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Jean-Paul Didierlaurent : «j'ai tendance à rester optimiste»

Le deuxième roman de l'auteur Jean-Paul Didierlaurent, «Le reste de leur vie», paraît au format poche. Le deuxième roman de l'auteur Jean-Paul Didierlaurent, «Le reste de leur vie», paraît au format poche. [© Gallimard]

Jean-Paul Didierlaurent, auteur du succès de librairie «Le liseur du 6h27», fait paraître son deuxième roman en poche. «Le reste de leur vie» tricote une galerie de personnages tous plus attachants que les autres autour de la trajectoire d'un jeune thanatopracteur.

On lui doit un des livres phénomènes de ces dernières années. Après le succès fulgurant du «Liseur du 6h27», Jean-Paul Didierlaurent n'a pas tremblé pour se lancer dans la rédaction de son deuxième roman. Pas d'angoisse de la page blanche donc pour cet ancien nouvelliste qui réussit à mettre en lumière de la façon la plus enjouée des destins généralement cachés. Ici, le lecteur suit avec délectation les trajectoires croisées d'Ambroise, thanatopracteur, et de Manelle, une auxiliaire de vie. Tous deux vont s'engager dans un road-trip des plus paradoxalement réjouissant.

Avant de sortir votre premier roman, «Le liseur du 6h27», qui a connu un énorme succès, vous avez été nouvelliste pendant plus de quinze ans. Qu'est-ce qui vous a décidé à l'époque à faire le grand saut vers le roman?

Je suis nouvelliste depuis 1997 en effet. J'ai écrit ma dernière nouvelle en 2012. Je suis passé au roman quand l’opportunité m’a été donnée d’aller en résidence d’auteur. Quand j’ai rencontré ma future éditrice, dans le cadre du Prix Hemingway qui est un concours de nouvelles, je lui ai parlé d’un roman que j’avais en tête depuis plus de dix ans mais que je repoussais parce que je ne trouvais pas le temps de l’écrire. Grâce à l'immersion que procure la résidence d'auteur, je me suis plongé dans l’histoire et j’ai écrit «Le liseur du 6h27».

Le succès de ce roman a dû changer votre vie.

Je ne peux pas nier que cela n’a pas changé. Cela ne m’a pas changé moi, mais ça a quand même changé beaucoup de choses. Cela m’a fait découvrir tout un univers que je ne soupçonnais absolument pas. Se faire éditer, c’était déjà atteindre le graal parce que j’avais envie de pouvoir être lu. Même si cela n’était pas une obsession parce que je me fais plaisir en écrivant mes histoires. L’aventure qui s’est passée avec «Le liseur...» a dépassé complètement tout ce que je supposais. Un livre qui ne marche pas, ça ne change pas forcément votre vie mais un livre qui marche… Un succès qui arrive comme ça, c’est impressionnant. Tout ce qui a pu m’arriver depuis 2014… C’est surréaliste. J’utilise souvent ce mot-là parce que c’est vraiment ce que je ressens à chaque fois. Et puis je prends énormément de plaisir à tout ce qui m'arrive depuis. Que ce soit dans les salons ou avec les lecteurs. Les rencontres avec les lecteurs, c’est magique. Dans les salons, les lecteurs vous découvrent ou alors ils viennent vous dire qu’ils ont aimé votre livre. Ce n’est que du bonheur.

Aviez-vous le trac pour ce second roman?

Tout le monde me disait que le deuxième était le plus dur. Alors à force d’entendre cela, je m’attendais vraiment au pire. Je me suis mis un petit peu la pression mais j’ai géré… J’ai la chance d’avoir une éditrice qui ne me l’a pas mise du tout. J’ai refait une résidence et la rédaction s’est très bien passée. La difficulté du deuxième roman réside dans le fait qu’on a envie de renouveler le premier. On a tendance à se poser la question : «qu’attend le lecteur?» Mais c’est la question qu’il ne faut surtout pas se poser ! Et j’avoue avoir réussi à ne pas du tout penser à ça. Ca m’a permis de rester avec mes personnages, de m’amuser, de prendre plaisir et de ne pas du tout avoir de pression.

