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Plus Belle la Vie : à l’heure des adieux, retour sur les chiffres fous du feuilleton culte

Le (faux) bar du Mistral où s'enchaînaient les tournages à un rythme effréné, va définitivement fermer ses portes. [Olivier Martino FTV Telfrance]

À l'occasion de la diffusion du tout dernier épisode de Plus Belle la Vie ce vendredi 18 novembre, retour sur les chiffres fous du feuilleton, qui aura tenu les téléspectateurs en haleine pendant plus de 18 ans.

Clap de fin. Le feuilleton culte Plus Belle la Vie, lancé le 30 août 2004 sur France 3, dévoilera son dernier épisode ce 18 novembre, emportant pour la postérité avec lui un paquet de chiffres à faire tourner la tête.

LES INTRIGUES

La série racontait la vie quotidienne des habitants du quartier marseillais (fictif) du Mistral, avec leurs joies et tracas personnels, l’évolution des amours et des amitiés, mais aussi des enquêtes policières. L’ambiance était plutôt sombre, puisque le site Interieurs.fr avait sorti le compteur en 2019, à l’occasion des 15 ans, et dénombrait alors plus de 240 morts, contre seulement vingt mariages et quatre naissances. Les amours allaient pourtant bon train, en particulier pour Céline Frémont (Rebecca Hampton) et Nathan Leserman (Thibaut Vaneck), qui comptaient alors plus de 17 conquêtes chacun. Les personnages de Plus Belle la Vie avaient aussi très soif : le site avait annoncé 358.800 verres sirotés en dix ans au bar du Mistral.

Les scénaristes

20 auteurs se sont affairés à imaginer les intrigues. La série a plus exactement compté sur l'expertise d'1 directrice littéraire, d'1 coordinatrice d’écriture, et de 17 auteurs répartis en 3 ateliers, ainsi qu’1 auteur en permanence sur le tournage. La méthode d'écriture était, si l'on peut dire, exécutée à la chaîne, avec des auteurs dédiés à des tâches bien spécifiques, «l'arche A, qui correspond à l'intrigue majeure du moment, l'arche B, plus secondaire, et enfin l'arche C qui tient plutôt du divertissement, avec une histoire légère ou cocasse. Un dernier atelier s'occupe d'écrire les dialogues», détaillait Le Point en 2019. Les grandes lignes des histoires étaient jetées quatre à cinq mois avant la diffusion. Le scénario pouvait connaître des changements jusque dans les dernières semaines avant le tournage, pour coller au mieux à l’actualité. Lors des élections présidentielles par exemple, l’équipe de Plus Belle la Vie, qui ne connaissait bien évidemment pas le nom de l’heureux élu à l’avance, tournait donc deux versions différentes.

Le casting et les salaires des acteurs

3232 acteurs et 58.000 figurants auraient foulé les plateaux, croit savoir Le Courrier Picard. En 2016, Télé Star avait révélé les salaires. Le magazine avait avancé la somme de 1.000 euros par personne et par jour, pour les acteurs «historiques» de la série, avec une garantie d'avoir au minimum 10 jours de tournage chaque mois, donc un salaire fixe de 10.000 euros qui pouvait s’envoler, pour peu que le personnage soit au cœur d’une intrigue développée sur le long terme. En dehors de ces «historiques», les autres acteurs auraient été répartis en deux groupes, les récurrents avec 600 euros par journée, et les guests avec 300 euros par journée. A cela se serait ajouté 30% pour les rediffusions et 10% sur la vente de produits dérivés.

