Renault a franchi une étape décisive pour son implantation en Chine, devenu depuis 2009 le premier marché automobile mondial, avec la signature d'un protocole d'accord avec le groupe Dongfeng qui lui permettra de produire sur place.
L'annonce a été faite lundi par le directeur de Renault pour la Chine, Katsumi Nakamura, lors du . "Ils ont signé un protocole d'accord", a-t-il fait savoir.
Renault et Dongfeng discutent à présent des détails de l'implantation future du français et du type de véhicules qui pourront être faits, selon M. Nakamura.
Renault est l'un des rares grands constructeurs occidentaux à ne pas produire pour l'instant en Chine. Il a en effet laissé pendant des années le marché chinois à son partenaire japonais Nissan, en vertu d'un découpage des zones géographiques entre les deux constructeurs automobiles.
L'an dernier, il n'a écoulé que 24.000 4x4 Koleos importés, via 80 points de vente, une goutte d'eau dans les 14,5 millions de voitures particulières vendues dans le pays.
La marque au losange lance à l'occasion du salon de Pékin la berline haut de gamme Talisman, reprenant le nom d'un concept car présenté il y a quelques années. Il s'agit en fait d'une voiture fabriquée chez son partenaire sud-coréen Samsung et qui est rebadgée.
Talisman, fabriquée en Corée chez Renault Samsung Motors, sera exportée vers la Chine à partir de mi-juin 2012.
"Le lancement du modèle phare de Renault en Chine, Talisman, souligne l'importance que Renault attache au marché chinois et notre confiance dans la croissance sur ce marché", a commenté le PDG du groupe, Carlos Ghosn, Président, cité dans un communiqué.
Malgré les volumes "modestes" qu'il réalise sur le marché chinois, Renault souligne qu'il va accélérer ses ventes dans les prochaines années avec l'expansion du réseau et les préparatifs d'un projet long-terme.
"Le lancement de Talisman contribuera à l'accélération de Renault en Chine, où le réseau de distribution passera de 80 concessions en 2011 à 170 en 2014", a indiqué le groupe.
Il projette de s'installer en Chine avec une production locale entre 2014 et 2016, a-t-il précisé en rappelant que les constructeurs étrangers doivent produire localement pour s'implanter dans le pays.
Le choix du partenariat avec Dongfeng était logique. Le constructeur chinois collabore depuis 2003 avec Nissan au sein d'une coentreprise. Ils comptent trois usines à Guangzhou (Canton), Zhengzhou et Xiangyang. La Chine est d'ailleurs devenue le premier marché de Nissan avec un million de véhicules produits et autant de vendus.
Le constructeur japonais a présenté l'été dernier un vaste plan d'investissements de 5,4 milliards d'euros sur cinq ans avec Dongfeng. Les deux entreprises prévoient de lancer 30 nouveaux modèles et de porter leurs ventes de 1,3 million d'unités en 2010 à plus de 2,3 millions de véhicules en 2015.
Dongfeng travaille aussi avec d'autres groupes étrangers, dont le français PSA Peugeot Citroën et le japonais Honda via des coentreprises.
Sur le type de véhicules produits avec Dongfeng, il est certain que Renault fera des véhicules électriques, comme l'avait déjà indiqué son PDG Carlos Ghosn, a-t-il assuré. Carlos Ghosn avait indiqué que Renault devrait assembler des véhicules électriques pour répondre à une demande du gouvernement chinois en ce sens. Il estimait aussi indispensable de proposer des modèles haut de gamme dans le réseau de concessionnaires.
Il n'a pas exclu que Renault s'implante dans la ville centrale de Wuhan, comme l'a évoqué la presse chinoise. Le gouvernement "ne permet pas d'ajouter des capacités (de production ndlr) sur la côte" où se concentre déjà l'essentiel de l'activité automobile, a expliqué le tout nouveau directeur de Renault en Chine.
"Wuhan n'est pas une ville côtière, donc pourquoi pas? Mais aucune décision n'a été prise pour l'instant", a-t-il ajouté.