Jadis symbole de la puissance industrielle américaine, Detroit (Michigan) est devenue jeudi 18 juillet la plus grande ville américaine à se déclarer en faillite.
Les autorités de l'Etat du Michigan ont demandé jeudi 18 juillet le placement de Detroit sous la protection du régime des faillites, qui permettrait à la ville de renégocier sa dette colossale de 18,5 milliards de dollars (14 milliards d'euros environ). Ainsi, le gouverneur de l'Etat du Michigan, Rick Snyder, a annoncé dans une vidéo qu'il réclamait le placement de la ville de Detroit sous "chapter 9", le code qui régit les faillites de municipalités.
"Je prends cette décision difficile afin que les habitants de Detroit aient accès aux services publics les plus élémentaires et pour que Detroit reparte sur de solides bases financières qui lui permettront de croire à l'avenir", a-t-il expliqué. "C'est la seule option", a-t-il également souligné.
Procédure des créanciers entre parenthèses
Face à sa dette record, la municipalité avait prévenu le mois dernier qu'elle serait obligée de faire défaut sur une partie de cette somme. Le gouverneur avait ainsi mandaté un expert, Kevyn Orr pour tenter de sortir la ville de ses graves difficultés financières.
Kevyn Orr prévoyait notamment de négocier avec les créanciers de la ville, principalement des fonds de retraite auxquels Detroit doit 9 milliards de dollars. Ces fonds avaient lancé une procédure judiciaire pour empêcher toute coupe dans les retraites de leurs souscripteurs. Mais, la mise en faillite de la municipalité permet de suspendre une telle procédure.
La Maison Blanche attentive à la situation
Amy Brundage, porte-parole de la Maison Blanche, a indiqué que le président Barack Obama et son équipe rapprochée surveillent de près la situation de Detroit.
"Si les dirigeants sur le terrain au Michigan et les créanciers de la ville savent qu'ils doivent trouver une solution aux graves difficultés financières de Detroit, nous sommes engagés à poursuivre notre partenariat robuste au moment où elle œuvre à reprendre le dessus, se revitaliser et maintenir son rang", a-t-elle également souligné.
Lente agonie de la ville
Selon Kevyn Orr, les causes de la crise de Detroit son multiples : "une mauvaise gestion financière, une population en baisse, une érosion de la base fiscale pendant ces 45 dernières années".
Etendard de l'automobile triomphante au début du 20e siècle, Detroit est confrontée depuis une soixantaine d'année à un lent déclin économique et social, qui s'illustre dans l'exode de ses habitants. En 60 ans, la ville a perdu la moitié de sa population.
Et les stigmates de cette longue agonie sont visibles : 78.000 bâtiments sont à l'abandon, seulement un tiers des ambulances fonctionnent faute de moyens pour les entretenir, l'éclairage public n'est pas assuré dans de nombreux quartiers et 40% des lampadaires sont en panne.
En outre, le taux de criminalité n'a jamais été aussi élevé en 40 ans. Lorsqu'elle est appelée, la police met en moyenne 58 minutes pour arriver sur les lieux, contre 11 minutes au niveau national.
Un juge devra statuer d'ici trois mois si Detroit peut effectivement bénéficier de la protection de la loi sur les faillites. Si tel était le cas, Detroit deviendrait la plus grande ville américaine à se déclarer en faillite.
La déclaration du gouverneur Rick Snyder