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Le courant passe mal pour la voiture électrique en Allemagne

La chancelière Angela Merkel branche une voiture électrique, le 27 mai 2013 à Berlin, lors d'un congrès international sur l'électromobilité [Johannes Eisele / AFP] La chancelière Angela Merkel branche une voiture électrique, le 27 mai 2013 à Berlin, lors d'un congrès international sur l'électromobilité [Johannes Eisele / AFP]

L'Allemagne compte toujours voir un million de véhicules électriques sur ses routes d'ici 2020, un objectif qui paraît difficilement atteignable compte tenu du peu d'empressement des consommateurs.

Cette intention, formulée en 2009 par la chancelière allemande Angela Merkel, reste intacte, a-t-elle réaffirmé lundi, tout en se montrant consciente de l'ampleur de la tâche.

"Nos projets sont ambitieux", a-t-elle reconnu. "Mais nous avons de bonnes chances de tenir le calendrier", a-t-elle assuré devant un parterre d'industriels et de politiques réunis à Berlin pour un congrès international sur le thème de l'électromobilité.

Martin Winterkorn, le patron de Volkswagen, qui lance cet été son nouveau modèle électrique baptisé "E-up!" puis la version électrique de sa nouvelle Golf, s'est dit "convaincu" que l'objectif du million sera atteint, dans une interview au journal dominical Bild am Sonntag. Mais il y inclut tous les types de moteurs alternatifs, pas seulement le 100% électrique.

Henning Kagermann, coordinateur de la "Plateforme pour la mobilité électrique" chargée d'évaluer et de coordonner la stratégie allemande dans ce domaine, table lui plutôt sur environ 600.000 véhicules électriques en circulation en Allemagne en 2020 au vu des conditions actuelles.

Mais pour l'heure, comme aux Etats-Unis et dans le reste de l'Europe, la vente de voitures électriques peine à décoller. L'an dernier, l'agence fédérale allemande de l'automobile (KBA) a dénombré à peine 3.000 nouvelles immatriculations de voitures 100% électriques.

Angela Merkel contemple une Mercedes E-drive, le 27 mai 2013 à Berlin [Johannes Eisele / AFP]
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Angela Merkel contemple une Mercedes E-drive, le 27 mai 2013 à Berlin

Malgré la petite quinzaine de modèles proposés, seules 7.000 voitures électriques environ étaient en circulation en Allemagne au 1er janvier, soit moins de 0,1% des immatriculations, quand les voitures hybrides étaient au nombre de presque 65.000 et les voitures à essence de plus de 30 millions.

Pour Ferdinand Dudenhöffer, directeur du centre de recherche sur l'automobile de l'Université de Duisbourg-Essen (ouest), le constat est sans appel: "l'électromobilité fait du surplace".

A la fin de l'année, "la part de marché des voitures électriques et hybrides rechargeables atteindra 0,13%. C'est moins qu'une niche de niche de marché", ironise-t-il.

"Sur la bonne voie"

Le programme allemand en matière de voitures électriques est toutefois encore dans sa phase de "préparation du marché", qui court jusqu'en 2014 avec la promotion de ce type de véhicules dans quatre régions pilotes. La production de masse est espérée pour 2017.

Assurant que l'Allemagne est "sur la bonne voie", le ministre allemand des Transports, Peter Ramsauer, estime normal que les débuts soient difficiles. Selon lui, il est nécessaire de travailler à la fois sur l'offre de modèles de qualité, sur les infrastructures et l'adhésion du public.

Les automobilistes allemands font montre d'un scepticisme croissant, comme le montre un sondage de la fédération des automobile clubs allemands, ADAC, publié lundi. Presque 44% des interrogés ne seraient pas prêts à payer davantage pour une voiture électrique, contre 27% en 2011.

La fédération allemande de l'automobile préfère voir le verre à moitié plein. Si elles sont encore faibles, "les ventes de voitures électriques ont doublé chaque année depuis 2007", souligne la VDA, qui compte d'abord sur un essor des flottes d'entreprises et réclame une fiscalité incitative pour les véhicules de fonction.

Certain que ces voitures trouveront leur public, le patron d'Opel Karl-Thomas Neumann, a estimé lors du congrès que leur essor devait s'accompagner de changements dans le mode d'utilisation de la voiture, avec notamment le développement de l'auto-partage pour compenser les inconvénients actuels de la voiture électrique, à savoir son prix et sa faible autonomie.

Un avis partagé par Philippe Varin, patron de PSA Peugeot Citroën, qui table sur "un processus progressif de dix ans" pour convaincre les consommateurs privés, qui se laisseront d'abord tenter par une voiture hybride, puis par une hybride rechargeable et enfin un véhicule 100% électrique.

Outre près d'1,5 milliard d'euros de financements pour la recherche et le développement, Berlin a mis en place l'exonération de vignette pendant dix ans pour les voitures électriques mais continue de refuser une prime à l'achat, pratiquée en France avec un bonus écologique de 7.000 euros.

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