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Animaux et végétaux menacés espèrent faire enfin la "Une"

Des baleines-pilotes échouées sur une plage de l'île de Savu en Indonésie, le 2 octobre 2012 [ / AFP/Archives] Des baleines-pilotes échouées sur une plage de l'île de Savu en Indonésie, le 2 octobre 2012 [ / AFP/Archives]

Deux poids, deux mesures : quand le changement climatique mobilise de plus en plus d'attention et de financements, le déclin des espèces s'accélère sans créer le même émoi, faute d'informations suffisantes sur les conséquences de cette érosion, estiment certains experts.

L'élaboration de scénarios sur l'érosion de la biodiversité, à l'instar des travaux du Giec, l'organe de référence en matière de recherche sur le climat depuis 1988, permettrait-elle aux animaux et végétaux menacés d'extinction de faire enfin la "Une" ?

Un "Giec de la biodiversité" a été officiellement créé au printemps dernier à Panama et lancera ses travaux en janvier à Bonn (Allemagne) pour tenter de lire l'avenir et formuler des recommandations.

"Cela va être très utile si cet organe se comporte aussi intelligemment que le Giec", juge Jean-Patrick Le Duc, délégué aux relations internationales du Muséum national d'Histoire naturelle de Paris, présent cette semaine à Hyderabad (Inde) pour la conférence de l'ONU sur la biodiversité.

Il ne s'agit cependant en aucun cas de concurrencer la "Liste rouge", inventaire de référence de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui mesure l'évolution de populations animales ou végétales à travers la planète.

Car le nouvel organe, baptisé "Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), va moins étudier "l'érosion de la biodiversité que les conséquences dans le domaine agricole, la pêche...", décrypte Lucien Chabason, conseiller auprès de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

"Ce qui mobilise sur le climat, ce sont les impacts --la submersion des deltas, la sécheresse, la chaleur en ville, pas le fait que la température monte. En matière de biodiversité, c'est un sujet assez inexploré", selon lui.

Surexploitation des ressources, déforestation, pollution, changement climatique: le taux d'extinction des espèces est aujourd'hui jusqu'à 1.000 fois plus élevé que ce qui était connu jusqu'ici, estiment les scientifiques.

L'économiste Pavel Sukhdev s'intéresse depuis quelques années aux impacts économiques de la disparition des espèces, en chiffrant la valeur des services rendus "gratuitement" par la nature, comme la pollinisation, le traitement naturel des eaux, la pêche.

 

Qu'apportera de plus le "Giec de la biodiversité" ?

"L'important, c'est que cette information sera indépendante des gouvernements et des ONG" et qu'elle leur sera fournie de manière utile, relève Konstantin Kreiser, de l'ONG BirdLife International."Pour le moment, c'est très difficile pour les gouvernements de savoir par exemple jusqu'à quel point il est possible de pêcher", estime-t-il.

Depuis plus de 20 ans, les rapports du Giec se sont imposés comme l'information de référence sur le réchauffement climatique et sur les probables impacts. Ils ont largement contribué à attirer l'attention des gouvernements et de l'opinion publique sur le sujet.

Mais attention, "la diversité biologique est extraordinairement plus complexe à modéliser que le climat", met en garde Jean-Patrick Le Duc.

"Et on a beaucoup moins d'expérience que les climatologues qui utilisent la modélisation depuis l'après-guerre, alors que, pour la biodiversité, cela fait à peine une vingtaine d'années", tempère-t-il.En janvier, la première étape consistera à désigner les scientifiques, issus de nombreuses disciplines, qui seront chargés de piloter les travaux de l'IPBES. Quant au premier rapport? Sans doute pas avant 2015 ou 2016, selon les experts.

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