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Grèce : Moscovici met en garde contre toute sortie de l'euro

Pierre Moscovici et son homoogue allemand Wolfgang Schäuble le 21 mai 2012 à Berlin[AFP]

Satisfait du message "très positif" de Berlin sur la Grèce, le ministre des Finances Pierre Moscovici prévient, dans un entretien à l'AFP, qu'une sortie d'Athènes de l'euro provoquerait une contagion imprévisible et qu'il faut donc "tout faire" pour l'éviter.

Lors de la première rencontre de M. Moscovici avec son homologue allemand Wolfgang Schäuble, lundi à Berlin, les deux hommes ont promis en choeur de "tout faire pour garder la Grèce" dans la zone euro. "C'est un discours très positif de la part de Wolfgang Schäuble", s'est réjoui, dans l'avion le ramenant à Paris, le patron de Bercy, "satisfait" de son entretien.

"Chacun peut être inquiet pour la Grèce, et nous le sommes. Mais une sortie de la Grèce provoquerait une contagion de la crise dont l'ampleur n'est pas prévisible et peut-être pas maîtrisable", met-il en garde, pour mieux rejeter ce scénario.

Pour Pierre Moscovici, "il faut tout faire pour qu'il y ait, après les élections du 17 juin, un gouvernement grec favorable à la zone euro et qui s'engage à faire le nécessaire pour rester dans la zone euro".

Comment, puisque, comme le reconnaît le ministre, ce sont in fine les Grecs qui trancheront par leur vote? "Il faut tout faire pour aider les forces pro-européennes et pro-euro en Grèce", en proposant notamment "des mesures pour relancer la croissance et redonner espoir aux Grecs", répond cet Européen "convaincu", assurant parler un "langage commun" avec le ministre allemand.

"Il faut retrouver l'espoir, or il n'y pas d'espoir en Europe sans croissance." Voilà donc le thème phare du président François Hollande: la croissance. Sur ce sujet aussi, Pierre Moscovici est satisfait de sa première visite berlinoise.

"Il y a des compromis possibles" avec l'Allemagne, estime-t-il, énumérant les principales propositions du chef de l'Etat pour relancer l'activité en Europe: renforcement du capital de la Banque européenne d'investissement (BEI), mobilisation des fonds structurels inutilisés et création d'une taxe européenne sur les transactions financières.

Les deux premiers leviers pourraient particulièrement être utilisés pour des investissements ciblés et rapides en Grèce.

Mais même sur les emprunts communs européens pour financer des projets d'infrastructures, ou "project bonds", une ouverture semble possible à Berlin, juge-t-on côté français.

M. Moscovici reconnaît en revanche qu'il existe encore, pour l'instant, un "désaccord majeur" avec l'Allemagne sur les "eurobonds", cette mutualisation d'une part des dettes des Etats européens chère à François Hollande mais rejetée par la chancelière Angela Merkel.

"Pour nous c'est une idée forte, mais on ne peut pas l'imposer, on va en parler", dit le ministre avant d'ajouter: "nous y tenons".

Au passage, il réitère la position de Paris: la France ne ratifiera pas le traité européen de discipline budgétaire tant qu'un "volet croissance" ne viendra pas le compléter.

Quelle forme juridique doit prendre ce "volet croissance"? "On parle d'abord de la substance, pour la forme on verra ensuite", répond-il.

Pierre Moscovici dit également avoir profité de l'occasion pour "dissiper" l'éventuelle "défiance qu'il pouvait y avoir en Allemagne vis-à-vis du nouveau gouvernement".

Pour cela, il a exprimé un message clair: "J'ai donné l'assurance que nous tiendrons nos engagements budgétaires. Il ne fallait pas que les Allemands pensent que sur ce point nous pouvons être fantaisistes ou laxistes".

"La France veut une relation d'amitié avec l'Allemagne: nous comprenons leur préoccupation sur la stabilité budgétaire, mais ils doivent comprendre notre préoccupation sur la croissance", conclut-il.

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