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Tout savoir sur «L'homme qui tua Don Quichotte», le film maudit de Terry Gilliam

«L'homme qui tua Don Quichotte», réalisé par l'Américain Terry Gilliam, avait été sélectionné pour clôturer le Festival de Cannes. Mais c'était sans compter l'intervention du producteur portugais Paulo Branco, qui revendique les droits de l'œuvre et demande l'annulation de sa projection. 

Retour sur cette bataille judiciaire autour d'un film maudit, dont la gestation aura pris plus de vingt ans. 

L'intrigue

«L'homme qui tua Don Quichotte» raconte l'histoire de Toby, un jeune réalisateur de publicités désabusé qui s'envole pour l'Espagne à l'occasion d'un tournage. Il y rencontre un gitan, qui lui offre la copie d'un film (une adaptation lyrique de Don Quichotte) qu'il a réalisé dans sa jeunesse. Touché par la redécouverte de ce film, symbole du jeune idéaliste qu'il était, Toby part à la recherche du petit village qui y avait été le théâtre et se retrouve au centre d'une succession de catastrophes. 

La genèse et les échecs successifs

Terry Gilliam a l'idée d'adapter Don Quichotte en 1990. Après avoir reçu l'accord (et 20 millions de dollars) du producteur Jake Eberts, il se penche sur la lecture de Cervantès et en conclut que l'œuvre ne peut être adapté pour le cinéma. Lui vient alors d'idée d'offrir un nouvel acolyte moderne à Don Quichotte : ce sera le réalisateur Toby Grisoni, largement inspiré par son coscénariste Tony Grisoni. 

Un premier tournage en 2000, réunissant Jean Rochefort (dans le rôle de Don Quichotte) et Johnny Depp (Toby Grosini), est perturbé par une infection de la prostate contractée par l'acteur français. Le tournage se déroulant sur une base militaire au Nord de Madrid, le vol des avions empêche la prise de son. Après des pluies torrentielles (qui emportent le matériel et verdissent soudainement le désert espagnol), l'acteur principal Jean Rochefort apprend qu'il souffre d'une double hernie discale, qui empêchera ce féru d'équitation de remonter à cheval. 

Nouvelle tentative en 2010, avec Robert Duvall dans la peau de Don Quichotte, et Ewan McGregor en jeune cinéaste frustré. Mais Terry Gilliam perd son financement. L'argent lui manque également en 2011, lorsqu'il remplacera Ewan McGregor par Owen Wilson, et rebelote en 2014 (avec John Hurt en Don Quichotte et Jack O'Connell en Toby). 

En 2016, le producteur Paulo Branco récupère le projet, qu'il accepte de financer à hauteur de 16 millions d'euros. Michael Palin incarnera Don Quichotte, et Adam Driver sera Toby Grisoni. Mais en août 2016, le producteur demande les plein pouvoirs, ce que Terry Gilliam refuse. Le réalisateur trouvera un autre partenaire, Tornasol Films, pour concrétiser son projet, mais l'ex-producteur porte l'affaire en justice. 

C'est finalement en 2017, avec Jonathan Pryce et Adam Driver, que ce film maudit verra enfin le jour. Le tournage a pris fin le 4 juin dernier. 

La bataille judiciaire

Après le premier duel en 2016, le tribunal de grande instance de Paris a proclamé la validité du contrat unissant Terry Gilliam et Paulo Branco. Deux autres jugements (l'un à Paris, l'autre à Londres), donnent raison au réalisateur. Un ultime verdict sera rendu le 15 juin par la cour d'appel de Paris. 

Nouvelle passe d'armes à Cannes

Le 19 avril dernier, le festival de Cannes annonce que le film tant attendu de Terry Gilliam sera projeté le 19 mai, jour de la clôture. Mais une semaine avant cette annonce, Paulo Branco à, a nouveau, revendiqué les droits du film, allant jusqu'à assigner le festival pour demander l'interdiction de sa projection. 

Le Tribunal de Grande Instance de Paris décidera ce lundi 7 mai si «L'homme qui tua Don Quichotte» pourra être présenté à Cannes

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