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Pêcheurs français et anglais se chamaillent à propos de la coquille Saint-Jacques

Une coquille saint-Jacques [Marcel Mochet / AFP/Archives] Une coquille saint-Jacques [Marcel Mochet / AFP/Archives]

La coquille saint-Jacques sème la zizanie entre Français et Britanniques, qui pêchent le même coquillage en Baie de Seine sans être soumis à la même réglementation. Les professionnels peinent à trouver une harmonisation, en vue de la faire entériner par Bruxelles.

Début octobre, à l'ouverture de la campagne en Baie-de-Seine pour les pêcheurs français, les retrouvailles avec leurs homologues d'Outre Manche ont été tendues, émaillées de noms d'oiseaux et de jets de pierres.

En cause, la différence de réglementation qui permet aux Britanniques de traquer la coquille toute l'année, alors que les Français ne peuvent envoyer leurs bateaux en Baie-de-Seine que du 1er octobre au 15 mai. Et seulement quatre marées par semaine.

Ecossais, Anglais, Irlandais viennent ainsi pêcher dans les eaux communautaires, ratissant avec leurs dragues le gisement de coquilles, face à des Français qui ne peuvent qu'observer impuissants la diminution de leur ressource jusqu'au mois d'octobre.

"Ils pillent une bonne part de nos ressources", déplore Paul Françoise, président de la commission "Coquillages" au comité national des pêches (CNPEM).

Le ministère de la Pêche avoue son impuissance. "Le seul outil européen sur la coquille saint-Jacques concerne sa taille minimale de 11 cm: tant qu'ils la respectent, il n'y a aucun moyen réglementaire d'empêcher les Britanniques de pêcher en Baie-de-Seine notamment", explique un expert du ministère.

Deux poids, deux mesures aussi pour la taille des flottes, puisque la pêche côté français se pratique de manière artisanale sur des bateaux qui n'excèdent pas 16 mètres, alors que les Britanniques exercent une pêche industrielle sur des bâtiments de plus de 30 mètres.

Différence enfin dans le mode de pêche. Pour Dimitri Rogoff, patron-pêcheur de Port-en-Bessin (Calvados) il y a le mode artisanal qui valorise les circuits courts, l'extra-frais et cimente le tissu social sur le continent. Et l'industriel comme le modèle écossais, avec quelques gros bateaux-usines, une main-d'oeuvre étrangère bon marché pour le conditionnement à bord de grosses quantités de noix destinées à la grande distribution.

un coup de gueule, coup de com'

"Depuis 30 ans les pêcheurs français peaufinent la gestion de leur ressource en contingentant l'effort de pêche, alors que pour les Anglais c'est du +no limit+, un véritable pillage en règle d'une ressource commune fragile", déplore M. Rogoff.

La récente manoeuvre d'intimidation de la flottille pour faire déguerpir les navires britanniques de la zone de pêche n'est rien d'autre qu'"un coup de gueule des coquillards pour qu'on ne les oublie pas", confirment Paul Françoise et Dimitri Rogoff.

Un coup de gueule qui sonne aussi comme un coup médiatique pour interpeller les pouvoirs publics.

"La dépendance de nos flottilles à la ressource de la coquille, produit emblématique de nos côtes et de la pêche française et son impact socio-économique sont deux vrais sujets à faire remonter à Bruxelles", insiste M. Rogoff, tout en déplorant l'absence d'organisation de la pêche artisanale côtière en réseau.

Depuis 10 ans, des discussions sont engagées entre pêcheurs des deux rives de la Manche pour harmoniser les mesures techniques et les dates de fermeture de la pêche, sans réellement aboutir.

D'autant que certains tentent de remettre en cause le modèle artisanal de cette pêche et que règne une certaine cacophonie entre bretons, haut-normands et nordistes, explique M. Rogoff.

Une délégation française de pêcheurs se prépare à rencontrer leurs homologues britanniques dans l'espoir d'aboutir à un accord, pour le faire ensuite entériner par Bruxelles.

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