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Budget de l'UE : le sommet au bord de l'échec

Jean-Claude Juncker quitte le siège de l'Union européenne, le 23 novembre 2012 à Bruxelles [John Thys / AFP] Jean-Claude Juncker quitte le siège de l'Union européenne, le 23 novembre 2012 à Bruxelles [John Thys / AFP]

Les dirigeants européens s'orientaient vendredi vers un échec du sommet sur le budget pour 2014-2020, tant les divergences sont profondes au sein d'une Union européenne en pleine crise minée par la défense des intérêts nationaux.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont décidé dans la nuit de jeudi à vendredi de suspendre leurs travaux jusqu'à vendredi midi, afin d'examiner une nouvelle proposition de compromis faite par le président du Conseil européen Herman Van Rompuy.

"Je pense que nous avancerons un peu, mais je doute que nous parvenions à un accord", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel en quittant le sommet. "Il est probable qu'il n'y aura pas d'accord à ce sommet", a estimé le président français François Hollande devant quelques journalistes après sa conférence de presse. Pourquoi ça coince ?

Donner "du temps au temps pour parvenir à un accord" sera "sans doute la position sage", a-t-il poursuivi. "Je suis pour qu'un compromis soit trouvé, c'est l'intérêt de l'Europe", mais cela peut "se faire en deux temps, on n'est pas dans le sommet de la dernière chance", a fait valoir M. Hollande.

Angela Merkel, Jyrki Katainen, Antonis Samaras et Jose Manuel Barroso lors de la photo de famille, le 22 novembre 2012 à Bruxelles [John Thys / AFP]
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Angela Merkel, Jyrki Katainen, Antonis Samaras et Jose Manuel Barroso lors de la photo de famille, le 22 novembre 2012 à Bruxelles
 

Dès son arrivée à Bruxelles, Mme Merkel avait jugé "possible" qu'il faille un nouveau sommet pour aboutir. Les dirigeants autrichien, italien, espagnol et polonais sont allés dans le même sens.

Cette nouvelle impasse survient quelques jours après l'échec des ministres des Finances de la zone euro sur le versement d'une aide financière à la Grèce. Une nouvelle réunion de l'Eurogroupe est programmée lundi sur cette question.

Dans son nouveau projet de compromis sur le budget européen, M. Van Rompuy a maintenu sa proposition initiale de budget à 973 milliards d'euros, soit 1,01% du PIB européen.

Mais il propose une nouvelle ventilation des fonds pour tenter d'arracher un accord. La Politique agricole commune (PAC), à laquelle la France est très attachée, se voit allouer 8 milliards d'euros supplémentaires, et 10,6 milliards de plus vont à la politique de cohésion en faveur des pays les plus pauvres.

Pour cela, il soustrait 20,3 milliards pris sur plusieurs enveloppes, dont 13 aux budgets pour la croissance et les grandes infrastructures.

Sa première proposition avait été obtenue en réduisant de 75 milliards d'euros le projet de la Commission, qui demandait 1.047 milliards d'euros. Mais la PAC perdait 25,5 milliards d'euros, dont 13,2 pour l'enveloppe destinées aux aides directes et aux interventions sur les marchés. Ces coupes avaient été dénoncées comme "inacceptables" par les Français.

La cohésion voyait pour sa part son enveloppe réduite de 29 milliards.

M. Van Rompuy ne touche pas en revanche à l'enveloppe destinées aux dépenses de fonctionnement des institutions, notamment pour les salaires des fonctionnaires. Mais il suggère de les faire travailler 40 heures par semaine, et ceci sans augmentation.

François Hollande le 23 novembre 2012 à Bruxelles [Bertrand Langlois / AFP]
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François Hollande le 23 novembre 2012 à Bruxelles
 

Défendant la "modération" de sa proposition, M. Van Rompuy a exhorté les dirigeants européens à s'entendre en soulignant qu'il s'agissait du budget "pour la prochaine décennie". "Nous devons travailler avec à l'esprit l'intérêt européen, parallèlement aux intérêts nationaux", a-t-il plaidé.

Mais son nouveau compromis ne contente personne. "Je ne suis pas encore satisfait", a déclaré M. Hollande, en disant n'avoir été que "partiellement entendu".

Quant aux Britanniques, ils sont furieux. "Les chiffres qui nous sont soumis sont similaires à ceux que nous avions ce matin avant toutes ces réunions bilatérales", a commenté un diplomate britannique. "Il reste encore beaucoup à faire", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre britannique David Cameron a quitté le sommet sans faire la moindre déclaration. Soumis à une pression intense dans son pays, il aurait pu ramener une victoire à Londres avec le maintien du rabais. "Si on ne conclut pas demain, ça se dégonfle", a confié un responsable européen sous couvert de l'anonymat.

"Les marges de manoeuvre pour M. Cameron sont tellement minces qu'il est probable qu'il n'y ait pas d'accord", a estimé le président du Parlement européen, Martin Schulz.

Le sommet s'était ouvert peu après 23H00 (22H00 GMT), avec trois heures de retard sur l'horaire prévu, au terme d'une journée d'entretiens entre M. Van Rompuy et chacun des dirigeants européens, et une série de rencontres entre les chefs d'Etat et de gouvernement eux-mêmes.

Malgré une longue discussion, Mme Merkel et M. Hollande n'avaient pas trouvé de position commune. En outre, un rapprochement semblait se dessiner entre l'Allemagne et le Royaume-Uni en faveur de coupes plus drastiques.

"Nous n'entrons pas dans les chiffres, mais les Allemands sont sur la même position (que nous) sur les coupes", avait indiqué à l'AFP un responsable britannique. "Pour les Allemands, la proposition Van Rompuy est encore trop élevée", avait indiqué une source gouvernementale allemande.

 
BLOCKED

Le Premier ministre britannique se veut inflexible. Il avait annoncé à son arrivée sa volonté de "négocier durement pour obtenir un bon accord pour les contribuables britanniques et européens", et affiché son refus de perdre le fameux rabais sur sa contribution arraché par son pays en 1984.

David Cameron a aussi dans son collimateur l'enveloppe allouée à la PAC et les dépenses de fonctionnement des institutions européennes.

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