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Le Canal du Midi devrait changer d'aspect végétal

Une vue du Canal du Midi, à Villeneuve-les-Béziers, le 1er mars 2012 [Pascal Guyot / AFP/Archives] Une vue du Canal du Midi, à Villeneuve-les-Béziers, le 1er mars 2012 [Pascal Guyot / AFP/Archives]

Le Canal du Midi, chef-d'oeuvre mondial, pourrait présenter un aspect différent dans quelques dizaines d'années quand les 42.000 platanes qui le bordent uniformément auront tous été abattus et remplacés par une diversité d'essences, locales ou exotiques, mais résistantes au mal qui dévore les arbres actuels.

Les arbres pour la plupart bicentenaires qui flanquent l'ouvrage inscrit au patrimoine de l'humanité depuis 1996 sont attaqués depuis 2006 par le chancre coloré, maladie causée par un champignon (le cerastocystis platani) contre laquelle il n'existe aucun traitement et qui progresse à vitesse exponentielle. Seul le secteur entre Toulouse et Castelnaudary est pour l'instant épargné et les experts estiment plus que vraisemblable que les arbres devront être arrachés dans leur totalité.

Voies navigables de France, gestionnaire du canal construit à la fin du XVIIe siècle par Pierre-Paul Riquet pour relier la Garonne et la Méditerranée, a déjà engagé plusieurs campagnes d'arrachage (3.000 arbres prévus en 2013) et de replantation dans les zones les plus touchées.

Si rien n'était fait, ce serait l'inscription au patrimoine de l'Unesco qui pourrait être remise en cause.

Le mal a suscité l'élaboration par VNF d'un projet de restauration du patrimoine végétal. Ce travail vient de recevoir le feu vert de la Commission supérieure des sites, perspectives et paysages, institution dépendant du ministère de l'Environnement.

Il est donc désormais validé. Il conserve au canal le double alignement d'arbres qui le longe et ainsi son caractère "monumental" et sa "cohérence" esthétique, explique à l'AFP Jacques Noisette, des VNF.

Le projet, pour lequel VNF s'est entouré d'experts en patrimoine et en arboriculture, répond aux exigences de l'Unesco et a retenu les "enseignements de l'histoire", dit-il. Pas question de replanter une seule et même espèce qui serait susceptible d'être victime d'une épidémie incurable.

Sur 40% du linéaire à traiter (270 km au total), VNF plantera des sections d'une espèce dite "jalon". Les sujets devront être de "grande taille pour restituer à terme l'effet de colonnade et de voûte arborée" du Canal du Midi. Ils devront être espacés de sept ou huit mètres. L'essence jalon devra aussi être "insensible aux pathologies déjà connues ou déclarées" et "apte à vivre 200 ans au moins".

Des bateaux de vacanciers transitent sur le canal du Midi, le 30 juillet 2002 près de Salléles d'Aude [Pascal Pavani / AFP/Archives]
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Des bateaux de vacanciers transitent sur le canal du Midi, le 30 juillet 2002 près de Salléles d'Aude
 

Peu d'essences répondent à autant de critères. Sept espèces pour la plupart absentes des régions françaises ont donc été pré-sélectionnées, comme le copalme d'Orient, le chêne des Canaries ou le tilleul argenté. Le platanor, essence résistante au chancre mise au point par l'Inra et déjà utilisée sur les chantiers de replantation, est également pré-choisi. Ce n'est qu'après une phase d'expérimentation et de suivi sur une dizaine d'années que l'essence jalon unique sera sélectionnée.

"En fait, on procède comme nos prédecesseurs", dit Jacques Noisette. Au XIXe, le gestionnaire du canal avait planté de manière très progressive et après de multiples expérimentations une espèce majoritaire et elle aussi exotique, le platane, d'un bout à l'autre du canal.

Sur les 60% du linéaire restants, le projet prévoit des essences choisies parmi des espèces déjà éprouvées dans les régions traversées, comme le chêne chevelu, le peuplier blanc, le pin d'Alep ou le micocoulier. Moins grands que l'espèce jalon, ces arbres auront tout de même une taille respectable.

Les écluses et divers ouvrages qui jalonnent le canal seront eux mis en valeur par des essences et des structures particulières. Les zones urbaines feront l'objet d'aménagements spécifiques.

Il s'agit d'un projet à long terme dont le financement, sujet épineux entre l'Etat et les collectivités, reste à trouver, dit Jacques Noisette. Son coût a été estimé à 200 millions d'euros sur 10 à 15 ans.

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