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Areva : Hollande annonce un rapprochement avec EDF

"J'ai demandé aux dirigeants des deux entreprises de présenter un rapprochement qui pourrait être confirmé dans quelques mois".[ARCHIVES AFP]

Face aux difficultés financières d'Areva, le groupe public comme le gouvernement mettent en avant la nécessité de refonder la "filière française du nucléaire", comme un moyen de corriger les erreurs du passé et d'assurer plus de succès commerciaux à l'étranger.

 

Le président français, François Hollande, a ainsi annoncé mercredi avoir demandé aux dirigeants d'Areva et d'EDF de travailler à un "rapprochement" des deux groupes publics "qui pourrait être confirmé dans quelques mois".

"Tout sera fait pour qu'à travers cette coopération, cette nouvelle stratégie, car il y aura une nouvelle stratégie industrielle, nous puissions donner un avenir" à la filière nucléaire française, a-t-il insisté, rappelant que cette "filière d'excellence" comptait 2.500 entreprises et employait 220.000 salariés.

Plus tôt, le Premier ministre Manuel Valls a lui aussi appelé Areva et EDF à coopérer "sans réserve" pour "poser les bases de la refondation de cette filière industrielle essentielle pour notre pays".

"Une étroite collaboration entre les acteurs de l'équipe de France du nucléaire sera déterminante" pour réussir à se développer en Chine, a pour sa part estimé Philippe Varin, président d'Areva, alors que le groupe venait de confirmer avoir accusé une perte record de près de 5 milliards d'euros l'an dernier.

Ces dernières années, le manque de coopération entre les principaux acteurs du secteur nucléaire français - le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), mais surtout Areva et EDF -, voire la franche rivalité entre leurs dirigeants, ont coûté cher à la crédibilité de la filière, en particulier sur les appels d'offres à l'étranger.

Récemment, les signes d'une meilleure volonté se multiplient de part et d'autre, sous l'auspice du gouvernement.

Les équipes d'EDF et d'Areva ont, depuis quelques mois, engagé "des chantiers d'amélioration de (leur) efficacité opérationnelle (...) de façon à travailler en meilleure intelligence et à coopérer sans aucune arrière-pensée", déclarait ainsi récemment Jean-Bernard Lévy, PDG de l'électricien public.

Ils concernent les chantiers en cours (EPR de Flamanville, maintenance du parc nucléaire, etc.), la conception de réacteurs neufs et le cycle du combustible, notamment la conversion d'uranium, a-t-il détaillé.

Le rôle de fournisseur d'Areva, dont EDF est déjà le premier client, devrait notamment être renforcé, estime Lionel Taccoen, expert dans le nucléaire civil et auteur en 2003 du "Pari nucléaire français".

 

"Amicale pression"

Alors que l'électricien "bénéficiait d'une certaine liberté pour acheter son combustible (et) ses composants type générateur de vapeur, il va y avoir une amicale pression du gouvernement pour qu'EDF s'approvisionne de plus en plus chez Areva, même si c'est plus cher", prévoit-il.

Si, il y a moins d'un mois, le PDG d'EDF affirmait qu'une prise de participation dans des activités d'Areva n'était pas "à l'ordre du jour", devant l'ampleur des difficultés financières du spécialiste du nucléaire, l'hypothèse d'un rapprochement encore plus étroit entre le groupe, détenu à 87% par des capitaux publics, et EDF, propriété de l'Etat à 84,5%, avait gagné du terrain.

Car Areva, dans le rouge depuis quatre années consécutives, ne coupera pas à une recapitalisation pour renflouer ses fonds propres.

Dans le même temps, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a exclu ces derniers jours que l'Etat mette la main à la poche dans l'immédiat, en souscrivant à une augmentation de capital du groupe, par exemple.

C'est dans ce contexte qu'intervient l'annonce par M. Hollande d'un prochain "rapprochement" entre les deux groupes, sans en préciser les modalités.

 

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