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Le "Grexit" refait surface

Un "Grexident" n'est "pas à exclure", a lancé jeudi soir le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui mène le camp des durs face à Athènes.[EMMANUEL DUNAND / AFP]

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'est inquiété vendredi du manque de progrès dans les discussions sur le financement de la Grèce, alors que le scénario d'une sortie du pays de l'euro refait surface, notamment en Allemagne.

 

"Je ne suis pas satisfait des développements ces dernières semaines, je ne pense pas que nous ayons fait suffisamment de progrès", a déclaré M. Juncker en accueillant pour la deuxième fois à Bruxelles le Premier ministre grec, Alexis Tsipras.

Jouant le rôle de médiateur, l'ancien patron de l'Eurogroupe a pris soin de ne mettre personne en cause, ni le gouvernement de M. Tsipras ni la zone euro, qui perd patience et n'hésite pas à agiter le spectre d'un "Grexit", une sortie du pays de l'euro.

 

Le camp des durs

Un "Grexident" --acronyme désignant une sortie par accident et désordonnée de la zone euro-- n'est "pas à exclure", a lancé jeudi soir le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui mène le camp des durs face à Athènes.

"Dans la mesure où la Grèce seule a la responsabilité, la possibilité de décider ce qui se passe, et comme nous ne savons pas exactement ce que les responsables grecs font, nous ne pouvons pas l'exclure", a-t-il expliqué.

Sur la même ligne, son homologue autrichien, Hans Jörg Schelling, a mis en cause le manque d'expérience politique des nouveaux dirigeants grecs. Selon un sondage paru vendredi, les Allemands, premiers créanciers de la Grèce au sein de la zone euro, reprochent massivement un manque de sérieux au gouvernement grec de gauche radicale.

 

La Grèce rejette "trop souvent" la faute sur les autres

Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a déploré que la Grèce rejette "trop souvent" la faute sur les autres, "et l'Allemagne en est devenue la victime principale". "Il y a beaucoup de violence verbale et cela ne sert à rien", a ajouté le ministre néerlandais.

Jean-Claude Juncker, très inquiet des risques d'accident, s'est employé vendredi à faire de la pédagogie auprès de M. Tsipras, selon une source européenne.

 

"Violence verbale"

Il a "totalement exclu un échec". "Je n'en veux pas, je veux que les Européens s'entendent. Ce n'est pas le moment de se diviser", a-t-il lancé publiquement, promettant d'oeuvrer à une "solution", même si les décisions sont du ressort de l'Eurogroupe.

Un accord a été trouvé fin février entre la Grèce et ses créanciers (UE, BCE et FMI) pour prolonger jusqu'à fin juin son programme de financement en échange de réformes. Pour obtenir le versement de la tranche de 7 milliards d'euros suspendue depuis des mois, le gouvernement doit détailler et faire valider toute une série de réformes d'ici fin avril.

Mais le processus a pris un retard considérable malgré les besoins financiers pressants du pays, qui doit rembourser plusieurs milliards d'euros au printemps.

 

L'optimisme de Tsipras

"Je suis optimiste sur le fait que nous avons la volonté politique de trouver des solutions à nos problèmes. Avec la volonté politique, tout est possible", a estimé le Premier ministre grec, récoltant un "oui" franc et massif de M. Juncker.

Dans les faits, Athènes n'a qu'une poignée de jours pour faire ses preuves, a confié une source européenne. Le sujet sera abordé la semaine prochaine lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement.

"La situation est grave et des progrès sont requis", a résumé Margaritis Schinas, un porte-parole de la Commission, à l'issue de la rencontre Juncker-Tsipras.

 

La "task force" réactivée

La réunion a également servi à réactiver la "task force" de l'exécutif européen pour qu'Athènes fasse le meilleur usage possible des fonds européens. Le travail sera chapeauté côté bruxellois par le vice-président de la Commission en charge de l'euro, Valdis Dombrovskis.

Nouveauté: la Grèce sera elle aussi dotée d'une "task force", qui servira d'interlocuteur à son équivalent bruxellois. Une manière de montrer que les discussions entre Athènes et ses créanciers ne sont plus aussi unilatérales que par le passé, quand les audits menés régulièrement par les bailleurs de fonds étaient vécus comme une humiliation en Grèce.

 

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