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Les défis du nouveau PDG du groupe Thales

Jean-Bernard Lévy à Paris, le 1er mars 2012 [Eric Piermont / AFP/Archives] Jean-Bernard Lévy à Paris, le 1er mars 2012 [Eric Piermont / AFP/Archives]

Jean-Bernard Lévy, qui a été porté jeudi à la tête du groupe d'électronique et de défense Thales, après l'éviction de son prédécesseur controversé, va se retrouver confronté aux attentes contradictoires des syndicats et des investisseurs.

Les analystes financiers souhaitent la poursuite de la restructuration de ce groupe de 68.000 employés. Les syndicats demandent la suspension de la réorganisation entreprise par le PDG sortant, Luc Vigneron, dont ils ont obtenu la tête.

M. Lévy, un polytechnicien de 57 ans spécialisé dans les télécommunications, devra aussi asseoir sa légitimité dans une société polymorphe, dont les produits vont des satellites aux blindés en passant par l'électronique de vol et la signalisation des chemins de fer.

Le défi sera d'autant plus grand qu'il est notoire que sa nomination résulte d'un compromis entre les deux principaux actionnaires, l'Etat et Dassault Aviation, qui défendaient des candidats différents mais tous deux issus de l'entreprise.

Jean-Bernard Lévy sera assisté d'un jeune cadre de Thales, Patrice Caine, 43 ans en janvier. Entré jeudi au comité exécutif du groupe, ce sera "un homme-clé de son futur dispositif", selon un porte-parole.

Pour le PDG de Dassault, Charles Edelstenne, les priorités du nouveau patron seront de se familiariser avec le groupe et de ramener la paix dans l'entreprise, dont les syndicats refusaient depuis septembre de rencontrer leur patron, contesté dès son arrivée en mai 2009.

L'intersyndicale de Thales a immédiatement demandé "un moratoire sur l'ensemble des programmes de transformation mis en oeuvre par la direction sortante", notamment le plan "Probasis" de réduction des coûts.

Dans un communiqué, elle a également exigé la nomination d'un nouveau directeur des ressources humaines, ouvrant la voie au remplacement d'autres dirigeants.

"Les antécédents du nouveau PDG vont nous inciter à être très vigilants sur les décisions qui vont être prises", a ajouté Laurent Trombini, délégué CGT. En effet, M. Lévy, qui a passé dix ans à la direction de Vivendi, n'a pas laissé un souvenir chaleureux chez les syndicats de ce groupe de médias et de télécoms.

Clarifier le portefeuille d'activités

"Il avait une relation froide et distante avec les partenaires sociaux (...). Il n'était pas accessible, à l'écoute", estime la responsable Union des syndicats autonomes (UNSA) au comité du groupe Vivendi. Pour un syndicaliste CFE-CGC qui a requis l'anonymat, M. Lévy est "un animal à sang froid, pas trop ouvert au dialogue".

M. Caine en revanche "est apprécié pour ses capacités de dialogue", dit-on au sein du groupe.

Les attentes des marchés ne rejoignent pas celles des syndicats. Pour Christophe Menard, analyste chez Kepler Capital Markets, le plan Probasis doit être confirmé. "Il est essentiel que le plan d'amélioration des marges soit maintenu pour parvenir à une meilleure appréciation du titre", a-t-il dit.

Un autre analyste a estimé sous le couvert de l'anonymat que le nouveau patron devrait "continuer la clarification du portefeuille d'activités du groupe, ce qui passe par des cessions et des acquisitions".

M. Vigneron avait trouvé à son arrivée en mai 2009 un groupe né de Thomson-CSF qui avait crû par acquisitions dans toutes les directions. La dispersion était telle que les commerciaux des différentes divisions se faisaient concurrence sur les mêmes produits, raconte-t-on au sein du groupe.

Le PDG a mené une réorganisation musclée, limité les pertes sur des contrats mal négociés et, après deux ans dans le rouge, Thales a renoué avec les profits en 2010.

Mais ces remaniements ont rencontré la résistance de baronnies internes et l'hostilité croissante des syndicats, qui ont dénoncé des projets de "délocalisation des emplois" dans certaines activités.

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