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«Chimerica» est bien plus qu'une série sur les relations entre la Chine et les États-Unis

Alessandro Nivola interprète le rôle de Lee Berger dans «Chimerica».[© 2018 Playground / All3media international]

La mini-série britannique «Chimerica» pose un œil acéré sur l’état du journalisme à l’heure moderne à travers le prisme des événements de la place Tian’anmen en 1989, et ses répercussions tant sur le plan humain et politique en Chine et dans le monde occidental.

Créée par Lucy Kirkwood – qui adapte à l’écran sa propre pièce de théâtre du même nom – et déclinée en quatre épisodes, «Chimerica», qui n’est autre que la contraction de Chine et America, débute en 1989, au moment où le photojournaliste Lee Berger immortalise depuis sa chambre d’hôtel l’acte d’un homme se dressant devant une colonne de chars sur la place Tian’anmen au moment où des milliers de chinois manifeste contre la corruption du régime communiste. En Occident, le cliché devient le symbole de la liberté et de l’opposition d’un peuple face à l’oppresseur.

Des années plus tard, en pleine campagne présidentielle américaine de 2016, Lee Berger, devenu photographe pour un grand quotidien américain, est accusé par un site d’information en ligne d’avoir trafiqué une photographie dans le seul but de faire la Une et de choquer l’opinion. Sa réputation est sévèrement compromise. Il se met alors en quête de retrouver l’homme qu’il a photographié près de trente ans auparavant. Une investigation menée entre la Chine et les États-Unis qui va faire remonter à la surface les fantômes du passé pour chacun des protagonistes, les traumatismes d’une révolution oubliée, et mettre en évidence la crise de toute une profession.

Thriller géopolitique

Présentée en avant-première au Festival Séries Mania en mars dernier, «Chimerica» est la dernière pépite de la chaîne britannique Channel 4 à qui l’on doit les premiers épisodes de «Black Mirror», ou encore la fascinante «Utopia». Elle plonge les téléspectateurs au cœur d’une enquête journalistique captivante tout en s’attaquant à des questions géopolitiques complexes sans jamais lisser le propos. Lucy Kirkwood a réussi à réactualiser sa pièce écrite en 2013 pour mieux mettre en exergue des sujets aussi vastes que le contrôle de l’information, la différence de point de vue d’un pays à l’autre sur un même événement historique, ou encore les dangers du cynisme politique et d’un certain idéalisme déconnecté des réalités.

«J’ai écrit ma pièce en 2013. Le monde a radicalement changé depuis. J’ai donc déplacé l’intrigue de la série en 2016, l’année du Brexit et de l’élection de Trump. D’une part, la répression de Tian’anmen, ce qu’elle dit du contrôle de l’information, du dénigrement des oppositions politiques et de la façon dont le peuple refuse de se laisser asservir, fait écho à l’Amérique de Trump. D’autre part, Lee Berger se comporte comme la gauche britannique, accrochée à une vision romantique du monde, aveugle à la souffrance du peuple… qui a voté pour le Brexit», expliquait-elle notamment sur le site de Télérama en mai dernier.

Avec Alessandro Nivola (Selma), Cherry Jones (lauréate d’un Emmy Award en 2009 pour la série «24»), Terry Chen (Jessica Jones), F. Murray Abraham (Amadeus).

«Chimerica», à partir du 14 octobre sur Canal+Séries et myCANAL.

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