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Twinings : l’authentici’thé

Twining demeure la marque préférée du trône et fut, en 1837, le "Fournisseur attitré de Sa Majesté la Reine Victoria"[CC/Aramek]

Deuxième boisson la plus consommée au monde (après l’eau), le thé est aussi l’une des plus anciennes et cosmopolites. En Angleterre, Twinings est l’une des premières sociétés à s’être spécialisée, il y a 300 ans, dans le commerce de cette plante aromatique, importée depuis les colonies asiatiques.

 

Archives – Article publié le mardi 6 novembre 2007

 

La légende raconte qu’en 2737 av. J.-C., une feuille provenant d’un arbre sauvage tomba dans le bol d’eau chaude de l’empereur chinois Shen Nong. Et si la légende ne raconte pas ce que faisait cet empereur avec un bol d’eau chaude, nous savons qu’il fut immédiatement séduit par le goût vivifiant de sa nouvelle boisson. Mais l’Histoire se satisfait peu des légendes.

La première trace de consommation de thé remonte ainsi au IIIe siècle avant J.-C., en Chine. Pendant 600 ans, il fut produit comme un remède thérapeutique, conseillé par les médecins. Progressivement, le thé devient une boisson quotidienne. Sa culture domestique se répand. Les premiers écrits évoquant ces plantations datent de 350 après J.-C., dans la vallée du Sichuan.

Le thé devient rapidement l’une des principales productions de la Chine, au point de servir de monnaie d’échange. L’âge d’or du thé arrive un peu plus tard, avec la dynastie Tang (618-907 après J.-C.), qui sacralise la cérémonie du thé. A l’époque, les cueilleurs de thé sont soumis à des règles très strictes : on leur interdit de consommer des épices fortes ou de l’ail, pour éviter que leur peau ne souille les feuilles de thé.

 

Un millénaire plus tard : « Do you want a cup a tea ? »

Chinoise est la légende, anglaise est la référence. Si la bière est belge, le vin français et le whisky irlandais, le thé, dans l’imaginaire collectif, est anglais. Lorsque l’aiguille de l’horloge se pose sur le «V» de 17h, toute l’Angleterre stoppe immédiatement ses activités et se délecte devant une tasse d’eau chaude parfumée. Aujourd’hui pourtant, cette image d’Epinal est quelque peu dépassée : l’«afternoon tea» n’est plus la tasse de thé des Anglais, qui le réservent éventuellement aux dimanches en famille. Et si les Anglais demeurent de grands consommateurs de la boisson, la Grande-Bretagne ne se situe qu’à la septième place du classement européen de la consommation de thé, avec 3,2 kilos par personne et par an. Ce sont les voisins irlandais qui tiennent le haut de la tasse.

Il faut pourtant reconnaître à la Grande-Bretagne qu’elle reste une référence en la matière, la seule référence gastronomique du pays d’ailleurs – les Anglais n’ayant jamais réussi à nous séduire avec leurs pudding, gelée, sauce à la menthe pour la viande et autres condiments étranges. Difficile pour autant de vraiment définir un leader sur le marché du thé, un représentant unique du savoir-faire anglais. Lipton est le plus gros vendeur, mais la marque est plus une référence «grand public» que gastronomique. Historiquement, c’est Twinings qui est le doyen. Innovant dans le goût, la marque fondée en 1706 demeure une référence de qua- lité «pour tous», disponible en supermarché.

 

Vidéo : Stephen Twining, explique comment faire une parfaite tasse de thé

 

 

Coffee House

Thomas Twining, jeune bourgeois issu d’une famille spécialisée dans le commerce de la laine et la meunerie, décide de prêter son nom à une société de distribution de thé, après avoir travaillé auprès d’un revendeur. Il monte sa société pour importer cette plante qu’il a appris à connaître lors d’un voyage initiatique en Chine, puis ouvre en 1706 le «Tom’s Coffee House», première maison de thé de sa famille (et du monde), située en plein sur la rue animée du Strand, à Londres.

On y déguste à la tasse des thés issus des quatre coins de l’empire colonial. D’abord lieu de dégustation, le Tom’s Coffee House s’agrandit en 1717, devenant rapidement une plateforme de distribution où toute la haute société britannique vient s’approvisionner.

 

La « Boston Tea Party »

A la mort de Thomas Twining, en 1741, son fils Daniel reprend l’aventure familiale. Déjà, la marque est une référence dans les tasses en porcelaine de la noblesse anglaise. En 1749, Twinings s’attaque au Nouveau Continent, séduisant le gouverneur anglais de Boston. C’est cependant en partie à cause du thé que va se construire la révolte des colonies américaines.

 En 1773, la Compagnie des Indes avait de lourdes dettes et d’énormes stocks de thé à écouler. Pour faciliter l’accès au marché nord-américain, le gouvernement britannique édicte le «Tea Act»: la Compagnie est autorisée à vendre dans les colonies sans payer les taxes.

La révolte des importateurs locaux, qui ne peuvent rivaliser avec les nouveaux tarifs de la Compagnie des Indes, culmine le 16 décembre 1773. Cette nuit-là, des Bostoniens déguisés en Indiens jettent à l’eau des tonnes de thé transporté par des bateaux de la Compagnie. Cette révolte reste célébrée aux Etats-Unis, sous le nom de «Boston Tea Party», comme un des événements ayant mené à la guerre d’indépendance américaine.

 

Joyaux de la couronne

Après avoir séduit la noblesse, Twinings se tourne dans la seconde moitié du XVIIIe siècle vers les classes modestes et démocratise la boisson. Pour autant, la marque demeure la préférée du trône et devient, en 1837, «Fournisseur attitré de Sa Majesté la Reine Victoria». La réputation de Twinings, son caractère «british» et la qualité de ses arômes datent essentiellement de cette période.

Par la suite, Twinings est devenu l’un des plus gros exportateurs, présent dans 130 pays. Comme les autres grands groupes de thé, Twinings joue largement la carte de la diversité et de la nouveauté des arômes. Une course à l’innovation parfois déroutante. Certains consommateurs jugeront par exemple incongru le thé à l’arôme «tarte au citron», dans la collection des thés gourmands et préféreront se rabattre sur des nouveautés plus traditionnelles, comme le thé blanc aux bourgeons argentés.

 

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