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Raphaël de Casabianca : «Rendez-vous en terre inconnue sans Frédéric Lopez, on a du mal à se le figurer»

Raphaël de Casabianca (au milieu) succède à Frédéric Lopez à l'animation de «Rendez-vous en terre inconnue» sur France 2. [Adenium TV France ]

Pour le 23e numéro de «Rendez-vous en terre inconnue», Raphaël de Casabianca succède à Frédéric Lopez, et s’envole avec Franck Gastambide en Himalaya à la rencontre des Van Gujjar, des éleveurs semi-nomades.

Un moment particulier pour l’ancien animateur d’«Echappées belles» (France 5) qui a dû gérer la surprise de son invité de voir son compagnon de voyage changer au dernier moment, mais aussi la pression d’animer une émission incontournable du petit écran.

Comment s’est déroulé le tournage de votre premier numéro de Rendez-vous en Terre inconnue ?

Ça s’est très bien passé. Il y a eu différentes étapes, à commencer par la préparation, qui a été studieuse avec Frédéric Lopez et ses équipes. Et cela a été un peu compliqué quand Franck Gastambide a découvert qu’il ne partirait pas avec Frédéric Lopez, qui a eu cette idée un peu périlleuse. Nous étions tous les trois dans un instant particulier. C’était la dernière de Frédéric, donc il était assez tendu et ému. Il sentait qu’il allait faire un drôle de coup à Franck donc il n’était pas forcément très à l’aise. Ça ne lui ressemble pas forcément à 100%. Quand il l’a accueilli à l’aéroport, il avait envie de le lui annoncer rapidement avant que ça ne devienne compliqué.

Pour Franck Gastambide, découvrir qu’il ne partait pas avec lui a été un coup de massue. Et cela a été d’autant plus compliqué qu’il était son référent. Ne pas savoir où on part est déjà difficile, alors quand en plus on t’apprend que tu pars sans la personne avec laquelle tu pensais vivre l’aventure. Et moi, qui n’en avait pas dormi la veille, je me demandais comment il allait réagir face à tout cela, sachant qu’on allait ensuite passer trois semaines ensemble dans un endroit qu’il ne connaissait pas. Donc j’étais moi aussi assez tendu.

L’ambiance s’est détendue par la suite ?

Le départ à l’aéroport a été particulier car c’était un vol de nuit. Mais à partir du moment où j’annonce à Franck qu’on part sur les contreforts de l’Himalaya, en Inde, le voyage est vraiment parti. J’ai senti dans sa tête – et ça se voit à l’image – qu’il était prêt. Il a commencé à sourire. Et comme il le dit, cette expérience est plus forte que tout, c’est un voyage unique. On a commencé à se connaître petit à petit. Pour le moi, le plus important était que la rencontre entre lui et les Van Gujjar se passe bien malgré des conditions que ne sont pas évidentes. Parce qu’on est en altitude, parce que les conditions de vie sont difficiles, on est déconnecté de tout. On sent vraiment l’isolement. Et je trouve que le pari est réussi.

Franck a fait preuve d’une grande capacité d’adaptation, malgré le fait d’avoir été un peu déstabilisé au départ. Il a eu l’intelligence de la situation. Il a su poser des questions, mais aussi être à l’écoute. Petit à petit, nous sommes entrés dans un temps long, de décélération – lui qui a l’habitude d’être toujours avec son portable, d’être toujours sollicité – il a eu un temps à part. Nous n’avions même pas de téléphone satellite pour des raisons militaires en Inde. J’ai senti qu’il savourait cet instant présent, qu’il s’en délectait, et qu’il n’avait pas forcément envie de revenir après. Vers la fin, il aurait pu continuer encore. Il a vraiment vécu le voyage à 100%. Il a joué le jeu. Il s’est adapté. Et il a pris beaucoup de plaisir. Et c’est ce qui ressort à l’image.

Cela a été difficile de trouver vos marques ?

