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Charles Aznavour triomphe à Bercy, chez Johnny

Le chanteur Charles Aznavour en concert à Bercy, le 13 décembre 2017 à Paris [Eric FEFERBERG / AFP] Le chanteur Charles Aznavour en concert à Bercy, le 13 décembre 2017 à Paris. [Eric FEFERBERG / AFP]

«Ma vue baisse, je n'entends plus très bien, je n'ai pas de mémoire. Quant à ma voix... je suis né enroué». Oui, mais il est surtout éternel : Charles Aznavour a triomphé mercredi pour sa première à Bercy, là où Johnny Hallyday était le roi.

Il pleuvait glacé mercredi soir à Paris, mais le public est venu en nombre garnir l'AccorHotels Arena, où se produisait le dernier des géants de la chanson française, âgé de 93 ans.

Un statut encore renforcé, quelle qu'en soit la tristesse occasionnée, par la mort il y a une semaine de Johnny Hallyday, que Charles Aznavour affectionnait tant. Il l'avait ardemment soutenu au début des yéyés, lui offrant même ses galons d'interprète en écrivant «Retiens la nuit» en 1963.

Mercredi dernier, Aznavour a dérogé à sa règle de ne pas réagir aux disparitions. Il confiait à l'AFP avoir été «frappé douloureusement» par la perte de son ami. Il ne fallait dès lors pas attendre de sa part un hommage supplémentaire, en dédicace ou en chanson. Toutefois, une fois son concert fini, «Quelque chose de Tennessee» a retenti dans Bercy, dont l'histoire s'est écrite pendant 30 ans avec les 96 shows endiablés de Johnny.

Pour Aznavour, pas de quoi être intimidé par cette première dans cette salle. Il a fait vibrer des lieux plus prestigieux comme le Madison Square Garden de New York ou le Royal Albert Hall de Londres.

Le chanteur Charles Aznavour en concert à l'AccorHotels Arena de Bercy, le 13 décembre 2017 à Paris [Eric FEFERBERG / AFP]
Le chanteur Charles Aznavour en concert à l'AccorHotels Arena de Bercy, le 13 décembre 2017 à Paris [Eric FEFERBERG / AFP]

Il débute cependant son récital en mordant dans le micro sur «Les émigrants», son instinct lui commandant de vite apprivoiser l'endroit. L'an passé à pareille époque, lors de son rendez-vous annuel avec le public parisien au Palais des Sports, il avait au contraire commencé piano, avant de finir fort en ayant donné l'impression de rajeunir.

«Un petit oiseau»

Rapidement, Aznavour fait la démonstration de tout son talent, avec un de ses chefs-d'oeuvre «Sa jeunesse». «Une chanson, c'est d'abord le texte et ensuite la musique, dit maître Charles. Elle doit s'écrire et se lire comme une poésie extraordinaire». Après l'avoir récitée, il la chante accompagné au piano. Et fait alors la démonstration de tout son génie, avec cette façon unique d'incarner, yeux et poings fermés, oubliant ses tremblements et le prompteur, pénétré par la nostalgie de ses 20 ans.

Si Charles Aznavour peine ensuite, pendant un creux de cinq titres dont «Parce que» et «Désormais» aux vers oubliés, il ne s'en laisse pas compter. Et reprend vite le dessus sur «Non, je n'ai rien oublié», porté par des choeurs à la Ennio Morricone, avec lequel il collabora dans les années 60. La dernière demi-heure consacrée aux tubes s'engage, il tombe la veste et exhibe ses belles bretelles rouges.

Sur «Il faut savoir», magnifique, le public l'ovationne. A la fin de «Mes amis, mes amours mes emmerdes», il se penche dangereusement, l’assistance frémit : est-elle en non-assistance à chanteur en danger ? Non, évidemment, Charles blague et rit encore de sa «petite voix». «Je suis comme un oiseau», dit-il malicieusement. Sûrement un petit piaf...

Il enchaîne «Hier encore», «Les plaisirs démodés», «Comme ils disent», danse comme un jeune homme sur «Les deux guitares», avant de convoquer la foule, mouchoir à la main sur «La bohème». La procession finale peut commencer : les admirateurs affluent vers la scène, le ballet de lucioles téléphoniques illumine Charles, aux pieds duquel fleurissent des bouquets. Charles sourit, prend plaisir et conclut avec jubilation sur «Emmenez moi». Les acclamations n'en finissent pas, c'est qu'on le suivrait «au bout de la terre», Charles.

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