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Les 10 séries télé les plus marquantes des années 2010

De «Stranger Things» à «Game of Throne», en passant par «House of cards», les série-vores ont été servis, ces dix dernières années.[DR]

On a eu peur, très peur. On a ri, aussi, mais souvent jaune, la faute à une époque qui ne respire pas vraiment l'insouciance. Une chose est sûre, on en a pris plein les yeux, comme jamais dans l'histoire des petits écrans... Les années 2010 ont été immensément riches en matière de séries.

Durant cette période, la montée en puissance des grandes plate-formes de streaming, comme Netflix (qui a lancé son service d’abonnement en 2007), a profondément bouleversé la donne. Dresser la liste des 10 séries télé qui ont le plus marqué les années 2010 relève donc de la gageure, et donnera naturellement lieu à de multiples commentaires.

House of Cards (2013-2018)

Première production exclusive de Netflix, «House of Cards » s'est immiscée dans les coulisses du pouvoir dans le sillage d'«A la Maison Blanche» (petite parenthèse pour dire que le sujet a aussi été merveilleusement exploité dans une veine beaucoup plus humoristique avec la magistrale «Veep»). «House of Cards» a (tristement) fait date aussi car elle a dû complètement revoir son histoire à la lumière du scandale qui a éclaboussé son acteur principal. Claire Underwood (Robin Wright) est ainsi devenue le personnage central en toute dernière saison après que son époux à l’écran Kevin Spacey a été écarté de la distribution suite à des accusations d’agressions sexuelles.

FLEABAG (2016-2019)

Que deux saisons et douze épisodes mais six Emmys… «Fleabag» (qui a connu une adaptation en France sous le titre de « Mouche » avec Camille Cottin), et son personnage principal incarné par la créatrice elle-même, Phoebe Waller-Bridge (derrière aussi l’excellente «Killing Eve»), a définitivement marqué les années 2010 en nous faisant rire autant que pleurer (même si on a sorti un peu moins les mouchoirs qu'avec la championne lacrymale «This is us»). Elle nous plonge dans la vie intérieure extrêmement complexe d’une trentenaire en deuil. Son chagrin, sa dépression et ses traumatismes familiaux, ainsi que sa peur de l’intimité, son anti-héroïne communique avec nous en brisant le quatrième mur et ses confessions intimes brutes de décoffrage sont hilarantes, qu’il s’agisse de ses pensées impures pour un prêtre ou de la haine que lui inspire sa belle-mère passive agressive. Une voix féminine singulière, comme l'a été, dans un tout autre style, celle de Lena Dunham avec «Girls», qui aurait largement eu sa place dans cette sélection.

Rick & Morty (2013- …)

Dans les séries animées réservées aux adultes qui ont marqué la décennie - aux côtés d' «Animals», de la dépressive «BoJack Horseman» ou de la même créatrice la chatoyante «Tuca & Bertie» - «Rick & Morty» tire son épingle du jeu grâce à la solide fan base de geeks qu’elle s’est forgée, une manne de jeunes gens si accros qu'ils sont prêts à mettre la main à la poche pour faire le plein de goodies - du tee shirt au mug - à l'effigie des personnages du show. Création de Dan Harmon («Community») pour la chaîne Adult Swin, «Rick & Morty» tire une part de son succès de ses nombreuses références pop culture. L’affaire de la sauce Szechuan, au cœur d’un épisode de la saison 3 a ainsi déclenché un véritable raz de marée médiatique.

Le Bureau des légendes (2015-… )

C'est l'une des plus grandes réussites françaises en matière de séries - en 2016 la création originale de Canal+ est même devenue la série française ayant engendré le plus de revenus à l'étranger, détrônant ainsi «Les Revenants» - «Le Bureau des Légendes», dont on attend avec grande impatience la cinquième saison (qui devrait être la dernière pour Eric Rochant en tant que showrunner) suit des agents du renseignement opérant dans l'ombre dont Guillaume Debailly, dit « Malotru », incarné par Matthieu Kassovitz.

The Leftovers (2014-2017)

Créée par le père d’un des hits de la décennie précédente, alias «Lost», «The Leftovers» de Damon Lindelof d’après un livre de Tom Perrota a dévoilé un univers lynchéen où 2% de la population a subitement disparu. Un triste monde au bord du chaos propice à explorer les thèmes du deuil mais aussi l’apocalypse, les mondes parallèles, la religion… Chacun des protagonistes y tentant désespérément de trouver un sens à sa vie. «The Leftovers» ne fait pas le consensus car elle ne pré-mâche pas le travail de compréhension, aussi parce que toutes les questions qu'elle soulève n’y trouvent pas forcément de réponse, mais elle laissera un souvenir indélébile à ceux dont elle a su sonder l'âme.

True Detective (2014- )

La relative médiocrité de sa saison 2 ne peut pas faire oublier la brillance de sa saison 1 qui voyait les autorités traquer un tueur en série en rouvrant le dossier d'un meurtre survenu 17 ans plus tôt. L'interrogatoire des deux détectives chargés de résoudre l'affaire à l'époque, incarnés par Woody Harrelson et Matthew McConaughey, les contraint à se remémorer cette affaire sordide qui les a marqués à vie. Réalisée par Cary Fukunaga cette première saison a estomaqué les sérivores, notamment par l'interprétation intense de ses acteurs, mais aussi avec un plan-séquence de 6 minutes inoubliable. Le cinéaste a d'ailleurs obtenu un Emmy de la meilleure réalisation pour ce fameux épisode 4. 

