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Compte à rebours enclenché pour sauver les retraites complémentaires

Une personne arrive au siège social des organismes de retraite complémentaire Agirc et Arrco à Paris. [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]

Le compte à rebours pour sauver l'Agirc-Arrco (retraites complémentaires) s'est enclenché mardi avec l'ouverture d'une difficile négociation entre patronat, favorable à un recul de l'âge de départ, et syndicats, partisans d'une hausse de cotisations.

 

Une première séance conclue sur un désaccord. Mais ils ont quatre mois, jusqu'à fin juin, pour trouver comment pérenniser les retraites complémentaires.

 

Note 'salée' pour les salariés

"Aucune surprise" lors de cette première séance au Medef à Paris, a commenté Serge Lavagna, négociateur CFE-CGC. Les syndicats ont présenté leurs pistes, le Medef les siennes qui sont "salées pour les salariés" et "excluent des hausses de cotisations" patronales. 

La négociation s'annonce "très compliquée", avait prévenu avant la séance Eric Aubin (CGT), alors qu'il y a urgence à sauver le régime des cadres et que le gouvernement met la pression. 

"Le gouvernement compte sur l'esprit renouvelé de responsabilité des partenaires sociaux dans cette négociation", a souligné la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine. 

En 2013, syndicats et patronat, gestionnaires des retraites complémentaires, avaient déjà pris des mesures pour pallier la dégradation des finances liée à l'arrivée massive à la retraite des papy boomers et à la réduction des cotisations due au chômage. 

Mais ces mesures n'ont pas porté les effets escomptés, du fait notamment de la faible inflation. Les deux régimes, en déficit depuis 5 ans, versent chaque année plus de pensions qu'elles ne perçoivent de cotisations.

Les réserves de l'Agirc (cadres) pourraient être à sec dès 2018 entraînant une diminution des pensions des cadres de 11%, selon le Medef.

Toutefois, son négociateur Claude Tendil dédramatise la situation : "Les régimes ne sont pas menacés de faillite. Ils fonctionnent avec des réserves", qui "permettent de compenser les déficits" de l'Agirc (1,24 milliard d'euros de déficit en 2013) et de l'Arrco (tous les salariés du privé, 405 millions de déficit). 

"Nous avons le temps pour trouver des solutions" pour ces régimes auxquels cotisent plus de 18 millions de salariés et leurs employeurs, qui versaient en 2013 des pensions à près de 12 millions de personnes, a-t-il ajouté. 

"On se donne cinq ans" pour revenir à l'équilibre, dit M. Tendil.

 

"Pas de solution facile"

Les partenaires sociaux disposent d'une myriade d'outils, peaufinés depuis des mois. Outre le gel des pensions, le patronat mise sur des mesures d'âge. 

"Il n'est pas question de modifier les bornes d'âge actuelles", fixées à 62 ans pour l'âge légal et 67 ans pour la retraite à taux plein, a toutefois dit M. Tendil pour désamorcer les tensions.

La logique du patronat est d'"inciter les gens qui seraient en capacité de prendre leur retraite de prolonger leur activité". Pour ce faire, le Medef propose des décotes "dégressives et temporaires" sur la pension omplémentaire. Concrètement, l'actif qui partirait à la retraite à 62 ans toucherait sa pension de base dans son intégralité. Toutefois, il percevrait une retraite complémentaire amputée jusqu'à ses 67 ans.

"On attend un chiffrage", précise Philippe Pihet, qui souligne toutefois que "60% des salariés du privé ne sont plus sur le marché du travail quand ils liquident leur pension".

Pas question toutefois pour le patronat d'augmenter les cotisations acquittées par les employeurs. "La porte est fermée provisoirement" mais "pas éternellement", le sujet "n'est pas tabou", a assuré le négociateur du Medef.

Un autre piste porte sur les pensions de réversion perçues par les veuves, une piste jugée "intolérable" par Pascale Coton (CFTC) qui refuse de voir diminuer ces "bouées de secours" des femmes.

Autre proposition du Medef: fusionner l'Agirc et l'Arrco, "un casus belli", pour la CGT qui estime que cela "pousse les cadres à capitaliser", et "l'enjeu caché" de ces négociations est "de supprimer le statut cadre", a dénoncé Marie-José Kotlicki.

"Le Medef "ne veut pas mettre un sou de plus" et veut faire "supporter les efforts" aux "retraités, demandeurs d'emploi, femmes et cadres", a critiqué M. Aubin, précisant que la CGT avait apporté cinq propositions de financement.

La CFDT a dénoncé "la moindre revalorisation des périodes de chômage des demandeurs d'emploi" proposée par le patronat. Des bilatérales se tiendront avant la prochaine séance le 20 février.

 

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