", en espérant que "ce geste aura pour réponse un geste plus fort" de la part des Saoudiens.

Il s'agit, selon M. Machat dont les propos sont été rapportés par la télévision Al-Massirah des rebelles, d'une initiative "pour parvenir à la paix par le biais de négociations sérieuses en vue d'achever une réconciliation nationale globale qui n'exclut personne".

Elle engage les rebelles à "cesser toutes les attaques contre le territoire saoudien par des drones, des missiles balistiques et d'autres moyens".

Le site pétrolier saoudien d'Abqaiq, endommagé par des attaques, le 20 septembre 2019 [Fayez Nureldine / AFP]
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Le site pétrolier saoudien d'Abqaiq, endommagé par des attaques, le 20 septembre 2019

Les Houthis ont revendiqué haut et fort les attaques du 14 septembre contre les installations pétrolières saoudiennes dans l'est du pays qui ont eu pour conséquence de diviser par deux la production de pétrole du royaume, premier exportateur mondial, et de provoquer une flambée des prix.

Au delà, cela a ravivé les craintes d'un affrontement militaire entre les Etats-Unis et l'Iran, accusé par Washington d'être responsable de ces attaques.

- Renforts américains -

L'annonce yéménite est en totale contradiction avec la posture prise jusqu'ici par les Houthis qui étaient dans une position de défiance et qui ont menacé ces derniers jours de lancer de nouvelles attaques contre l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

"Nous attendons de cette initiative une meilleure réponse qui comporte l'arrêt de toutes les attaques et tous les raids aériens de nos territoires" par la Coalition militaire dirigée par Ryad, a ajouté le dirigeant rebelle.

"Poursuivre la guerre n'est dans l'intérêt de personne", a-t-il affirmé, en demandant la réouverture de l'aéroport international de Sanaa et l'accès libre au port stratégique de Hodeida, dans l'ouest du Yémen, essentiel pour l'acheminement de l'aide humanitaire et les importations.

Images satellites prises le 15 septembre montrant certaines zones touchées par les attaques contre des installations pétrolières saoudiennes samedi 14 septembre [Gal ROMA / AFP]
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Images satellites prises le 15 septembre montrant certaines zones touchées par les attaques contre des installations pétrolières saoudiennes samedi 14 septembre

La coalition est intervenue pour soutenir le gouvernement yéménite en 2015 lorsque le président Abedrabbo Mansour Hadi s'est enfui en exil en Arabie saoudite alors que les rebelles s'approchaient de son dernier réduit, Aden, la deuxième ville du Yémen.

Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, des civils pour la plupart, et plongé ce pays --le plus pauvre de la péninsule arabique-- dans la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.

Les attaques revendiquées par les rebelles Houthis ont provoqué il y a une semaine des incendies sur deux sites dans l'est du royaume saoudien: l'usine d'Abqaiq, la plus grande au monde pour le traitement de pétrole, et le champ pétrolier de Khurais. Elles ont entraîné une chute de moitié de la production saoudienne, soit environ 6% de l'approvisionnement mondial.

L'attaque a été qualifiée d'"acte de guerre" par le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo qui a été envoyé par le président Donald Trump dans la région pour sonder les dirigeants saoudiens et ds Emirats sur une possible riposte à l'Iran.

Vendredi, le chef du Pentagone Mark Esper a annoncé l'envoi de renforts dans la région du Golfe à la demande de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes. "En réponse aux demandes des royaumes, le président a approuvé le déploiement de forces américaines, qui seront défensives par nature, et principalement axées sur les forces aériennes et la défense antimissile", a-t-il précisé.

- Objectif ambitieux -

L'Arabie saoudite a montré pour la première fois vendredi à la presse internationale l'étendue des dégâts sur ses installations pétrolières attaquées, insistant sur sa détermination à rétablir rapidement sa production en dépit de la montée des tensions dans la région.

"La production sera au même niveau qu'avant l'attaque d'ici la fin du mois", a déclaré Fahad Abdelkarim, un directeur du géant pétrolier saoudien Aramco qui gère le site.

Mais des spécialistes jugent cet objectif ambitieux. Le bulletin spécialisé du groupe Energy Intelligence a souligné dans un rapport que certaines réparations nécessiteraient "plusieurs semaines".

L'installation de Khurais, dans l'est, a été frappée quatre fois et des incendies y ont fait rage cinq heures durant, selon Aramco.

Dix-huit frappes ont été recensées à Abqaiq (200 kilomètres au nord-est de Khurais), qui abrite la plus grande usine du monde de traitement de brut, a indiqué un autre responsable d'Aramco.

Dans le sillage de ces attaques, le président américain Donald Trump a annoncé vendredi un renforcement des sanctions contre la Banque centrale iranienne, présentées comme "les plus sévères jamais imposées à un pays". "Cela signifie qu'il n'y aura plus d'argent qui ira aux Gardiens de la révolution", l'armée d'élite du pouvoir iranien, "pour financer le terrorisme", a assuré le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin.

Pour le gouverneur de la Banque centrale iranienne, Abdolnasser Hemmati, ces nouvelles mesures punitives "montrent à quel point" les Américains "n'arrivent pas à trouver de levier contre l'Iran".

Des pans entiers de l'économie iranienne, de son système financier aux exportations pétrole soumises à un strict embargo, sont sous le coup des sanctions des Etats-Unis.

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