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La géothermie veut conforter sa discrète renaissance en France

Site de production d'électricité géothermique à Soultz-Sous-Forêts, le 13 juin 2008 [Frederick Florin / AFP/Archives] Site de production d'électricité géothermique à Soultz-Sous-Forêts, le 13 juin 2008 [Frederick Florin / AFP/Archives]

Oubliée en France pendant presque 20 ans, la géothermie connaît une renaissance discrète depuis le Grenelle de l'environnement, mais le secteur veut conforter cette énergie renouvelable qui provient de la chaleur puisée dans les sous-sols.

La profession, réunie mercredi et jeudi à Paris pour ses deuxièmes journées nationales a reçu le soutien de la ministre de l'Ecologie, Delphine Batho.

"Le gouvernement veut développer la géothermie et souhaite lui donner les moyens nécessaires pour son développement", a-t-elle déclaré, précisant que des propositions seraient présentées pour "lever des obstacles" lors du débat sur la "transition énergétique" qui s'ouvre mardi.

Si elle souffre d'un certain anonymat, la géothermie permet déjà à 1,2 million de Français (455.000 logements) --principalement en région parisienne où le potentiel est meilleur-- de se chauffer avec la chaleur naturelle de la Terre. En l'ignorant bien souvent.

La technique consiste d'abord à forer, de quelques dizaines, centaines ou milliers de mètres suivant la température visée. Puis à pomper l'eau chaude du sous-sol pour s'en servir comme moyen de chauffage ou, dans certains cas, de production d'électricité, avant de la réinjecter dans les profondeurs.

Après un premier "âge d'or" d'inaugurations au début des années 80 à la suite des chocs pétroliers, l'effondrement des prix du pétrole avait condamné cette énergie --comme beaucoup d'autres-- à une traversée du désert.

Mais avec la remontée du baril, ainsi que de mesures de soutien gouvernementales, la filière, qui revendique 4.200 emplois directs et un chiffre d'affaires annuel d'un demi milliard d'euros, est repartie. Outre les poids lourds Dalkia (Veolia-EDF), Cofely (GDF Suez) ou encore Coriance, filiale de l'italien A2A, le secteur est porté par un réseau de PME.

"Jusqu'à il y a cinq ans, il n'y avait plus aucune opération, là on est dans une phase de relance. On est sur un rythme de trois installations chaque année, qui alimentent à chaque fois 20.000 habitants minimum" en chauffage, souligne Christian Boissavy, président de l'Association française des professionnels de la géothermie (AFPG).

 

L'Ile de France, championne du monde de la géothermie

A ces grandes installations desservant de grands réseaux de chauffage urbain, vient s'ajouter la géothermie peu profonde. Plus adaptée à l'échelle d'un immeuble de logements ou de bureaux, voire à une maison, ces installations, qui nécessitent le relais de pompes à chaleur, ont doublé en France depuis 2006.

Ce boom de la "petite géothermie" s'est néanmoins ralenti depuis 2009, en grande partie à cause du coup de frein de la construction. La filière y voit aussi les effets de la réglementation thermique "RT" 2012 du bâtiment, qui ferait la part trop belle au chauffage au gaz.

Delphine Batho a assuré mercredi qu'elle allait veiller à ce que cette réglementation cruciale dans le bâtiment prenne mieux en compte les avantages de la géothermie.

Autre doléance: rendre obligatoires les normes françaises de forage sur tous les chantiers privés, et pas seulement publics.

"Il y a des entrepreneurs qui font mal leur boulot", dénonce Eric Garroustet, président du SFEG, le syndicat des foreurs d'eau et de géothermie. "Vous risquez notamment de faire communiquer des nappes phréatiques, sachant que les nappes supérieures sont plus polluées que les nappes inférieures".

La géothermie reste largement bénéfique pour l'environnement: elle a permis d'éviter de consommer l'équivalent de 440.000 tonnes de pétrole. Pour atteindre les objectifs fixés en 2007 en la matière, il faudrait multiplier ce chiffre par trois.

"Si l'on poursuit sur cette tendance, on doublera, mais on ne triplera pas", dit M. Boissavy. Mme Batho a reconnu "un sérieux retard" sur les objectifs.

Pour l'heure, la France se classe cinquième en Europe pour la chaleur géothermique, derrière la Suède, la Turquie, la Norvège et l'Islande, mais devant l'Allemagne ou l'Italie. L'Ile-de-France est même la zone au monde où le plus grand nombre d'habitants est chauffé par géothermie.

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