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Concorde : la justice se prononce en appel 12 ans après l'accident

Le vice-président de Continental Airlines  Kenneth Burtt et son avocat Mike DeGeurin à l'audience le 3 février 2010 au tirbunal de Pontoise [Bertrand Guay / AFP/Archives] Le vice-président de Continental Airlines Kenneth Burtt et son avocat Mike DeGeurin à l'audience le 3 février 2010 au tirbunal de Pontoise [Bertrand Guay / AFP/Archives]

La cour d'appel de Versailles dira jeudi après-midi si elle confirme ou non la condamnation de Continental Airlines pour l'accident du Concorde d'Air France, qui avait fait 113 morts le 25 juillet 2000 près de Paris.

En première instance, la compagnie américaine avait été condamnée à 200.000 euros d'amende et à verser un million d'euros de dommages et intérêts à Air France.

Le tribunal correctionnel de Pontoise avait jugé qu'un DC10 de Continental avait déclenché la catastrophe survenue à Gonesse (Val-d'Oise), en perdant une lamelle métallique sur la piste de décollage du Concorde, à Roissy.

Cette pièce avait déclenché un enchaînement fatal, selon le jugement de 2010: éclatement d'un pneu du supersonique, perforation d'un réservoir, inflammation du carburant.

Au procès en appel, au printemps, le ministère public a requis l'amende maximale pour homicides involontaires (225.000 euros) à l'encontre de la compagnie américaine.

La défense de Continental Airlines a toujours réfuté qu'un bout de ferraille d'une quarantaine de centimètres ait pu déclencher l'accident.

Son avocat, Me Olivier Metzner, a fait citer des témoins affirmant que le Concorde avait pris feu avant de rouler sur la fameuse lamelle.

Il a rejeté la responsabilité de l'accident sur Air France, mettant en cause la maintenance de ses Concorde et la préparation du vol en question. Il a ainsi rappelé qu'une pièce du train d'atterrissage du supersonique était manquante, que l'appareil était en "surpoids" et qu'un petit moteur électrique avait été changé à la dernière minute.

"Aveugle et sourd"

La compagnie française, partie civile, a fermement rejeté ces accusations et réclamé 15 millions d'euros de dommages et intérêts, notamment pour atteinte à son image. L'enjeu financier excède ce procès, puisque Air France et ses assureurs poursuivent Continental Airlines devant le tribunal de commerce de Pontoise pour obtenir réparation de leur préjudice économique. Ce tribunal a sursis à statuer jusqu'à la fin de la procédure pénale.

En ce qui concerne les responsabilités françaises, le ministère public a requis 18 mois de prison avec sursis contre Claude Frantzen, 75 ans, ancien responsable de la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC), autorité en charge de la sécurité aérienne. Il avait été relaxé en première instance.

Le parquet général lui a reproché d'être "resté pendant 15 ans aveugle et sourd" aux incidents ayant "émaillé la vie de l'appareil" et de ne pas avoir imposé aux constructeurs de remédier aux faiblesses de l'appareil.

Car avant ce premier accident mortel en 24 ans d'exploitation, le Concorde avait connu plusieurs incidents de pneus, dont un grave à Washington en 1979.

Des mesures avaient alors été prises pour renforcer les pneus, mais l'idée d'un renforcement des réservoirs avait été abandonnée. Elle ne sera mise en oeuvre qu'après l'accident de Gonesse, pour la reprise temporaire des vols, avant leur arrêt définitif en 2003.

L'avocat de M. Frantzen, Me Daniel Soulez Larivière, avait estimé qu'à travers son client, "bouc émissaire", "on fait le procès de l'Etat".

Le ministère public a en revanche requis la relaxe de deux employés de Continental Airlines: John Taylor, 44 ans, un chaudronnier condamné en 2010 à 15 mois de prison avec sursis pour avoir mal fabriqué et fixé la lamelle, et son chef d'équipe Stanley Ford, 73 ans, qui avait été relaxé.

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