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JoeyStarr : «La Route de la soif est un programme festif et culturel»

JoeyStarr, grand amateur de rhum, prend La Route de la Soif sur Viceland.[©Mar0ne]

Dans la série documentaire «La Route de la soif», JoeyStarr embarque pour un voyage étonnant qui le voit déguster les meilleurs rhums aux quatre coins du monde, tout en découvrant les traditions locales et l’histoire particulière de chacun des lieux qu’il visite. Première escale en Guadeloupe.

Comment vous êtes-vous retrouvé sur ce projet ?

On me l’a proposé. C’était quelque chose de festif au départ, mais il faut aussi qu’il y ait autre chose. Dans cette série documentaire, qui se décline dans un format de 22 minutes par épisode, on reste en surface des sujets qu’on aborde. On n’est pas sur Arte. Mais on est sur un programme festif et culturel. J’avais un peu carte blanche pour faire ce que je voulais. Le producteur, François Florentiny, est venu chez moi un soir et m’a proposé l’idée au cours d’une soirée. Plus tard, il est revenu à la charge. Il est resté chez moi pour voir si je restais digne après plusieurs verres de rhum. Donc au départ, ça a commencé dans une ambiance bon enfant. Et une fois que j’ai dit oui, il a ramené des gens pour lancer le projet. L’alibi, c’est la culture îlienne. Mais la vraie raison, c’est le rhum.

Il y avait-il un attrait particulier de pouvoir associer la dégustation de rhum sur un fond historique ?

Je savais que Viceland a une charte où tu es en liberté, mais qu’il faillait qu’il y ait quelque chose derrière. À partir du moment où on parle du rhum, et qu’on part dans les caraïbes, il y a forcément cette résonnance mémorielle. Encore une fois, on reste en surface, mais on ne pouvait pas passer à côté et ne pas en parler. Les producteurs locaux, comme Hervé Damoiseau, c’est un peu nos Afrikaners à nous. Il sait qui je suis, et je sais qui il est. Et il sait qu’à un moment donné, on va aborder la question de l’esclavage. Et moi l’exercice me plaisait. Comme je dis, la routine tue. Donc c’est bien quand on te propose des choses où il y a un peu d’accidents.

Il y a ce moment marquant dans les premiers épisodes, en Guadeloupe, où vous vous rendez au Mémorial ACTe consacré au souvenir de la traite négrière et de l’esclavage juste après avoir sauté dans la piscine d’Hervé Damoiseau. C’est un peu le grand écart.

Si on veut que cela ait une quelconque résonnance, c’est important d’aller voir tout le monde. Comme on le dit au départ, moi et DJ Moody Mike sommes nés en France, on a des choses à rattraper sur cette culture. Donc il ne faut pas s’attendre à un programme avec une analyse de fond. Et comme je l’ai dit dès le départ, la vraie raison, c’est le rhum. Qu’est-ce que j’aime l’ivresse !

Oui, d’accord. Mais en même temps, le sujet de l’esclavage en Guadeloupe et en Martinique – vos parents sont Martiniquais – c’est quelque chose de particulier quand même. Je comprends bien que vous aimez le rhum, mais ce n’était pas anodin comme voyage. Qu’est-ce que vous avez retenu de tout cela d’un point de vue individuel ?

C’est quelque chose d’un peu global, mais c’est une meilleure compréhension du caractère rugueux de l’Antillais. Et puis surtout du fait que l’îlien est à part. On a beau dire «vous êtes un département français», c’est difficile de lutter contre l’éloignement. Le progrès est quelque chose de très froid. Le fait qu’ils soient près des Etats-Unis, ça les américanise. On est allé à La Réunion, et c’est encore autre chose. L’éloignement est encore pire. Tu en apprends beaucoup sur l’humain.

Quelles seront les autres destinations ?

Il y aura donc La Réunion. La Martinique aussi. On aura également un voyage à Cuba, en Jamaïque pendant le carnaval. C’est important de souligner que ce n’est pas un programme propre aux caraïbes. On va aussi aller au Brésil qui, avec l’Inde, est un des plus importants producteurs de canne à sucre au monde. Nous allons aussi en Australie et à Haïti. On va goûter aussi bien le rhum agricole qu’industriel. Et puis le programme évolue à chaque épisode, et on va aussi travailler, couper la canne. On a aussi ajouté une séquence par la suite qui s’appelle «je mange, je mange, et je bois». Et ça va être quelque chose.

On sent que c’est un plaisir à l’écran…

Moi j’adore le programme parce qu’on s’amuse. Les équipes font un super travail au niveau des intervenants. En Martinique, nous avons rencontré les disciples d’Aimé Césaire, des gens sérieux qui n’ont pas le temps de rigoler avec nous. Le fait est qu’on sortait d’une distillerie…

Cela ne devait pas être évident de suivre la conversation…

On a réorganisé nos agendas après cela (rires). On s’est dit qu’on ne ferait plus les distilleries le matin, et qu’on commencerait la journée par les intervenants. La production m’a surestimé sur ce coup (rires).

Dernièrement on vous a vu dans la série «La Main du mal» (TF1), faire la voix-off du documentaire «Je ne suis pas votre nègre» (Arte), et maintenant «La Route de la soif» sur Viceland. Qu’est-ce qui guide vos choix concernant les projets TV ?

Je ne suis pas dans l’œil de l’autre. Pour La Main du mal, il y avait Pierre Aknine, c’est un barjot de la télé. Et il me voulait absolument. Et quand tu parles avec lui, c’est dur de lui dire non. J’ai envie de dire que je fais de la musique depuis que j’ai 20 ans. Aujourd’hui j’en ai 50. Je fais juste ce que j’ai envie de faire. Pour «Je ne suis pas votre nègre», c’est pareil. Raoul Peck, qui m’a proposé 500 balles pour faire ça, cet enc****, c’est une sorte de dictateur auquel tu ne peux pas dire non (rires). Et le truc, c’est que je ne l’avais pas vu avant. J’ai découvert les images en faisant la voix-off. Je l’ai fait une première fois. Et comme il y avait eu une galère au niveau de la prise de son, j’ai dû le refaire. Dans sa totalité. Moi, des fois, on me propose des trucs, et je n’ai pas envie de dire non. Ça m’amuse, et je dis oui. Je ne suis pas un carriériste. J’ai des bouches à nourrir, et je m’amuse. Et c’est chaud de s’amuser dans ce métier.

Vous regardez beaucoup la télé ?

Je regarde de la merde. J’ai fait de la prison moi, donc je regarde des trucs comme «New York Police judiciaire», des choses comme ça. Des trucs soporifiques. Mais j’adore ça.

«La Route de la soif», Viceland (chaîne disponible dans les offres Canal), à partir du 23 janvier à 21h50.

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