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La liste de réformes grecques bien accueillie

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras.[AFP]

Le plan de réformes soumis par Athènes a reçu un premier accueil positif mardi à Bruxelles et sera examiné dans l'après-midi par la zone euro, qui devrait, sauf coup de théâtre, accorder une prolongation jusqu'à l'été du programme de financement et éviter au pays l'asphyxie financière.

 

Une téléconférence de l'Eurogroupe aura lieu à 14H00 (13H00 GMT), a indiqué le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, après l'envoi par la Grèce de sa liste de réformes qui a été examinée dans la matinée par les institutions créancières (UE, BCE et FMI).

La confirmation de cette téléconférence laisse supposer que les créanciers de la Grèce -- que plus personne ne nomme la troïka -- ont donné leur feu vert à la liste de réformes soumise par le pays lundi soir, avant l'expiration à minuit du délai fixé par la zone euro.

 

Les marchés grecs répondent favorablement

A la Bourse d'Athènes, l'indice général bondissait de 7% mardi à la mi-journée.

Dès mardi matin, la Commission a estimé que cette liste de réformes était "un point de départ valide" pour que la Grèce et ses créanciers s'entendent sur la poursuite du financement au pays.

L'exécutif européen trouve notamment encourageant l'engagement d'Athènes à combattre l'évasion fiscale. Athènes promet en effet de lutter contre l'évasion fiscale, la corruption, la contrebande d'essence et de cigarettes et la réorganisation de la fonction publique.

 

Jusqu'à fin avril pour finaliser la feuille de route

Les autorités grecques auront ensuite jusqu'à fin avril pour finaliser cette feuille de route, en échange de laquelle elles veulent obtenir un assouplissement de l'austérité tout en maintenant le pays sous perfusion financière, avec le versement de plus de 3,5 milliards d'euros côté européen.

"Le gouvernement grec est très sérieux dans sa volonté de réformes" a estimé le président de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, lors d'une audition mardi au Parlement européen. "Mais il s'agit juste d'un premier pas", la finalisation des réformes présentées par la Grèce "devra être faite en coopération étroite" avec ses créanciers, "cela prendra du temps", a-t-il insisté.

La présentation de cette liste était la première des conditions fixée par la zone euro à la prolongation de quatre mois de cette assistance financière, expirant samedi.

Athènes s'était résignée à demander cette extension vendredi dernier, après plusieurs réunions extrêmement houleuses avec ses partenaires de la zone euro, qui avaient ravivé les craintes d'une sortie du pays de la zone euro, le "Grexit".

Le gouvernement grec a rendu publique sa liste d'engagements transmise à Bruxelles, qui prévoit de "réviser" le programme des privatisations non encore engagées, sans revenir sur celles achevées, et garde l'objectif d'augmenter le salaire minimum sans préciser de calendrier et de niveau de relèvement. Le document en quatre chapitres insiste à plusieurs reprises sur "la concertation avec les institutions" (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) dans l'élaboration détaillée de ses projets, ces mêmes institutions que le gouvernement d'Alexis Tsipras voulait chasser du pays après son élection. 

 

Retour à la dignité

Le premier ministre grec, Alexis Tspiras a pour sa part convoqué un conseil des ministres en milieu de journée pour étudier avec son gouvernement la mise en oeuvre de ce programme. "Nous avons décidé d'en finir avec l'austérité en pilotage automatique", a martelé le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, interviewé lundi soir par CNN, évoquant "une série de mesures atténuant la pauvreté". "Je peux vous assurer que les gens de la rue sont transportés par ce retour à la dignité", a-t-il ajouté.

Outre la lutte contre l'évasion fiscale et la corruption, la liste comprend également, selon un aperçu fourni par le gouvernement grec, une série de mesures en faveur des plus défavorisés, conformément au programme du parti Syriza, porté au pouvoir fin janvier.

Il est notamment question de fourniture d'électricité gratuite à des familles dans le besoin, d'accès gratuit aux services de soins, distribution de coupons d'aides alimentaires et de transport pour les plus modestes. L'ensemble de ce dispositif avait été évalué par Syriza, avant les législatives du 25 janvier, à 1,8 milliard d'euros.

Les créanciers d'Athènes - qui lui ont consenti depuis 2010 quelque 240 milliards d'euros de prêts -- exigent que ce programme ne remette pas en cause la stabilité des finances publiques et ne détricote pas les réformes engagées par les précédents gouvernements.

Cela force Alexis Tsipras à un délicat exercice d'équilibre entre son électorat et les partenaires du pays, alors que les premières dissonances se font entendre dans l'aile gauche de son parti.

Au-delà des promesses, il faudra s'assurer "que le plan sera mis en oeuvre", a plaidé mardi sur la chaîne de télévision allemande ARD Frans Timmermans, le premier vice-président de la Commission européenne. "Il n'y a pas beaucoup de marge de manoeuvre", a-t-il prévenu.

La défiance est aussi forte en Allemagne, où la prolongation de l'aide à la Grèce doit faire avant la fin de la semaine l'objet d'un vote du Bundestag, chambre basse du Parlement. D'autres Parlements nationaux, aux Pays-Bas et en Finlande notamment, doivent aussi se prononcer.

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