Les tournages

460 journées de tournage par an étaient nécessaires (seulement) pour mettre en boîte 260 épisodes de 24 minutes, ainsi que deux primes de 90 minutes. Ce ne sont pas moins de 5 épisodes par semaine qui étaient donc produits, faisant de la série une véritable usine. En 18 ans, ce sont 4664 épisodes qui ont été tournés. Pour arriver à filmer une vingtaine de minutes utiles par jour – une cadence de machine, car normalement une production classique n’enregistre que quelques minutes – le timing était ultra-serré avec seulement quelques prises pour chaque scène. Tout était soigneusement millimétré, comme le passage au HMC (Habillage-Maquillage-Coiffure) en 75 minutes pour les actrices, contre 45 pour les acteurs. Pour rationnaliser au maximum, des séquences se jouant dans un même décor mais pas forcément dans le même épisode pouvaient être tournées les unes à la suite des autres.

L’équipe technique

250 personnes et deux équipes de tournage étaient mobilisées quotidiennement. 20 réalisateurs se sont succédés derrière la caméra - devrait-on dire plutôt dans les bureaux - où leur parvenaient les images en train d'être tournées dans le studio, et d’où ils donnaient des indications aux équipes par le biais de micros et d'oreillettes.

La série aurait fait travailler quelque 600 intermittents par an. «C’est l’équivalent d’une entreprise de 120 personnes», avaient alerté l’ensemble des techniciens de Plus Belle la Vie et l’association régionale des techniciens du Sud-Est (ARTS), dans une lettre ouverte aux élus à l’annonce de l’arrêt de la série. «Il s’agit à 90 % d’intermittents, dont certains n’ont jamais travaillé que pour 'Plus Belle la Vie'», avait-il été précisé, pour mettre le doigt sur les nombreuses pertes d'emploi générées par la fin de la série.

Le budget

La série aurait compté 27 millions d’euros de budget annuel, soit 85.000 euros environ par épisode. La comparaison sera-t-elle parlante ? Un épisode d'une heure du Seigneur des Anneaux - série la plus chère de l’histoire - coûte à lui seul 60 millions de dollars, soit environ 20 millions les vingt minutes… Autant dire qu'il n'y a donc rien de comparable. Pour rentabiliser au mieux les dépenses, tous les accessoires et costumes étaient réutilisés au maximum et systématiquement conservés, dans ce que le personnel appelait «le sanctuaire».

Les gains

PBLV rapportait 43 millions d'euros par an pour France 3, soit 17% des recettes publicitaires de la chaîne. «Au-delà de 14 % de PDA, France 3 nous reversait un intéressement», confiait en novembre 2020 au Parisien un ancien cadre de la société de production TelFrance, rachetée par Newen (filiale de TF1).

Les décors

Les tournages avaient lieu à 80% en studio, au cœur de la Friche la Belle de Mai de Marseille, et s’étendaient sur près de 4000m2. Les 1000m2 de la place du Mistral, ses commerces et ses immeubles et surtout son fameux bar (lieux fictifs mais inspirés notamment du Bar des 13 coins, situé lui dans le quartier du Panier), en faisaient le plus vaste décor du feuilleton. «Les besoins en nouveaux décors sont décidés en fonction des arches à venir, puis ils sont imaginés et fabriqués en quelques semaines seulement», était-il expliqué dans Le Point en 2019. «Les ‘feuilles’, panneaux de bois qui formeront les murs des décors, sont ensuite fabriquées dans un atelier sur place.

Et pour équiper les pièces créées, les équipes peuvent piocher dans un immense stock de vaisselle, lampes, meubles, coussins... (le fameux «sanctuaire», ndlr). Les producteurs avaient recours à des astuces comme pour l'hôtel Le Céleste, qui n'a en réalité qu'une seule chambre.

Les audiences

6,8 millions de téléspectateurs, c’est le record d’audience réalisé par un prime en 2008, et 6.329.600 le record d’un épisode classique, diffusé le 14 février 2006. En 2022, en concurrence avec les séries du même genre diffusées sur les autres chaînes, PBLV comptait encore 2,7 millions de fidèles, auxquels il fallait ajouter les 4,1 millions de visionnages de vidéo sur Internet, malheureusement pas assez pour continuer la série, en a décidé France TV.

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