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Cinéma : Canal+ obtient un accord historique sur la chronologie des médias

Canal+ va augmenter sa participation dans le financement du cinéma français.[© Canal+/DR]

La chronologie des médias évolue. Selon un nouvel accord signé par les principaux acteurs du marché français, le temps d’attente entre la sortie d’un film en salles et sa diffusion à la télévision sera beaucoup plus court à partir du 10 février.

Celui-ci a été validé après plusieurs semaines de négociations entre Canal+ et l’industrie du cinéma français. La chaîne cryptée et Ciné + ont ainsi accepté d’investir encore plus d’argent dans le cinéma – à hauteur de 190 millions d’euros par an, au lieu de 160 millions – pour obtenir en contrepartie une première fenêtre de diffusion de tous les films (pas seulement les films français) seulement 6 mois après la diffusion au cinéma, contrairement à 8 mois aujourd’hui. Avec une exclusivité de près d’un an et demi sur ses antennes, à partir du moment où ces films sont préfinancés par Canal+, soit 300 à 400 films par an.

Netflix est l’autre géant du divertissement à tirer un avantage de ce nouvel accord historique. La plate-forme de streaming a consenti à investir entre 20 et 30 millions d’euros par an dans le cinéma français, ainsi qu'à financer des films à petit budget, et ne devra attendre que 15 mois avant de diffuser les films après leur sortie au cinéma. En quoi est-ce une bonne nouvelle pour Netflix ? Elle bénéficie de deux mois d’avance sur ses concurrents – Amazon Prime Video et Disney+ - qui devront attendre 17 mois.

Pour les autres chaînes de télévision (TF1, France 2, M6, etc.), la période d’attente sera de 22 mois, avec un droit d’exclusivité sur la fenêtre de diffusion jusqu’au 36e mois. Ce qui veut dire que les films qu’elles diffuseront ne seront pas disponibles sur les plates-formes de streaming pendant cette période de 14 mois (ce qui n’était pas le cas auparavant). Sauf si les chaînes acceptent de signer des accords de «co-exclusivité» avec certaines d’entre elles.

Récapitulatif de cet accord qui entrera en vigueur le 10 février 2022, jusqu’en 2025 :

  • Canal+ : diffusion des films 6 mois après leur sortie en salles

  • Netflix : diffusion des films 15 mois après leur sortie en salles

  • Amazon et Disney+ : diffusion des films 17 mois après leur sortie en salles

  • Chaînes gratuites : diffusion des films 22 mois après leur sortie en salles, avec une exclusivité de 14 mois.

On notera qu’aucun changement concernant les sorties DVD et/ou VoD, qui ont lieu 4 mois après la sortie d’un film en salles, et 3 mois seulement si le film n’a pas attiré beaucoup de spectateurs, n’a été dévoilé pour le moment.

Une colère qui gronde ?

Tout n’est pas complètement fluide cependant. Car cet accord n’est pas pour satisfaire certains acteurs du marché, à commencer par le géant Disney, qui menacerait de ne plus sortir ses films au cinéma afin de les rendre disponibles sans délais sur sa plate-forme. Un scénario peu probable selon les observateurs, en raison du manque à gagner que cela représenterait pour la marque aux grandes oreilles. Mais Disney pourrait toutefois appliquer ce choix pour une partie de ses productions pour s’en réserver l’exclusivité.

Cet accord ne doit pas ravir non plus la Warner Bros dont la plate-forme de streaming, HBO Max, pourrait débarquer en France dans le courant de l’année 2023 avec son immense catalogue, et qui se retrouvera «prisonnier» d’un accord où elle n’a pas eu son mot à dire.

Si on ne peut que se féliciter de voir la chronologie des médias évoluer en France, il y a fort à parier que de nouvelles négociations seront menées d’ici 2025 en présence de nouveaux acteurs. Et que cela pourrait remettre à plat une partie de cette organisation temporaire.

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