Comment l'idée du «Reste de leur vie» vous est venue?

Elle m’est venue au décès de mon père. A la fin 2011. On a eu à faire à un thanatopracteur. A l’époque, c’était un terme que je ne connaissais même pas. Quand j’ai vu le soin apporté au défunt, j’ai été bluffé ; j’avais retrouvé mon père. Je l’avais vu à la morgue tel que la mort l’avait emporté et là je le retrouvais. Il était souriant, beau. Il était comme on l’avait toujours connu. J’avais appelé le thanato pour le remercier et il était surpris. L’idée n’est pas née le jour-même mais peu de temps après. Ce sont des gens qu’on ne voit pas. On ne sait pas ce qu’ils font. On imagine plutôt des croque-morts, des gens plutôt macabres, tristounets alors que ce n’est pas du tout ça. Il y a des jeunes femmes qui font ce métier. Et je me suis fait la réflexion que ça pouvait faire un personnage de roman intéressant : quelqu’un qui travaille dans la mort la journée et qui se retrouve dans la vie le soir en maquillant des gens de théâtre qui ne connaissent pas son vrai métier. Mon idée première était celle-là même si elle a évolué un peu par la suite. Un peu plus tard, j’ai rencontré un vrai thanato sans le savoir. A une soirée, je discutais avec une personne ; je lui parlais de ce roman que j’avais en tête et au bout de dix minutes il m’a dit : « tu sais ce que je fais comme métier ? Je suis thanatopracteur ». A ce moment, je me suis dit qu’il y avait des signes qu’il fallait suivre. On est devenu ami et je l’ai suivi et j’ai vécu son métier pendant deux jours. C’était très enrichissant.

On retrouve le ton du «Liseur». Une façon d'appréhender la vie en souriant.

Avec un sujet comme celui-là il y avait moyen de plomber l’ambiance et ce n’était pas du tout mon but. Le livre parle quand même de mort, de fin de vie, de souffrance, de vieillesse… A l’arrivée, j’ai plutôt fait un hymne à la vie. Ce qui m’intéressait, c'était aller vers la lumière. J’ai toujours tendance à rester optimiste dans toutes les situations. Après on me taxe de «livre feel-good»... J’ai un peu de mal avec ça, mais c’est comme ça. «Le reste de leur vie» aurait pu se terminer autrement mais je n’en avais pas envie. J’aime bien que mes personnages s’en tirent bien.

Comment construisez-vous vos personnages? Comment trouvez-vous l'inspiration pour les développer?

Ce n’est pas toujours conscient. Je sais que dans «Le liseur...», il y avait les deux petites mamies, les sœurs Delacôte, qui ont passé toute leur vie ensemble… J’ai vraiment eu l’impression de les créer sur le moment. Et en fait je me suis rendu compte qu’elles existaient. Dans mon village, je connais même deux couples de sœurs qui ont vécu toute leur vie ensemble, des octogénaires qui s’habillent même de la même manière. Et donc les sœurs Delacôte, en fait c’étaient elles. Inconsciemment, il y a des choses qu’on utilise. Pour moi, souvent, le moment où le personnage commence à exister c'est quand je le baptise, je lui donne son prénom et son nom. Je passe du temps à trouver le nom qui lui convient. Quand il a un nom, il va se mettre à exister presque par lui-même par rapport à l’histoire.

Un troisième roman est-il en gestation?

C’est plus qu’en gestation, je l’ai terminé la semaine dernière. J’avais terminé au mois de mars mais je l’ai retravaillé parce qu’il y avait des choses à reprendre. Il est en cours de lecture par mon éditrice. Il devrait sortir dans le meilleur des cas en janvier 2018. Au plus tard en mars.

 

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© Gallimard

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