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Alstom vend une "autoroute" électrique en mer du Nord

Des éoliennes et une ligne à haute tension [Oliver Berg / DPA/AFP/Archives] Des éoliennes et une ligne à haute tension [Oliver Berg / DPA/AFP/Archives]

Le groupe industriel français Alstom a décroché un contrat de plus d'un milliard d'euros pour construire une "autoroute" électrique de plus de 160 kilomètres reliant de grands parcs éoliens en mer du Nord à l'Allemagne, a-t-il annoncé mardi.

"C'est notre plus grosse commande jamais enregistrée par Alstom Grid, même sous ses précédents noms Alstom T&D ou Areva T&D", a expliqué le président de la division de transmission électrique du groupe français, Grégoire Poux-Guillaume, lors d'une conférence téléphonique.

Le contrat, remporté auprès de la filiale allemande du gestionnaire néerlandais de réseaux électriques Tennet, permettra de connecter le projet DolWin 3, cinq parcs éoliens offshore d'environ 200 turbines d'une puissance totale de 900 mégawatts, a-t-il précisé.

La moitié de la ligne (83 kilomètres) sera sous-marine à courant continu, puis sera suivie de 79 kilomètres d'une ligne à haute tension terrestre, jusqu'à la ville de Dörpen en Basse-Saxe, près de la frontière néerlandaise, pour une inauguration prévue "à l'automne 2017".

Cette technologie plus complexe des lignes à haute tension (320.000 volts pour ce projet) à courant continu est rendue nécessaire par l'éloignement de certains parcs éoliens en mer.

"Quand on s'éloigne des côtes à plus de 50 kilomètres, on ne doit plus les connecter en courant alternatif, on doit les connecter en courant continu, qui sur les longues distances permet de minimiser les pertes de charge", a souligné M. Poux-Guillaume.

Or seuls trois groupes sont en mesure de mener ce type de projets: Alstom, le suisse ABB et l'allemand Siemens, a-t-il souligné.

"C'est un défi technologique parce que c'est une technologie nouvelle. Elle est aujourd'hui est en cours de déploiement par les opérateurs, mais il n'existe pas à ce jour de champ éolien connecté en courant continu en opération commerciale", selon le dirigeant d'Alstom.

Le câble pour l'italien Prysmian

Pour le groupe français, il s'agit même du premier contrat avec cette technologie pour un projet offshore, même s'il mène déjà de gros projets à terre en Brésil et en Chine, a-t-il souligné.

Un parc éolien en mer au nord de l'Allemagne [Focke Strangmann / AFP/Archives]
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Un parc éolien en mer au nord de l'Allemagne
 

Le contrat comprend des plateformes et stations de conversion électrique en mer, l'installation des câbles qui les relie, leur raccordement au réseau ainsi qu'un contrat de services de cinq ans.

La commande pour le câble, qui n'est pas inclus dans le milliard d'euros décroché par Alstom, a été confiée au groupe italien Prysmian. Ce contrat là représente "entre 300 et 400 millions d'euros", selon Alstom. La fabrication de plateformes revient à l'allemand Nordic Yards.

Avec la connexion de Dolwin 3, Tennet aura 6,2 gigawatts d'éoliennes offshore en mer du Nord reliées au réseau, soit à pleine puissance l'équivalent de quatre réacteurs nucléaires.

Le marché boursier est resté peu sensible à cette annonce: en fin de matinée à Paris, l'action Alstom (-1,91% à 32,66 euros) évoluait comme le CAC 40 (-1,96%).

Ces nouvelles "autoroutes de l'énergie" à courant continu représenteraient un marché de 50 milliards d'euros d'ici 2020, contre environ 3 milliards d'euros par an actuellement, selon Alstom.

Outre les connexions offshore éloignées des côtes, la demande est tirée par la construction d'immenses lignes à haute tension dans des pays vastes comme le Brésil ou la Chine, un voltage très élevé et le courant continu permettant de réduire considérablement l'électricité perdue lors du transport.

Le secteur est également tiré par la construction de connexions entre les pays, obligatoirement à courant continu dans les cas où les fréquences des réseaux électriques ne sont pas les mêmes.

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