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La France convainc l’Allemagne d’investir dans l’UE

Michel Sapin et Emmanuel Macron.[TOBIAS SCHWARZ / AFP]

L’axe franco-allemand semble sur le point de se reformer en Europe. Lundi, à Berlin, les ministres français de l’Economie et des Finances ont trouvé un accord avec leurs homologues allemands pour relancer la croissance en Europe.

En dépit de situations économiques différentes et de points de vue parfois diamétralement opposés sur la façon de guérir la zone euro, Emmanuel Macron, Michel Sapin, Sigmar Gabriel et Wolfgang Schäuble ont finalement trouvé un terrain d’entente.

 

Un accord équilibré

Les ministres français s’étaient déplacés outre-Rhin avec un véritable plan d’action. Leur but était de convaincre leur partenaire allemand, qui affiche depuis 2012 des comptes publics à l’équilibre, quand le déficit de la France dépasse les 4 %, de réinvestir ses marges de manœuvre budgétaires dans l’économie du continent.

En contrepartie, la France s’engageait à appliquer une série de réformes économiques. «50 milliards d’eu­ros d’économies chez nous, 50 milliards d’investissements chez eux, ce serait un bon équilibre», avait d’ailleurs jugé Emmanuel Macron dans une interview donnée lundi au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. Un plan accepté... au moins sur le principe.

«Depuis dix ans, nous avons un ratio d’investissement trop faible dans les entreprises», a ainsi admis le ministre de l’Economie, Sigmar Gabriel, arguant que cela allait changer. Mais l’homologue d’Emmanuel Macron a, dans le même temps, fait savoir que les fonds viendront «pour la plus grosse partie de l’investissement privé».

Si les quatre ministres n’ont pas donné plus de précisions sur les détails de l’accord,  Michel Sapin a déclaré que Paris et Berlin comptaient proposer des pistes communes sur l’investissement à leurs partenaires européens, dans un esprit de coopération et de concorde. Une piste cohérente, selon les spécialistes.

«L’Allemagne devrait plus investir dans l’innovation, dans les nouvelles technologies, estime l’économiste Marc Touati, auteur du Dictionnaire terrifiant de la dette (éditions du Moment). Si elle le fait dans plusieurs pays de la zone euro, tout le monde sera content

 

L’Allemagne attend des actes

Mais l’accord de lundi n’est pas une fin en soi. Car si l’Allemagne est prête à investir, elle ne le fera pas à n’importe quel prix. «Nous ne voulons pas de croissance à crédit», avait annoncé dimanche Wolfgang Schäuble, assurant que le déficit «zéro» était «le seul moyen de générer la confiance».

Berlin va donc attendre des preuves de bonne volonté de la part de Paris avant tout investissement. «Les Allemands ne souhaitent pas aller au clash mais ils ne sont pas dupes, explique Marc Touati. Pendant des années, ils ont été les seuls à faire des réformes et la France a été la seule à ne rien faire.»

Si l’Hexagone ne fait pas preuve de bonne volonté, cet accord risque donc de ne pas être réellement appliqué. Une conclusion qui ferait de la zone euro le grand perdant de l’histoire, et qui pourrait jeter un froid sur la relation franco-allemande.

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