Black Mirror (2011-…)

Paranoïaque à souhait, «Black Mirror» questionne notre malaise collectif vis-à-vis de la modernité. Chacun des épisodes de ce «Twilight Zone» de l’ère internet explore les dérives des progrès technologiques. Parmi les épisodes marquants «Bandersnatch» a fait beaucoup parler de lui, et pour cause il est interactif, Netflix ayant laissé la possibilité aux internautes de choisir entre plusieurs suites possibles, des choix à faire au cours de la lecture même de la vidéo et susceptibles de mener à une dizaine de fins différentes. Esprit «Black Mirror» oblige, aucune issue n'est heureuse. 

Stranger Things (2016-…)

Grâce aux frères Duffer qui ont vu le jour en 1984, jamais série n’avait aussi bien célébré les années 1980 (mention spéciale tout de même à « Glow » dans un tout autre genre). Multipliant les références aux films cultes de l’époque : la bande de copains façon «Goonies», les BMX comme dans «E.T»… « Stranger Things » n’a même pas eu besoin de montrer souvent son monstre pour captiver son audience et rendre addicts ses fans, en particulier les nostalgiques qui ont grandi dans les eighties. Impossible pour eux de ne pas succomber à l'univers de cette série fantastique dans tous les sens du terme, et de ne pas s'attacher à sa bande de kids en lutte contre un monstre venu d'ailleurs, encore plus quand la mère de l'un d'entre eux est incarnée par la «it girl» de leur époque, alias Winona Ryder. Du pur entertainment de qualité à voir et à revoir avec toujours autant de plaisir.

Handmaid’s Tale (2017-…)

Alors que Margaret Atwood a publié en cette année 2019 sa dystopie féministe «The Testaments» (déjà récompensée du Booker Prize), la série inspirée de son roman «La servante écarlate» - écrit il y a trente ans - continue de connaître un succès international retentissant. Il faut dire que le sujet, à savoir l'asservissement total des femmes dans une Amérique contrôlée par une dictature religieuse, est d'une modernité effrayante, en particulier depuis l'arrivée de Trump au pouvoir.

Game of Thrones (2011-2019)

Cela a été dit et redit mais, oui, « Game of Thrones » et son univers de pseudo fantaisie médiévale complexe et foisonnant inspiré des romans de George RR Martin est une des meilleures séries qui aient existé toutes décennies confondues, si ce n’est LA meilleure diront les plus férus, même très échaudés par la décevante huitième et dernière saison. Des budgets pharaoniques (que les prochaines productions Disney+ devraient cependant prochainement faire relativiser), des paysages et des effets spéciaux à couper le souffle, des méchants très très méchants, des morts violentes en veux-tu-en-voilà, du sexe, et quelques-uns des rôles féminins les plus puissants jamais vus à la télé…

Analysée sous toutes les coutures - sociologique, psychologique, philosophique... La série la plus téléchargée au monde est parvenue à se hisser au moins aussi haut que l’avait été l’adaptation du «Seigneur des anneaux» de Tolkien par Peter Jackson dix ans auparavant (et dont, c'est le moment où jamais de le rappeler, la version en série actuellement en préparation est ultra-attendue).

Alors que le premier spin-off de « Game of Thrones », qui vient d’être officiellement commandé par HBO, va être scruté à la loupe, toutes les chaînes et les plateformes tentent de connaître le même succès en lançant leur potentiel blockbuster respectif, mais aussi épique soit elle, une série parviendra-t-elle un jour à détrôner la reine GOT ? C’est un des challenges de la prochaine décennie.

Bonus : Chernobyl (2019) 

De Craig Mazin avec Jared Harris, Stellan Skarsgård, Emily Watson. L’apocalypse inspire de nombreuses séries mais en fait elle a déjà eu lieu. En quelque sorte. L’explosion de la centrale de Tchernobyl et ses conséquences immédiates y sont décrites avec un tel réalisme qu’il est, au son terriblement angoissant du compteur Geiger qui s’affole, extrêmement douloureux de la regarder, mais « Chernobyl » pourrait bien être une (mini) série d’utilité publique pour que «plus jamais»…

Les règles du jeu

Rappelons ici les règles qui ont présidé à l’établissement ô combien difficile de cette liste. Pour réduire un tant soit peu le champ immense des possibles, aucune série ayant commencé avant 2010 n’a pu entrer dans le classement. Il ne s’agissait pas pour nous de célébrer les séries qui selon nous étaient les «meilleures» (un exercice de toute façon éminemment subjectif s’il en est en témoigne les déchirements dont a fait l’objet cette sélection au sein de la rédaction), mais de relever celles (et seulement 10 une gageure), qui pourraient le mieux représenter les années 2010.

Outre des qualités de scénario, de mise en scène et de production, ce sont aussi des critères d’éclairage sur des sujets d’actualité qu’elle ont su apporter qui ont été pris en compte. La sélection s’est aussi faite à l’aune (parfois seulement, vous apprécierez le côté aléatoire) des succès populaire et/ou critique qu’elles ont reçus.

Aucun huissier n’ayant eu à valider les règles, nous avons cru aussi bon d’établir des quotas avec une série d’animation et une série française. Un choix totalement arbitraire. Celle liste répond cependant à une exigence d’importance : de nombreux genres y sont représentés. Bien sûr elle ne fera pas l’unanimité. Que les rageux n’hésitent pas à réagir sur les réseaux en dressant leur propre Top et en soulignant à gros traits (mais pas injurieux) ce qu’il estiment être des oublis forcément «impardonnables». Nous aurons plaisir à les lire.

 

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