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La Mongolie veut combattre la pollution grâce au souffle du vent

De la fumée s'élève au-dessus du brume épaisse qui recouvre Oulan-Bator, en Mongolie, en décembre 2011 [Byambasuren Byamba-Ochir / AFP/Archives] De la fumée s'élève au-dessus du brume épaisse qui recouvre Oulan-Bator, en Mongolie, en décembre 2011 [Byambasuren Byamba-Ochir / AFP/Archives]

Le boom économique que connaît la Mongolie grâce à l'exploitation de son sous-sol s'accompagne d'une pollution galopante, que certains veulent aujourd'hui combattre grâce au souffle du vent qui parcourt ses vastes steppes.

Oulan-Bator est la deuxième ville la plus polluée du monde, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), principalement à cause des rejets des centrales thermiques et du charbon brûlé par les habitants durant l'hiver, lorsque la température descend régulièrement en-dessous de -30°c.

A Salkhit ("montagne venteuse" en mongol), à environ 70 km au sud-ouest de la capitale, se dressent 10 pylônes, première étape d'une ferme de 50 mégawatts composée de 31 éoliennes, en lesquelles ses promoteurs veulent voir le début d'une conversion de la Mongolie aux énergies propres.

Le projet paraît quelque peu incongru dans un pays dont les réserves minières sont évaluées à plus de 1.000 milliards de dollars, en grande partie du charbon.

Mais le blizzard qui balaie les steppes mongoles peut fournir une énergie illimitée, en phase avec la culture locale: au 12e siècle déjà, les guerriers de Genghis Khan vouaient un culte au Ciel bleu éternel.

"Nous avons une longue tradition de respect de l'environnement en Mongolie", affirme Bayanjargal Byambasaikhan, Pdg de la société d'investissement Newcom, qui soutient financièrement le projet d'éoliennes.

Une fois opérationnelles, les turbines couvriront à elles seules 5% des besoins en électricité du pays de 3 millions d'habitants. Et des projets d'expansion multipliant la capacité de l'ensemble existent déjà.

Mais M. Byambasaikhan est en butte aux scepticisme de ses compatriotes. "Lorsque nous avons démarré le projet il y a huit ans, beaucoup nous traitaient d'inconscients", se souvient-il.

"La Mongolie est connue dans le monde pour les richesses de son sous-sol: le charbon, le cuivre et le minerai de fer. Pourquoi investir dans l'énergie éolienne alors que le pays regorge de charbon ?"

La réponse est que "la Mongolie possède parmi les meilleures ressources en terme de vent dans le monde", constate l'investisseur écologiste.

Le million d'habitants d'Oulan Bator sera le premier bénéficiaire de la ferme de Salkhit, qui devrait permettre de réduire la demande en charbon de la capitale de quelque 175.000 tonnes par an.

Durant l'hiver, de lourds nuages gris de smog planent souvent pendant plusieurs jours sur la ville, située dans une étroite vallée. La pollution dépasse alors de cinq à six fois les normes pourtant laxistes de l'OMS.

Elle est causée par trois centrales au charbon ainsi que par les pneus, les déchets et la houille que font directement brûler pour se chauffer les habitants des "ger", les quartiers pauvres formés de yourtes.

La population de la capitale a fortement augmenté ces dernières années, des nomades venant s'installer aux portes de l'agglomération dans l'espoir de profiter de la nouvelle prospérité du pays, dont la croissance a caracolé l'an dernier à 17,3%.

"L'hiver, l'air d'Oulan-Bator est vraiment irrespirable", selon Kirk Olsen, un militant écologiste qui y travaille depuis 12 ans.

"Lorsque vous décollez de l'aéroport, vous voyez ce brouillard gris et impénétrable dans la vallée. Les gens brûlent des ordures ou du diesel, malgré l'interdiction."

Pour assainir l'atmosphère, Millennium Challenge Corporation, un organisme d'aide financé par les Etats-Unis, a appuyé un projet visant à réduire de 30% la consommation de fioul de 70.000 foyers.

Le gouvernement mongol a également pris des mesures encourageant les économies d'énergie, comme de taxer les voitures gourmandes en carburant.

Mais même le président du pays, Tsakhiagiin Elbegdorj, reconnaît que ces avancées n'auront qu'un impact minimal.

"Pour la première fois l'an dernier, nous avons voté une loi qui assure que nous n'encourageons pas ceux qui polluent l'environnement", a-t-il déclaré à l'AFP. Mais "ce n'est pas suffisant, ce n'est qu'un début", prévient-il.

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