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Tout savoir sur Phoebe Waller-Bridge, créatrice de la série Fleabag et grande gagnante des Emmy Awards 2019

La meilleure arme de la nouvelle reine des séries : un humour dévastateur. La meilleure arme de la nouvelle reine des séries : un humour dévastateur. [Emma McIntyre / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

Les 71e Emmy Awards, décernés dimanche 22 septembre à Los Angeles, ont gratifié la série Fleabag de quatre statuettes, saluant le talent hors-normes de sa créatrice et actrice principale Phoebe Waller-Bridge.

C’est avec les prix de la meilleure série comique, du scénario et de la mise en scène, ainsi que celui de la meilleure actrice dans une série comique que la Britannique Phoebe Waller-Bridge est repartie de la cérémonie, ravissant ce dernier prix à une autre grande dame de la comédie qui cultive comme elle un certain goût pour l’humour corrosif, Julia Louis-Dreyfus de feu Veep qui partait pourtant hyper favorite.

C’était sans compter sur l’étoile montante d’Hollywood. «C'est tout simplement merveilleux et rassurant de savoir qu'une femme dégoûtante, tordue et en colère puisse gagner aux Emmys», a déclaré Phoebe Waller-Bridge avec son style unique plein d’auto-dérision en recevant son prix. Actrice désormais reconnue, la jeune femme se définit pourtant avant tout comme une auteure.

Née en 1985 à Londres, Phoebe Waller-Bridge est sortie diplomée de de la Royal Academy of Dramatic Art à Londres en 2006, et a fondé avec sa collaboratrice - encore aujourd'hui - Vicky Jones, la compagnie théâtrale DryWrite en 2007. Elle débute sa carrière sur les planches et fait aussi une apparition à la télévision dès 2013 dans la série anglaise Broadchurch.

Avec Fleabag en 2016, c’est avec un cocktail détonnant de blagues irrévérencieuses à souhait et des monologues face caméra - apartés toujours truculents - qu’elle a marqué le public. Un mélange tragi-comique de mal-être contemporain et de sexe mais jamais gratuit. Elle y joue une héroïne borderline dont les vies familiale, sociale, sentimentale et sexuelle sont rocambolesques. Une héroïne trash et cash qui ne cache pas très longtemps son mal-être, teintant par là même la série d’une bonne couche de mélancolie. L’alchimie inédite a tellement séduit que Canal+ en a commandé une adaptation française, «Mouche», avec Camille Cottin dans le rôle principal.

«Mon idée de départ, c'était de dire les choses que les femmes ne disent pas ouvertement d'habitude», expliquait-elle dans un entretien au site Broadway World, début mars. «Nous faisons toujours comme si nous étions innocentes et adorables, ces petites créatures parfaites», disait-elle, «mais en réalité, nous avons beaucoup, beaucoup d'autres facettes».

Alors qu’Amazon rêverait de pouvoir diffuser une saison 3 de la série de la BBC, la créatrice a confirmé elle-même à la presse américaine à l’issue de la cérémonie que la saison 2 resterait la dernière. «En fait, cela semble être la manière la plus belle de dire au revoir», a-t-elle déclaré.  «On a l'impression que l'histoire est complète… Cela semble vraiment naturel. De finir la tête haute, sur une note aussi haute. En fait, on ne pourrait pas aller plus haut que cela».

Après avoir joué en 2018 dans «Solo : A Star Wars Story», Phoebe Waller-Bridge crée cette même année «Killing Eve», génial thriller psychologique sur fond d’espionnage avec Sandra Oh et Jodie Comer (récompensée elle aussi ce dimanche d’un prix d’interprétation pour ce rôle). La série, truffée d'un humour subtil et d'une tension qui la rendent terriblement addictive, véhicule une certaine idée de la femme, un féminisme qui souhaite cependant s’affranchir... du féminisme.

Tout le monde se l’arrache

Le comédien Daniel Craig a fait appel à ses services pour moderniser la franchise 007 et infuser son humour dans le prochain opus de James Bond qui sortira en 2020.

Dépoussiérer le rôle de l'agent secret macho, et donner toute la place qu'elle méritent aux femmes dans la saga, semble relever du travail de fond, mais Phoebe Waller-Bridge tient à préciser que ses collaborateurs ne se sont pas adressés à elle en tant que scénariste-femme, ce qui serait une vision réductrice de son travail. Il ne s'agit donc pas de faire table rase de la franchise explique-t-elle, mais de l'adapter.

«Il y a eu énormément de discussions sur la pertinence ou non [de la franchise] aujourd’hui, notamment sur ce qu’il incarne et la façon dont il traite les femmes. Ce sont des foutaises ! -» a-t-elle déclaré pour Deadline. «La franchise doit simplement grandir. Elle doit simplement évoluer et la chose la plus importante, c’est que le film traite correctement les personnages féminins. [James Bond] n’a pas à le faire. Il doit rester fidèle à qui il est». Et l’actrice de préciser qu’elle peaufinait les détails du scénario à sa manière : «J’ai toujours pensé que le test pour moi, en tant qu’actrice, quoique j’écrive est de me demander si j’aimerais jouer le rôle que j'ai écrit. J’ai donc entrepris l’écriture avec cette pensée, je veux être sûre que lorsque Lashana [Lynch], Léa [Seydoux] et Ana [de Armas] liront ces pages, elles se disent 'j’ai hâte de jouer ça'. Comme actrice, j’ai rarement ressenti cela dans ma carrière. Cela me procure tellement de joie de pouvoir apporter ça à une actrice».

Boulimique de travail, Phoebe Waller-Bridge travaille actuellement sur «Run», une série pour HBO. Un thriller romantique et comique comme le décrit Deadline dans lequel elle devrait aussi jouer un rôle, mais laisser le principal à une autre, Merritt Wever. L’histoire suivra Ruby, une jeune femme ordinaire qui reçoit un jour un message d’un amour de jeunesse (interprété par Domhnall Gleeson) lui rappelant le pacte qu’elle avait scellé avec lui. Dans un registre un peu différent donc que celui auquel elle nous a habitué, il est à parier qu'elle fera une nouvelle fois des étincelles.

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