J’ai l’expérience du voyage. Ça fait presque 15 ans que je fais cela, donc la capacité d’adaptation dans un autre environnement est rapide. C’est une gymnastique dont j’ai l’habitude et qui me plaît. Le fait d’être en altitude, de vivre dans des conditions de vie compliquées, n’est pas un problème pour moi. J’avais toujours en tête que Franck vive son expérience à 100%. C’est un peu comme un bâton de pèlerin. J’étais là pour lui donner de la force quand il y avait des moments moins faciles, pour que la discussion se fasse, pour que la petite étincelle se crée. Après, c’est clairement très différent de ce que je faisais avant.

«Échappées belles» était une émission touristique où on voyage pendant dix jours dans des zones qui apparaissent sur les guides. Là, on va dans des zones qui ne sont pas du tout touristiques, à la rencontre de population qui n’intéresse que peu de monde car ils ne représentent rien et que personne ne les écoute. On est dans un temps long de décélération totale qui permet de vivre cet instant présent très fort, d’être pleinement avec les gens qu’on rencontre, à la fois dans leurs émotions, dans leur crainte, dans leur joie. Et ça, c’est une expérience unique. On ne passe plus quinze ou vingt dans une vie complètement déconnectée du monde qui nous entoure et véritablement à l’écoute des autres. Cela m’a plu énormément. Et c’est ce vers quoi je tends depuis quelques années, notamment dans les voyages que j’entreprends personnellement. 

Aviez-vous la pression à l’idée de succéder à Frédéric Lopez ?

J’en avais discuté avec Frédéric Lopez lors d’une soirée, au tout début alors que rien n’était encore fait. Il m’a demandé ce que j’en pensais. Et sans calcul de ma part, je lui ai dit que j’étais prêt à reprendre l’émission. Je la trouvais tellement belle, tellement forte, que je ne me suis pas posé la question au début. C’est après, dans un deuxième temps, que j’ai commencé à me rendre compte de tout ça. J’ai ressenti une pression positive où je me suis dit que c’était un super challenge. Et quand ça a été annoncé à la presse, j’ai commencé à prendre conscience que c’était assez vertigineux.

Je suis passé par plein d’émotions, des questionnements, des doutes aussi. Et c’est normal parce qu’entre le moment où ça a été tourné, et le moment du premier visionnage, il s’est passé plusieurs mois. Mais on peut dire que c’est un processus classique quand on fait quelque chose de nouveau. Évidemment, la pression est là. Mais on a qu’une seule vie, et le projet est tellement beau que, de toute façon, il faut y aller à 200%. Après on verra. Pour l’instant, je suis super heureux d’avoir cette opportunité de travailler avec Frédéric et ses équipes, de faire une des plus belles émissions que je connaisse, et ça, quand j’en parle, je trouve cela incroyable.

Comment s’est déroulé le passage de témoin entre vous ?

On a discuté pendant cinq heures à l’occasion d’un dîner chez lui. On s’est rendu compte finalement que nous n’avions pas mangé et nous avons fini par réchauffer un potage bio qui était dans son frigo à 2h du matin. Il a beaucoup voyagé. Moi aussi. Donc nous avons partagé plein de choses. On se voit depuis le mois de juin dernier, on discute, on regarde des choses ensemble. Il me transmet tout ce qu’il a construit ces dernières années, sa façon d’être, la manière qu’il a avec ses équipes de choisir les personnes qu’ils vont rencontrer. Ça a été une vraie transmission. Mon premier «Rendez-vous en terre inconnue» commence avec lui, parce qu’on voulait que, symboliquement, il y ait une émission de transition.

Il m’avait également invité sur le plateau après la diffusion de l’émission avec Thomas Pesquet à laquelle j’ai pu assister depuis les coulisses pendant le tournage en Colombie. Nous avons beaucoup discuté et j’ai pu m’imprégner de tout ce que se passait. Nous avons passé du temps ensemble pour assurer cette transmission. Il est toujours producteur, on travaille ensemble, on se consulte tout le temps, on construit ensemble, et c’est ça qu’y est fort. Je suis hyper bien entouré par ses équipes, avec des gens bienveillants qui produise selon moi la plus belle émission qui existe. Elle se fait dans le temps, et en télévision, cela est assez rare aujourd’hui.

C’est Frédéric Lopez personnellement qui vous a choisi pour le remplacer ?

Frédéric Lopez avait décidé d’arrêter l’antenne. C’était sa décision et elle était irrévocable. Quand il l’a annoncé à la chaîne, ils n’étaient pas forcément contents. Moi non plus d’ailleurs, ni les téléspectateurs, car Rendez-vous en terre inconnue sans Frédéric Lopez, on n’a du mal à se le figurer. La chaîne a refusé dans un premier temps, mais il leur a assuré que l’émission allait continuer. Il a proposé certains noms, et Ismaël Khelifa, avec lequel il a travaillé sur «Nos terres inconnues», et qui m’a remplacé à l’animation d’«Échappées belles», lui a parlé de moi.

Il a consulté mon site internet, il a regardé ce que j’avais fait ces dernières années, et je pense qu’il a senti que nous partagions des valeurs communes dans la manière d’aborder les choses. Mais ça, c’était théorique. Et il fallait qu’on se rencontre. J’ai donc été chez lui, et là, on a parlé et on s’est compris mutuellement. Et la chaîne a validé dans un deuxième temps à sa demande.

En même temps, il est allé cherchez quelqu’un de France Télévisions, en interne...

Oui, je pense que c’était un «plus». Mais ce qui a été compliqué, c’est que je suis parti d’Échappées belles sans pouvoir leur dire pourquoi je partais. Et où je partais. Jusqu’au dernier moment, où je suis partie en tournage en septembre dernier, je n’ai pas pu l’annoncer. Donc ça a été un peu particulier. Seules quelques personnes chez France Télévisions étaient au courant. Et le secret a été bien gardé jusqu’au bout.

Cette émission demande-t-elle une préparation particulière par rapport à vos précédentes expériences ?

La préparation de l’émission est très différente. Pour faire un voyage de Rendez-vous en terre inconnue, c’est six à sept mois de préparation. Échappées belles, c’était quarante numéros par an. Donc ce n’est pas la même manière d’aborder les choses. «Échappées belles», même s’il y a des gens sur place, c’est préparé de Paris et il faut faire une émission toutes les semaines. «Rendez-vous en terre inconnue», il y a une équipe qui peut partir en repérages une fois, deux fois, rester sur place un mois et demi pour connaître les gens. C’est une organisation très différente.

Après, je ne conçois pas les voyages en fonction du nombre de personnes qui regarde le programme ou pas. On est en équipe réduite, et c’est tant mieux. Parce que c’est ce qui permet de vivre pleinement les choses, et chez «Échappées belles», on était une petite équipe. Là, il y a un peu plus de personnes. Mais franchement, je ne raisonne pas comme ça. Sur la concentration qu’on a sur le voyage, ce qui est important est de savoir qui on rencontre, pourquoi, et de s’intéresser à eux, à leur environnement, et au pays dans sa globalité pour essayer d’aller au cœur des relations. Il y a des conversations dans Rendez-vous en terre inconnue qui sont possibles seulement parce que nous sommes dans un temps long. Les relations se créent, et on peut parler de sujet beaucoup plus profond.

Avez-vous d’autres projets en préparation ?

Pour le moment, je suis un peu dans une année zéro avec France 2. C’est un grand changement. On verra quelles seront les réactions après la diffusion de l’émission. Il y a «Nos terres inconnues» qui arrive aussi avec des tournages en France. Et puis le prochain numéro de «Rendez-vous en terre inconnue» qui va aussi se faire dans pas trop longtemps. On est au début de l’aventure. Donc là, au moment où je vous parle, je me concentre sur «Rendez-vous en terre inconnue».

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